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Transcription : Série sur les nouveaux enjeux économiques : L'économie guidée par les données
[Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada apparaît sur un fond violet. Les pages du logo se tournent, l'ouvrant comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble aussi à un drapeau, avec des lignes courbes en dessous, et du texte à côté.]
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[L'écran s'estompe et est remplacé par un appel vidéo Zoom. La vidéo d'un homme à la peau brune et aux cheveux noirs courts remplit l'écran. Il porte une veste de complet bleu sur une chemise jaune boutonnée. Sa caméra est légèrement inclinée vers le haut, de sorte que nous voyons les murs supérieurs et le plafond derrière lui. Une photo d'une personne au sommet d'une montagne enneigée est accrochée à un mur jaune-beige.]
Anil Arora : Bienvenue au deuxième événement de la Série sur les nouveaux enjeux économiques, un partenariat entre l'École de la fonction publique du Canada et le Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale ou CIGI. Je tiens d'abord à remercier l'École de la fonction publique du Canada et vous tous de m'avoir donné l'occasion de me joindre à vous aujourd'hui. C'est un vrai privilège pour moi d'être votre animateur pour la séance d'aujourd'hui. Je suis vraiment fier d'avoir été invité à participer à cet important programme qui, par le biais d'une série d'événements d'apprentissage, explore les caractéristiques de l'économie d'aujourd'hui, telles que l'importance de la propriété intellectuelle et des stratégies de données pour stimuler la croissance économique, la cybersécurité, les investissements directs étrangers et l'importance des normes mondiales et des régimes de gouvernance.
[Le son d'Anil est légèrement métallique et étouffé pendant qu'il parle.]
Tout d'abord, permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Anil Arora, et je suis le statisticien en chef du Canada à Statistique Canada. Chers collègues, comme vous le savez, les derniers mois ont été un défi pour nous tous, car nous devons faire face à la nouvelle réalité de la vie avec cette pandémie et à l'avenir incertain qu'elle présente. Vous aurez lu à plusieurs reprises qu'il s'agit d'une pandémie axée sur les données. Le besoin de données actuelles, utiles et détaillées n'a jamais été aussi important, comme nous essayons de comprendre les effets économiques, sociaux et sanitaires interdépendants de la COVID-19 sur les Canadiens. Le rôle de Statistique Canada est de fournir des données et des renseignements à tous les Canadiens, et nous, à Statistique Canada, avons adopté une philosophie au cours des derniers mois : comment pouvons-nous être utiles? Utiles au personnel de première ligne, aux Canadiens, aux décideurs politiques, aux médias, aux entreprises, aux ONG et, bien sûr, sur la scène internationale en tant qu'organisme chef de file à l'échelle du monde. Le fait de donner une raison et un sens à ce que nous faisons a été un puissant facteur de motivation pour l'ensemble de notre personnel. Les renseignements que nous fournissons sont importants, parce que nous avons appris que les Canadiens sont touchés dans tous les domaines de la vie. Par exemple, 90 % des Canadiens déclarent pratiquer la distanciation sociale, ce qui a une incidence sur leur vie sociale et professionnelle. Environ 5 millions travaillent davantage, la plupart de leurs heures, depuis leur domicile; 3,3 travaillent habituellement ailleurs. 36 % des personnes interrogées expriment une anxiété forte ou extrême à propos de leur santé, 54 % à propos de la santé des autres et 34 % à propos du stress familial. L'importance des données, de la normalisation et de la gouvernance a été soulignée dans le contexte de cette pandémie. Au cours de son histoire, Statistique Canada a joué un rôle de premier plan dans la définition des normes en matière de données et la promotion de la gouvernance des données. Divers gouvernements persistent à demander une production accrue de données, c'est pourquoi il est évident que des garde-fous solides en la matière sont plus importants que jamais. Les données doivent d'abord être produites de manière normalisée si nous voulons offrir de l'information pertinente pour faciliter les comparaisons et apporter un éclairage utile à tous les Canadiens. Au cours des derniers mois, le défi de la pandémie de COVID-19 a fait ressortir l'importance de la collaboration entre les organisations et entre les gouvernements afin que nous puissions collectivement faire face à cette pandémie. Il s'avère donc que la production de données est un véritable sport d'équipe. Nous devons travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de la famille fédérale, des provinces et des territoires, des municipalités et d'autres organisations afin de fournir davantage de données et de renseignements aux Canadiens en ce moment. Et comme tous les sports d'équipe, il est très important que tout le monde respecte les mêmes règles. Nous avons eu plusieurs discussions avec un certain nombre de nos partenaires dans la communauté pour trouver des moyens d'améliorer la collaboration et de créer les bases d'une compréhension commune. Elles déterminent les règles de base pour l'utilisation efficace des données. Qu'il s'agisse de faire face à la pandémie de