Transcription
Transcription : Comment survivre comme cadre, saison 1, épisode 2 : Le réseautage en 3 « C » - création, connexion et contribution, avec Jeannine Ritchot
Jeannine Ritchot : Ayez le courage de faire une connexion, que ce soit simplement envoyer un courriel à quelqu'un que vous avez rencontré, peut-être à la cérémonie d'Apex, où tous les nouveaux cadres reçoivent leur certificat.
Faites au moins une connexion, puis commencez à nourrir cette connexion.
Julie Blais Comeau : Le réseautage, souvent intimidant et redouté, est pourtant une activité professionnelle très importante pour développer ses connaissances et entretenir ses relations. Bonjour, ici Julie Blais Comeau, bienvenue au balado Comment survivre comme cadre.
J'accueille madame Jeannine Ritchot. Elle nous fera part de ses meilleures pratiques de réseautage et de ses conseils. Puis, elle va nous raconter quelques anecdotes. D'origine franco-manitobaine, elle est sous-ministre adjointe du Secteur des communications et du portefeuille à Ressources naturelles Canada.
Julie Blais Comeau : Jeannine, la première fois qu'on s'est parlé, c'était juste avant le début du confinement. C'était un vendredi. Puis, quand j'ai raccroché le téléphone, j'avais hâte d'en savoir plus sur le club du G7. Comment vont les dames du club du G7?
Jeannine Ritchot : Merci beaucoup de me poser cette question-là.
Le club du G7, pour ceux qui écoutent le balado, c'est ce que j'appelle mon réseau personnel. Ce sont sept femmes dans les rangs de cadres supérieurs de la fonction publique et tout le monde va très bien. On veut tellement se voir face à face et non seulement par Zoom.
Julie Blais Comeau : Oui! Vous parlez de ce réseau, Jeanine, qui est un réseau personnel. Est-ce que vous croyez qu'on doit faire la distinction entre un réseau personnel et un réseau professionnel?
Jeannine Ritchot : Pas nécessairement. Particulièrement maintenant, avec la pandémie et avec le fait qu'on travaille tous de la maison, c'est très difficile de distinguer la vie personnelle et la vie professionnelle. De toute façon, les leçons qu'on apprend dans la vie professionnelle peuvent s'adapter à la vie personnelle et vice versa. C'est vrai que ce sont premièrement des amies. Parfois, on va jaser de tout ce qui n'est pas le travail, mais très souvent, on va aussi parler de nos défis au bureau et avec nos projets. Ça remplit les deux fonctions.
Julie Blais Comeau : Quand on est conscient, comme vous, de notre réseau, est-ce qu'il devrait y avoir une stratégie? Parce que, entre nous deux nous et nos auditeurs, disons-nous les vraies affaires : le réseautage est parfois intimidant et gênant. Alors, si on pouvait dire, aujourd'hui, dans cet épisode du balado, comment on commence à créer son réseau. Comme on vient de l'entendre, du côté personnel, ou professionnel? Comment on débute?
Jeannine Ritchot : J'ai beaucoup réfléchi à cette question avant notre conversation d'aujourd'hui, Julie, et je me suis rendu compte qu'on commence déjà notre réseau, même quand on ne le sait pas. C'est quand on est en contact avec un autre être humain, que ce soit au bureau, à l'église ou dans notre communauté. C'est lorsqu'on devient conscient du fait que ces gens-là existent pour nous dans une circonstance autre que la circonstance dans laquelle nous nous sommes rencontrés, c'est là qu'on se dit « Oh, mon Dieu, j'ai un réseau. »
Il faut quand même travailler un peu pour le nourrir, considérant qu'on se voit seulement sur de très petits écrans. Puis, c'est vrai que c'est gênant, parce que parfois, on se demande « est-ce que je m'impose? »
« Si j'appelle quelqu'un pour de l'aide, est-ce que je m'impose? » Pensez, Julie, à la dernière fois que quelqu'un vous a demandé de l'aide. Vous vous êtes bien sentie.
Julie Blais Comeau : Oui, tout à fait. Comme vous le dites, on aime aider. Alors, ce malaise, il faudrait qu'on commence à s'en débarrasser. Puis, comme vous l'avez dit, réaliser que depuis qu'on socialise, à l'École et ailleurs, on a déjà un réseau, mais là, on peut l'utiliser en étant conscient que les autres aiment aider. Vous avez dit « nourrir » son réseau. J'aime beaucoup ce mot. Comment vous le faites? Comment vous alimentez et maintenez ces liens au sein de votre réseau?
Jeannine Ritchot : Parfois, il faut se forcer un peu de prendre le téléphone et de faire un appel, ou d'envoyer un courriel, parce que c'est très facile de ne pas penser à notre réseau quand on est trop occupé ou quand on a peut-être trop à faire et on ressent un peu de stress. Cependant, il faut tellement faire l'effort pour rester en connexion avec notre réseau.