COVID-19 ou aux nombreux autres problèmes auxquels les Canadiens sont confrontés aujourd'hui, nous avons besoin d'un ensemble cohérent de normes à la base d'une prise de décision rapide et éclairée. Dans le cadre de notre travail avec le Sommet climatique sur la normalisation de la gouvernance des données, les plans de collaboration prévoient la publication d'une feuille de route qui jettera les bases d'une utilisation responsable des données et nous aidera à déterminer les exigences fonctionnelles de la gouvernance des données, du point de vue du cycle de vie des données. Les données ouvertes et les normes vont de pair avec une plus grande utilisation du partage des données standard. Nous allons mettre davantage de données à la disposition de tous. Et plus il y a de données, plus l'expérience des Canadiens est claire. Face à une demande élevée et très urgente de données, nous devons nous attacher à fournir aux Canadiens les renseignements dont ils ont besoin quand ils en ont besoin, au lieu de nous soucier d'une grande exactitude. Tout cela, bien sûr, en protégeant les renseignements personnels et la confidentialité des Canadiens, en faisant confiance aux données. Je pourrais continuer à parler de ces questions pendant un bon moment, mais avant de lancer la discussion et d'écouter nos panélistes, je voudrais souligner quelques points administratifs pour notre séance d'aujourd'hui. La traduction simultanée est offerte dans la langue de votre choix par l'entremise du portail. Des directives vous ont été envoyées en même temps que le lien vers la webdiffusion. Les téléspectateurs sont invités à transmettre des questions à l'animateur de la séance de Q et R vers la fin de l'événement. Vous pouvez formuler une question sur votre ordinateur de bureau en cliquant sur l'icône de la personne levant la main dans le coin supérieur droit de l'écran. Trois experts du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, le CIGI, se joignent à moi aujourd'hui. Sur ce, j'aimerais présenter Aaron Shull, directeur général et avocat-conseil du CIGI, pour qu'il prononce quelques mots de bienvenue, présente le CIGI ainsi que nos trois panélistes. Alors, c'est à vous.
[Un curseur désépingle la fenêtre d'Anil, et quatre autres fenêtres vidéo s'affichent. Au bas de la fenêtre du milieu se trouve Aaron, un homme blanc aux cheveux courts et foncés. Il a une petite barbe et porte un complet gris avec une chemise et une cravate noires. Derrière lui, la moitié d'une affiche du CIGI est visible. Le curseur épingle la fenêtre d'Aaron et elle remplit l'écran.]
Aaron Shull : Excellent. Je vous remercie beaucoup, Anil. C'est un plaisir d'être avec vous tous cet après-midi. Comme l'a dit Anil, je m'appelle Aaron Shull. Je suis le directeur général du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, basé à Waterloo, aussi appelé le CIGI. Le CIGI est un institut de recherche sur les politiques publiques, souvent appelé un groupe de réflexion. Nous nous concentrons sur les questions et les défis émergents au carrefour de la technologie et de la gouvernance internationale. Nous sommes ravis de nous associer à l'École de la fonction publique du Canada pour présenter cette série importante, dont l'objectif stratégique est de souligner certains des défis fondamentaux auxquels le Canada est confronté alors que l'économie passe d'une situation où les principaux moteurs de la croissance étaient des biens tangibles, comme des briques et du mortier, des usines et des chaînes de montage, à une situation où le principal moteur de la richesse sera de nature intangible, le contrôle de la propriété intellectuelle et la gestion des données étant les caractéristiques essentielles de la création de la prospérité. Avant de présenter les conférenciers, je tiens tout d'abord à remercier particulièrement Taki Sarantakis, le président de l'École de la fonction publique du Canada, pour son leadership et sa vision qui ont permis de réunir tous ces événements dans le cadre d'une seule et même série. C'est un réel plaisir de vous présenter mes collègues du CIGI, car nous avons réuni de véritables experts dans ce domaine. D'abord, Michel Girard. Michel est agrégé supérieur de recherches au CIGI, où il apporte son expertise dans le domaine des normes pour les mégadonnées et l'intelligence artificielle. En outre, Michel donne des conseils en matière de normalisation pour aider les entreprises innovantes dans leurs efforts pour pénétrer les marchés internationaux. Il contribue aux activités de normalisation du Conseil stratégique des DPI et a récemment été nommé au comité stratégique sur les marchés de la Commission électrotechnique internationale, qui contribue élaborer et à tenir à jour plus de 10 000 normes internationales sur les technologies électriques et électroniques. Il a 22 ans d'expérience en tant que cadre dans les secteurs public et à but non lucratif. Avant de se joindre au CIGI, Michel était vice-président de la stratégie au Conseil canadien des normes. Teresa Scassa arrive. Elle est également agrégée supérieure de recherches au CIGI, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit et politique de l'information ainsi que professeure titulaire à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa, où elle examine, dans le cadre de ses recherches novatrices, les questions de données, de propriété et de contrôle.
[La fenêtre vidéo d'Aaron est désépinglée, et les fenêtres des trois panélistes réapparaissent.]
Teresa est une universitaire primée, auteur et éditrice de cinq livres et de plus de 65 articles et chapitres de livres évalués par des pairs. Elle a fait ses preuves en matière de collaboration interdisciplinaire pour résoudre des problèmes complexes de droit et de données. Et enfin, le dernier, mais non le moindre, mon collègue Taylor Owen. Taylor Owen est également agrégé supérieur de recherches au CIGI et coanime notre propre balado, Big Tech. Si vous ne le connaissez pas, je vous le recommande. Il est spécialiste de la gouvernance des nouvelles technologies, des études sur le journalisme et les médias ainsi que des relations internationales de la technologie numérique. Il est titulaire de la chaire Beaverbrook sur les médias, l'éthique et les communications et directeur du Centre for Media Technology and Democracy à la Max Bell School of Public Policy de l'Université McGill, où il est également professeur associé. Sur ce, je vais redonner la parole à Anil, et permettez-moi de le remercier tout particulièrement. Je sais à quel point vous êtes occupé et combien votre temps est sollicité. Merci, Anil, d'avoir pris le temps de présider cet important groupe d'experts.
[La fenêtre d'Anil apparaît à côté de celles des autres.]
Anil Arora : Merci beaucoup, Aaron; encore une fois, c'est un plaisir d'être avec vous. Chers collègues, comme service public, nous sommes de plus en plus confrontés à des défis liés à la gouvernance des données nationales et internationales : l'éthique de l'utilisation et du partage des données et la façon de tirer parti des sources de données existantes pour accélérer l'innovation. En collaboration avec mes collègues du BCP et du SCT, j'ai eu le privilège de diriger l'élaboration de la stratégie du gouvernement du Canada en matière de données, qui vise à positionner le Canada comme un pays de premier plan dans ce domaine. Les recommandations de la stratégie en matière de données s'articulent autour de quatre thèmes, à savoir une gouvernance forte, l'amélioration de l'alphabétisation du numérique et des connaissances dans le domaine des données, l'infrastructure habilitante et la législation, et un traitement plus ciblé des données comme un atout précieux. L'objectif est de jeter les bases qui permettront au gouvernement du Canada de créer plus de valeur pour les Canadiens à partir des données que nous détenons. Et je suis heureux de dire que les ministères ont bien progressé dans l'établissement et la mise en œuvre de leurs stratégies respectives en matière de données. Et notre travail continue. Nous continuons à collaborer avec l'École de la fonction publique du Canada sur un certain nombre d'initiatives soutenant la stratégie en matière de données, y compris la mise en place de l'initiative de la communauté de la science des données, qui consiste à créer un écosystème de la science des données pour partager l'expertise et les meilleures pratiques afin de renforcer la capacité de la science des données dans l'ensemble de la fonction publique.
[La fenêtre d'Anil est épinglée.]
Nous avons également travaillé ensemble pour définir les compétences en matière de littératie des données, orienter l'élaboration du cours de formation « Découvrez les données » et contribuer à leur projet de formation en littérature des données afin de produire des ressources de formation en ligne dans les domaines fondamentaux de la littératie des données. Donc, comme Aaron l'a dit, nous sommes vraiment, vraiment impatients de voir l'école poursuivre ses activités sous la direction de Taki. Ainsi, comme vous le savez, nombre des défis liés aux données ne sont plus de nature purement théorique. Les gouvernements du monde entier s'efforcent de protéger les renseignements personnels et sont confrontés à la puissance des technologies émergentes, qui peuvent menacer l'intégrité des données désagrégées et anonymisées. Les questions relatives à la confidentialité et à la sécurité des données ne sont pas nouvelles, mais la pandémie a conféré une nouvelle urgence à ce problème, comme je l'ai mentionné dans mes observations préliminaires. Sur ce, j'aimerais inviter nos panélistes à faire leurs observations préliminaires. Je vais commencer par Michel. Alors, Michel, à vous.
[Michel est un homme blanc avec des lunettes et des cheveux blancs courts. Il porte une chemise grise boutonnée et il est assis dans une pièce avec deux portes blanches derrière lui. La fenêtre de Michel remplit l'écran.]