Je vais encore utiliser l'exemple de mon groupe G7. On a toutes l'application WhatsApp sur nos téléphones. Parfois, une personne va envoyer un message et ce n'est pas nécessairement tout le monde qui va répondre, mais on est toutes là. On peut toujours l'utiliser quand le besoin est là. Quand quelqu'un nous pose une question ou a besoin d'aide, il va toujours y avoir quelqu'un qui va faire l'effort pour répondre et pour aider.
Il faut être conscient du fait que c'est là et que parfois, les membres de ton réseau auront besoin de ton aide et que tu devrais mettre ton pied de l'avant pour le donner. Il ne faut pas que tu aies les réponses à tout toi-même, et tu peux l'utiliser. Alors, il faut juste le faire, il faut le faire.
Julie Blais Comeau : Oui, il faut le faire. Puis, quand on a besoin de cette aide, quand on a besoin d'aide et qu'on commence, je pense à un nouveau cadre... Quelle serait une approche privilégiée? Est-ce que c'est mieux d'envoyer un courriel? De téléphoner? Est-ce que c'est mieux que ce soit court, ou de donner tous les détails? Partagez-nous votre expérience, maintenant, quand on vous demande de l'aide, et aussi quand vous avez commencé à solliciter de l'aide?
Jeannine Ritchot : La première fois que j'étais consciente que j'avais besoin de l'aide... Parce que c'est ça, l'autre affaire : parfois, on ne veut pas avouer qu'on n'a pas atteint un objectif seul et c'était un peu mon cas. Pour moi, c'est la première fois que j'ai passé un processus en concours pour devenir cadre. Je n'ai pas réussi et j'étais déçue. Je suis un peu du type de personnalité A.
Puis, je m'en souviens très bien, c'est mon directeur des opérations au Bureau du Conseil privé qui m'avait donné la nouvelle. Le conseil qu'il m'avait donné est : « Demande leurs conseils aux gens qui ont mené l'entrevue. Ce qui a bien été et ce qui n'a pas bien été, et pourquoi tu n'as pas réussi à l'entrevue. » Je me souviens, je lui ai dit : « Non, je ne fais pas ça... J'ai un égo, quand même. Je ne veux pas l'entendre. Je ne veux rien savoir de ça. Ce n'est pas ma faute, si je n'ai pas réussi. C'est leur faute, parce qu'ils ne voient pas à quel point je suis bonne. » Puis, après une semaine de réflexion profonde...
Julie Blais Comeau :... et de pleurs, peut-être?
Jeannine Ritchot : [rires] Oui, plusieurs larmes, peut-être même un verre de vin ou deux. Je me suis rendu compte que ce qu'il m'offrait, c'était de l'aide, puis que ce n'était pas une mauvaise chose, que je devrais prendre cette aide et appeler les gens qui m'avaient passée en entrevue pour recevoir leurs conseils, que je pourrai ensuite utiliser, la prochaine fois que j'irai devant une table d'entrevue. C'est ce que j'ai fait et c'est la meilleure chose que j'ai faite, parce que la deuxième fois, j'ai très bien réussi. J'ai eu le poste et puis j'avais pu prendre les leçons que j'avais apprises de la première fois, mais il fallait quand même que je demande cette aide, parce que sinon, je n'aurais pas nécessairement réussi la deuxième fois.
Julie Blais Comeau : Ce n'est pas facile, quand on a des échecs, comme vous l'avez dit, et que vous êtes du type A. On prend son courage, puis on ose demander de la rétroaction. Que ces gens deviennent mentors ou pas, ils vont avoir contribué à votre succès.
Maintenant, Jeannine, ayant lu votre biographie en préparation de cet entretien, je vous sais une femme très impliquée, très impliquée aussi dans les sports, puis vous nous avez dit que vous ne faites pas de distinction entre réseaux personnel et professionnel. Parlez-nous aussi de comment redonner à son réseau, comment y contribuer via votre implication dans les sports.
Jeannine Ritchot : Je dois dire merci pour la question, Julie. Quand je pense à une des choses qui me nourrit beaucoup, qui a beaucoup nourri mon esprit pendant cette pandémie et les neuf dernières semaines, je pense au travail que je fais avec l'Université d'Ottawa.
Nous avons mis sur pied un réseau de femmes en sports. Ce réseau existe maintenant, c'est tout nouveau. Nous avons commencé il y a à peine six semaines et ça existe pour appuyer les étudiantes athlètes à l'Université d'Ottawa, parce que les étudiants sentent beaucoup de pression avec la pandémie. Chaque jeudi soir, on a une séance de carrière avec ces jeunes femmes. Je dois dire que je me sens tellement inspirée à la fin de l'heure. On se rend compte qu'on peut apprendre à n'importe quel âge. Peu importe l'expérience de vie qu'on a, on peut apprendre de ces jeunes femmes qui sont de vraies leaders en sports.