Michel Girard : Merci beaucoup, Anil, pour cette invitation à vous faire part de certaines de nos observations concernant les défis auxquels nous sommes confrontés dans la transition de l'économie canadienne vers une économie numérique. Comme vous l'avez entendu précédemment dans cette webdiffusion, nous avons vraiment besoin d'un cadre national pour réussir. Un cadre qui permettra aux organisations de collecter des données, de les partager, puis de partager et de générer de l'information à partir de ces données. Et ce cadre, comme on l'a déjà dit, doit vraiment être fondé sur des principes de bonne gouvernance. Pour nous, la numérisation signifie l'exploitation de nouveaux ensembles de données. Il ne s'agit pas seulement de parler des données existantes que nous maîtrisons déjà, mais de penser aux nouveaux ensembles de données qui apparaîtront bientôt, comme les dispositifs de l'Internet des objets. Des milliards d'entre eux seront installés à l'échelle du Canada pour recueillir des données. Il s'agit de la transition vers les réseaux 5G. Ils seront installés à un moment donné, et cela multipliera, triplera la quantité de données pouvant être transmises partout au pays. Et puis, réfléchir à l'accès aux données et faire en sorte que nos spécialistes des données aient accès aux meilleures données possible afin de produire de nouvelles connaissances. Alors, ça s'en vient. De nouvelles sources de données apparaissent, et il se passe beaucoup de choses intéressantes. Nous savons aussi que tous les secteurs économiques du Canada attendent que cela se produise. Je vous signale simplement certains des rapports qui ont vu le jour après que le ministre Morneau ait créé les tables de stratégie économique. On en comptait sept. Ces tables de stratégie économique ont examiné les défis auxquels sont confrontés divers secteurs : le secteur manufacturier, les ressources pour l'avenir, l'agriculture, la santé et les biosciences. Un thème commun est ressorti de tous ces rapports : la nécessité d'établir, d'élaborer et de mettre en œuvre des stratégies numériques nationales afin que nous puissions aider chacun de ces secteurs à se numériser. Permettez-moi de vous citer une phrase du rapport sur l'industrie manufacturière de pointe qui souligne l'urgence d'agir. Ils ont dit : « on va numériser les opérations ou on va mourir. » Ce n'est pas comme si c'était « utile », c'est une « nécessité ». Nous devons trouver un moyen d'intégrer de nouveaux ensembles de données, de nouvelles connaissances issues des données dans nos opérations actuelles. Sinon, nous ne serons plus compétitifs et nous serons laissés pour compte. Nous avons donc besoin de la collaboration en matière de données pour passer à cette nouvelle économie. Mais pour cela, nous avons besoin d'un cadre. Nous avons besoin d'un cadre pour aider les organisations à échanger des données, n'est-ce pas? Il ne s'agit pas seulement d'aider une organisation à générer un ensemble de données et à en tirer parti. Il s'agit de créer un réseau, de donner l'occasion à plusieurs organisations d'échanger des données afin de s'entraider pour atteindre des objectifs communs. Ils peuvent être sociaux, ils peuvent être économiques. Nous avons également besoin d'un cadre pour créer de nouvelles plateformes de données. Nous devons avoir accès aux données. Or, pour l'instant, au Canada, une telle plateforme n'existe pas vraiment. Nous savons que nous avons de grandes plateformes technologiques, Facebook, Twitter et autres, mais elles ne sont ni détenues ni exploitées au Canada. Ainsi, les données sont détournées, et nous n'avons pas beaucoup de contrôle sur l'utilisation de ces données. La troisième chose qu'Anil a mentionnée, c'est que lorsque nous allons créer ces collectifs en matière de données, nous devrons veiller à ce que les données soient dignes de confiance. Nous devons être en mesure de dire : « c'est bon, je comprends les caractéristiques des données. Je sais comment les utiliser pour les gérer correctement. » Il s'agit d'une période passionnante où nous entrons dans une nouvelle ère et où nous assistons à la création d'une nouvelle économie qui touche tous les secteurs, ce qui n'est pas arrivé souvent dans notre histoire. Une excellente occasion s'offre à nous. Toutefois, ce n'est pas seulement une question économique. Les gouvernements ont un rôle énorme à jouer dans ce domaine, car la numérisation n'est pas seulement une question économique, c'est aussi une question de politique publique. Il est donc extrêmement important de bien gérer les données si nous voulons réussir la transition vers l'économie numérique. Voilà, ce sont mes observations préliminaires. Je vais laisser mes deux autres collègues du CIGI prendre la parole, puis nous pourrons répondre à vos questions. Je vous remercie.
[Les fenêtres des autres participants réapparaissent.]
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup, Michel. Comme d'habitude, je suis toujours fasciné par la façon dont tu amènes tes observations, merci pour ça. Je pense que ça va alimenter beaucoup de bonnes discussions à venir. Ensuite, je vais me tourner vers Taylor, qui fera ses observations préliminaires. Alors, à vous.