Julie Blais Comeau : J'imagine, et il faut le mentionner, Jeannine : vous êtes fondatrice de ce mouvement pour les femmes à l'Université d'Ottawa, les Gee Gees. Quand on redonne, quand on s'implique, seriez-vous d'accord avec moi de dire que c'est mutuellement bénéfique? Que quand on a des réseaux, son réseau devrait être bâti sur des liens mutuellement bénéfiques?
Jeannine Ritchot : Absolument. C'est drôle, parce que je pense à une jeune femme qui m'avait contactée pour avoir des conseils. Elle essaie de débuter une carrière dans la fonction publique. Je lui ai dit, à la fin de notre conversation : « J'apprends autant de toi, dans notre conversation, que tu apprends de moi. » Elle se demandait comment ça pourrait être possible, parce que c'est moi qui ai vingt ans d'expérience dans la fonction publique et elle qui vient tout juste d'obtenir son baccalauréat. Cependant, quand je vois ce qu'elle a accompli, elle était membre de l'équipe de volleyball du niveau des championnats nationaux. Elle me parlait de cette expérience et j'avais des frissons.
Ça me fait tellement de bien d'entendre des histoires de succès de jeunes femmes que j'en retiens beaucoup. Ça me donne l'énergie pour continuer pendant un temps où je me sens très déconnectée de ma vie normale. Ça m'aide tellement dans ma carrière de pouvoir aider ces jeunes femmes. C'est la même aptitude de leadership que j'apporte à cette tâche.
Julie Blais Comeau : Tout à fait. Donc, si je prenais un cliché, une photo, en ce moment, de votre réseau, Jeannine, je suppose que je verrais des athlètes. Évidemment, je verrais probablement plusieurs fonctionnaires, ainsi que des cadres, mais est-ce qu'il y a des visages, des rôles, des postes, des personnes qui me surprendraient? Qui ce serait?
Jeannine Ritchot : Les propriétaires de petites entreprises dans la communauté d'Ottawa. La raison pour laquelle je les mettrais, c'est parce qu'encore une fois, la pandémie nous fait tous réfléchir beaucoup sur ce qui se passe au pays et dans le monde. C'est peut-être aussi parce que la plupart des personnes qui sont affectées dans le secteur des services, ce sont des femmes. Alors, ça m'affecte beaucoup et j'ai plusieurs amis qui sont propriétaires de petites entreprises. Quand j'y réfléchis, j'avais un peu tenu ça pour acquis avant la pandémie. Toutes ces petites entreprises, que ce soit le spa ou le magasin où j'achète la plupart de mon linge...
Julie Blais Comeau : Le coiffeur!
Jeannine Ritchot : Le coiffeur, absolument. [rires] Il nous manque tous en ce moment. Que ce soit n'importe laquelle de ces petites entreprises, ça remplit notre vie d'une façon.
Julie Blais Comeau : Jeannine, on pourrait continuer pendant des heures et des heures. Je pense qu'un samedi, on aurait tellement à se dire. Quand je regarde toutes ces notes que j'ai prises, parce que je suis certaine qu'il y a plein de cadres, de gens qui vont nous écouter et qui vont avoir pris des notes comme moi. Un réseau, c'est d'avoir le courage d'oser pour le créer, de rester connecté, et d'y contribuer. Est-ce que vous auriez un conseil ou une meilleure pratique, surtout en pensant à un nouveau cadre?
Jeannine Ritchot : Mon conseil serait d'avoir le courage de faire une connexion. Que ce soit simplement envoyer un courriel à quelqu'un que vous avez rencontré, peut-être à la cérémonie d'Apex, où tous les nouveaux cadres reçoivent leur certificat.
Faites au moins une connexion, puis commencez à nourrir cette connexion. Vous allez voir que cette personne-là sera probablement très heureuse d'avoir reçu un message de vous et elle va vouloir continuer la conversation.
Julie Blais Comeau : Excellent! Merci beaucoup Jeannine. Merci, aussi, au nom de tous ceux et celles que vous avez aidés et que vous accompagnez. Vous êtes vraiment importante et précieuse pour nous. Merci.
Jeannine Ritchot : Merci Julie, et je dois dire exactement la même chose pour vous et pour tous les auditeurs. Ça me donne beaucoup d'entendre ça et ça me donne beaucoup aussi de pouvoir partager mes expériences avec vous, donc un très grand merci à vous aussi.
Julie Blais Comeau : Merci beaucoup d'avoir passé votre temps avec nous. Nous vous invitons à poursuivre la conversation au sein de votre propre réseau. Faites connaître ce balado.
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