[Taylor est un homme blanc aux cheveux blond-roux courts et aux lunettes noires. Il porte une chemise boutonnée bleu clair. Derrière lui, un mur pâle est décalé par rapport à un grand panneau rouge, sur lequel sont accrochés des fragments de sculptures blanches. La fenêtre de Taylor est épinglée. Le son de Taylor est légèrement métallique, et sa vidéo se fige à l'occasion pendant qu'il parle.]
Taylor Owen : Oui, bien sûr. Merci, c'est génial d'être ici. Je suis grandement intéressé par la manière dont nous régissons les technologies émergentes, en général, et je pense que la gouvernance des données en fait partie. Je vais dire quelques mots pour montrer qu'il s'agit d'une composante de ce qui doit être un programme beaucoup plus vaste. En particulier, j'aimerais savoir si nos régimes juridiques et réglementaires actuels, tels que nous les avons construits au cours du siècle dernier en fonction d'un ensemble de besoins et de défis en matière de politique, sont adaptés à certains des défis stratégiques que nous devons relever en raison des nouvelles technologies. Et si ce n'est pas le cas, de quel type de nouveau cadre avons-nous besoin? Je pense que c'est une question très importante, car la technologie a touché tellement d'aspects de nos vies. Comme il s'agit d'un problème tellement vaste qui touche un si grand nombre de domaines stratégiques différents dans l'ensemble des ministères et des domaines d'expertise, cette exhaustivité signifie souvent que nous n'avons pas établi le point de départ de la discussion. Il y a selon moi un réel défi de gouvernance à relever pour définir de nouveaux programmes politiques dans ce domaine. Je pense que les moments où nous prenons des décisions politiques concernant des technologies très particulières à des fins très particulières peuvent être très éclairants, car ces décisions peuvent révéler la complexité, l'ampleur et les multiples facettes de la gouvernance de la technologie. Et je crois que l'expérience récente que nous venons d'avoir dans le cadre des contrats d'approvisionnement pour la recherche des contacts en offre un aperçu. Teresa et moi allons tous deux utiliser cela, je pense, comme une sorte de point de départ dans nos perspectives sur la gouvernance des données. Permettez-moi donc de dire quelques mots sur cette période que nous venons de vivre relativement aux décisions des gouvernements de se procurer ou de développer eux-mêmes un ensemble d'outils pour la recherche des contacts ou la notification d'exposition et certaines des conséquences de ces décisions. Très brièvement, pour vous mettre en contexte, un moment étonnant s'est produit lors d'une conférence de presse, pendant que des manifestations étaient en cours à Minneapolis, où le commissaire à la sécurité publique a expliqué comment ils allaient commencer à suivre les manifestants. Il a dit : « nous allons suivre les personnes avec lesquelles tout le monde est associé, les plateformes qu'elles prônent et la façon dont elles s'organisent. Et nous sommes en train de mettre en place ce réseau d'information. » C'est donc une sorte de moment de cristallisation où le langage de la recherche des contacts est utilisé dans le sens épidémiologique par les gouvernements, y compris le nôtre, qui se l'approprient pour la surveillance policière, n'est-ce pas? Selon moi, ça montre que nous parlons en fait d'un ensemble de questions beaucoup plus large. Alors, qu'est-ce que notre expérience nous apprend sur la gouvernance des données en général? Premièrement, il était très clair dès le départ que les technologies proposées et examinées n'étaient pas toutes du même type. Dans cette parenthèse sur la capacité à suivre la propagation de la maladie, nous parlions de technologies très différentes ayant des incidences et des besoins en infrastructure très différents, de la notification d'exposition, qui pourrait être très décentralisée, à la recherche des contacts, qui exige un certain degré de centralisation — et on propose vraiment ça dans certaines soumissions — à un déploiement beaucoup plus large de technologies de surveillance plus invasives. Chacune de ces trois catégories de technologies a des besoins très différents, qu'il s'agisse des technologies, de l'infrastructure qu'elles requièrent, des cadres juridiques et éthiques qu'il faut pour régir le tout, de la capacité de les concrétiser ou des incidences à long terme de notre participation à ces ensembles de gouvernance, à l'aide de ces technologies. Ils ont vraiment exigé un niveau élevé de littératie, je pense, de la part des personnes qui prennent les décisions dans ce domaine. Et même le fait que nous nous soyons arrêtés, je pense, à un modèle de notification d'exposition et que nous ayons continué à l'appeler un modèle de recherche des contacts montre à quel point ces choses causent de la confusion. Deuxièmement, je pense que lorsque nous confondons la promesse de certaines de ces technologies et l'hypothèse qu'elles peuvent se concrétiser, il est très difficile pour nous de juger les compromis entre elles. Il se présente toujours de grandes promesses lorsque les sociétés ou les gouvernements envisagent de nouvelles infrastructures technologiques, et à moins de savoir dans quelle mesure les promesses sont réalisables, nous ne pouvons pas faire de compromis, car toutes ces technologies, en particulier dans le domaine de la surveillance, demandent d'importants compromis entre les droits, les sécurités collectives, les niveaux de responsabilité démocratique et les résultats finaux souhaités, notamment en cas de pandémie. Et il est très difficile de les calibrer lorsque nous ne disposons pas d'évaluations détaillées de leurs promesses, ce qui, à mon avis, n'est pas le cas ici. Encore quelques points, rapidement. La manière dont nous déployons ces technologies peut également renforcer le pouvoir, et nous l'avons vu à maintes reprises lorsque nous avons débattu de la manière dont nous allons régir les technologies émergentes. Joe Stiglitz avance un argument que je trouve très convaincant : pendant la Grande Dépression ou au sortir de la Grande Dépression, nous avons connu une ère d'abus de confiance parce que les entreprises sont devenues beaucoup plus grandes pendant cette période. Or, ce n'était pas seulement parce qu'elles devenaient économiquement plus puissantes. C'est parce que pendant cette période, elles sont aussi devenus beaucoup plus puissantes politiquement. Elles se sont intégrées au système politique. L'argument qu'il avance aujourd'hui, et dont nous devons tenir compte, c'est que dans un moment similaire de crise et de défis économiques possiblement à long terme, nous sommes peut-être en train de consolider un nouvel ensemble de pouvoirs et d'intérêts. Ainsi, lorsque nous parlons de déployer chacune des technologies, nous ne parlons pas seulement de ces technologies. Nous parlons des systèmes économiques et politiques qui s'intègrent à ces technologies, et il est vraiment important de ne pas l'oublier. Enfin, je pense que nous devons être très conscients de la manière dont les technologies peuvent intégrer certaines normes de gouvernance et renforcer les inégalités existantes. Un grand nombre de ces solutions qui, à première vue, semblent viables et ne présentent qu'un risque minimal à Ottawa ou à Palo Alto, où l'on en parle, sont très différentes dans des communautés où il existe de profondes inégalités structurelles. Je pense qu'il est clairement ressorti du débat sur la recherche des contacts, en particulier, que lorsque vous intégrez ces types de systèmes, ils touchent les gens différemment — en particulier dans le cas des technologies qui, nous l'espérons, offrent en quelque sorte un avantage social collectif –, parce que les inégalités et la façon dont elles peuvent être exacerbées par la technologie ne sont pas prises en compte, ce qui est vraiment problématique. Je pense que je vais m'arrêter là. Je sais que Teresa va continuer à parler de notre étude de cas sur la COVID, dont j'ai hâte de discuter ensuite.
[Les fenêtres d'Anil, Michel et Teresa réapparaissent à côté de celle de Taylor.]
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup, Taylor. C'était excellent. Vous avez soulevé de nombreuses questions auxquelles, je pense, beaucoup de gens n'ont même pas pensé. Je pense que ça nous donne beaucoup de matière à discussion dans tous les domaines que tu viens de soulever. La dernière, mais non la moindre, de cette série d'observations préliminaires, j'aimerais maintenant vous laisser la parole, Teresa, qui nous fera part de ses réflexions.
[Teresa sourit. C'est une femme blanche avec des lunettes et des cheveux foncés grisonnants. Elle porte une chemise boutonnée à rayures bleu pâle et blanches, et l'arrière-plan de sa fenêtre est brouillé.]
[Teresa sourit. Sa fenêtre vidéo est épinglée.]
Teresa Scassa : Merci, Anil, et merci aussi à Taylor d'avoir amorcé la discussion sur l'application de recherche des contacts. Je vais donc poursuivre et essayer de donner quelques exemples concrets de la façon dont je pense que le débat sur les applications de recherche des contacts, à la fois dans le monde et au Canada, soulève des questions intéressantes sur l'adoption des technologies numériques par les gouvernements. Il s'agit donc de savoir si le besoin, le besoin réel, définit la technologie ou vice versa, si la technologie définit ce que le gouvernement va obtenir. En ce qui concerne les applications de recherche des contacts ou les applications de notification d'exposition, vous constaterez probablement que ce que les autorités de santé publique voulaient ou ce dont elles avaient besoin au Canada est probablement différent de ce qu'elles vont obtenir avec le modèle de notification d'exposition de l'application Google qui a été adopté. Et je pense que certains des facteurs qui ont influencé la prise de la décision finale, qui ont fait qu'ils se sont retrouvés avec moins que ce qu'ils voulaient idéalement, comprenaient une série de problèmes de confidentialité et de sécurité, des questions de confiance du public dont Taylor a déjà parlé ainsi qu'un autre phénomène, qui était la domination internationale croissante de la plateforme ou de l'approche suggérée par Google et Apple. Je crois que c'est un phénomène intéressant, aussi, sur lequel nous pourrions revenir plus tard dans la discussion. Une autre question, qui était particulièrement brûlante au Canada, et qui l'est toujours, est celle du fédéralisme numérique. La santé publique et la recherche des contacts relèvent principalement de la compétence des provinces. La pandémie a suscité de l'inquiétude à l'échelle nationale. Et la question était la suivante : qui, lorsqu'il s'agit d'adopter une solution numérique, est censé diriger le processus, et comment cela se passe-t-il? Je pense que — et évidemment l'interopérabilité technologique était particulièrement importante — vous pouvez voir son importance dans une ville comme Ottawa, où les gens vivent d'un côté de la rivière et travaillent de l'autre, si vous n'avez pas d'applications interopérables de recherche des contacts ou de notification d'exposition, alors c'est un exercice inutile dans cette région. Il est donc justifié d'agir au palier fédéral, mais il y a des défis à relever en raison des relations fédérales-provinciales. Je crois que cela a révélé une fois de plus les défis que pose la nécessité de faire du fédéralisme numérique et les a mis à nu. Une autre question qui se pose est celle de la propriété et du contrôle des données. Si vous adoptez une technologie, je pense qu'il s'agit d'une question d'une importance fondamentale : si la technologie doit collecter des données, qui a le contrôle de ces données? Ce qui était intéressant dans le contexte du système de notification d'exposition qui a finalement été adopté à l'échelle fédérale au Canada, c'est que, pour l'essentiel, c'est une personne, et non l'État ou un intervenant du secteur privé, qui a le contrôle des données. Et je pense que... Je vais juste mentionner cela brièvement, parce que je pense que ça illustre la question du contrôle, et, bien sûr, quiconque a le contrôle a une incidence énorme sur qui peut effectivement consulter ou utiliser les données et dans quel but. La transparence est une autre question qui, selon moi, a été très importante et continuera de l'être dans ce domaine. L'adoption d'une technologie nécessite la confiance du public. La transparence est importante pour la confiance du public. Dans le cas des applications de recherche de contacts et de notification d'exposition, nous avons constaté une tendance très marquée en faveur du code source ouvert, afin que le code soit visible et que les gens puissent le voir et l'examiner. Nous avons constaté un peu moins de transparence en ce qui concerne l'évaluation des incidences sur la protection des renseignements personnels. Par exemple, le gouvernement de l'Alberta a lancé une application, mais n'a pas encore publié son évaluation des incidences sur la protection des renseignements personnels. En effet, il peut y avoir un peu moins de transparence dans ces cas. Je pense que la transparence quant aux buts et aux objectifs de ces systèmes ainsi qu'aux raisons pour lesquelles ils sont adoptés a été mitigée. Nous pourrons y revenir plus en détail, mais je pense qu'il s'agit d'un domaine où la transparence est loin d'être idéale. Je vais vous parler dans une minute des mesures, car c'est un sujet à venir. Et je pense que nous avons besoin de transparence à ce sujet, et je ne suis pas sûr que nous allons l'obtenir. Ces applications ont bien sûr suscité des questions relatives à la protection des renseignements personnels, un aspect qui a façonné le type de technologie que nous avons finalement mis au point. La vie privée est liée à la confiance du public. Les applications de recherche de contacts, dont Taylor a parlé, posent des problèmes liés à la surveillance, et leur sécurité est problématique dans le contexte de la protection des renseignements personnels. Or, de nombreuses questions vont au-delà de la protection des renseignements personnels, et la protection des renseignements personnels dans le contexte de cette technologie a suscité beaucoup de discussions au détriment d'autres questions. Et pourtant, je pense que ces questions seront d'une importance fondamentale pour l'adoption de technologies numériques par les gouvernements en général. Dans ce cas, il s'agissait d'une technologie nouvelle et non éprouvée qui était déployée dans une population vulnérable. Des gens ont perdu leur emploi. Ils ont perdu des revenus. Ils ont une santé mentale fragile. Ils sont préoccupés par la maladie. Nous avons donc une population très vulnérable. Il existe des questions complexes d'éthique et de droits de la personne que nous ne savons pas encore très bien évaluer au stade de l'adoption de la technologie. Ainsi, pour les applications de recherche des contacts, certaines des questions étaient de savoir si elles devaient être volontaires ou obligatoires? Si la technologie est adoptée et si l'on nous dit qu'elle est utile et qu'elle nous protégera, ce que l'on nous a dit, qu'en est-il de l'accès à la technologie pour ceux qui n'ont pas de téléphone intelligent ou dont le téléphone intelligent n'est pas doté du bon système d'exploitation, où il y a d'autres barrières de langue ou de capacité physique? Ce sont donc des questions auxquelles nous devons réfléchir. Les entreprises et les employeurs peuvent rendre l'application volontaire obligatoire comme condition de retour au travail ou d'accès aux locaux. Et comment un gouvernement qui a décidé de rendre une application volontaire gère-t-il la conversion de cette application en une application effectivement obligatoire? Il existe également un risque de préjudice lié aux fausses alertes; qui en fera l'expérience de manière disproportionnée? Je crois que c'est compliqué, mais qu'il est important d'y réfléchir. Si je télécharge cette application et que je reçois de fausses alertes qui signifient en gros que je dois m'isoler jusqu'à ce que je puisse passer un test de dépistage, cela n'a pas trop d'importance parce que j'ai un excellent travail que je peux faire depuis chez moi. Par contre, si je suis le seul soutien de ma famille, et que je dois cesser de me rendre au travail si on me dit de m'isoler ou que je dois passer un test de dépistage ou si mon employeur a rendu l'application obligatoire, alors les conséquences seront pour moi très différentes. Et je pense que certains des débats que nous avons eus concernant l'égalité et l'équité au sein de la société alimentent également ce débat sur le plan des répercussions disproportionnées. La confiance excessive ou les fausses attentes peuvent également avoir des conséquences néfastes. Des gens croient réellement — et on leur a dit — que cette application les protégera. Eh bien, qu'est-ce que ça veut dire, les protéger de l'infection? Pas vraiment. Ce n'est pas ce pour quoi elle a été conçue. Quel est donc ce message, et quelle est son incidence sur le public? Et une dernière remarque que je ferai avant de m'arrêter concerne les mesures. Comment allons-nous évaluer cette technologie? Jusqu'à présent, nous disposions de mesures assez grossières concernant le nombre de personnes ayant téléchargé les applications et le fait que cela fasse ou non de l'application un succès. Ces mesures sont vraiment grossières. Pour comprendre si cette application est réellement utile ou réussie, nous allons devoir disposer d'autres données sur son rendement. Comment faire pour obtenir ces données? Est-il possible d'intégrer cela au système GAEN que nous avons adopté, qui réduit au minimum la collecte de données? Est-il possible de le faire de manière à protéger la vie privée? Quelles sont les mesures que nous devons mettre en place? Allons-nous déployer une application capable de collecter les données nécessaires pour savoir si elle fonctionne comme il se doit et si elle est efficace ou si nous devons la mettre hors service parce qu'elle a une incidence négative disproportionnée et qu'elle n'est pas une technologie bénéfique? Allons-nous être transparents à ce sujet? Je vais donc m'arrêter ici. Il s'agit d'une sorte de portrait des diverses questions que cette technologie soulève et qui, je pense, sont également soulevées dans d'autres contextes.
[Les fenêtres d'Anil, Michel et Taylor réapparaissent.]
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup, Teresa. Encore une fois, des questions très intéressantes, et je pense que nous allons explorer un certain nombre de ces domaines maintenant dans les 20 prochaines minutes environ, où je vais vous poser quelques questions, écouter vos commentaires, et ensuite je pense que nous nous tournerons vers le public pour voir ses questions. Sur cette note, j'encourage notre public, nos participants, à soumettre leurs questions. Nous en avons déjà quelques-unes. Donc, c'est génial, continuez à les envoyer. Permettez-moi de commencer par parler un peu, Michel, vous savez, nous avons parlé de l'importance des cadres, que cette importance est véritable, nous avons parlé des tables distinctes aussi. Dites-nous, y a-t-il un autre pays qui a réussi? Existe-t-il un cadre que nous pourrions imiter ou utiliser comme base pour aller de l'avant? À quoi ressemble-t-il donc? Quels sont nos défis en matière d'infrastructure juridique et politique? Est-il assez solide? Et en fait, si nous devions concentrer nos efforts, quelles sont nos vulnérabilités, et sur quoi pensez-vous que nous devrions concentrer une partie de nos efforts?
[Michel hoche la tête et sourit.]
Michel Girard : Oh, c'est une grande question, Anil.
[Michel, Anil et Teresa rient.]
En ce qui concerne les meilleures pratiques, je pense que nous voyons beaucoup de points de vue différents dans le monde et beaucoup de philosophies différentes utilisées pour déployer les nouvelles technologies. Ainsi, aux États-Unis, ce sont les règles du marché qui prévalent, et nous constatons de nombreux succès dans le déploiement de nouvelles plateformes. Or, il n'y a pas vraiment de filet de sécurité. La Chine adopte une approche de commandement et de contrôle dans ce domaine. La Chine va bientôt publier un document intitulé « Standardization 2035 » ou quelque chose comme ça. Il s'agit essentiellement de créer un ensemble de normes pour que la 5G soit connectée à l'Internet des objets (IdO) et à l'intelligence artificielle (IA) en aval. Il y aura des milliers de normes, qui ne seront pas nécessairement axées sur certaines des questions essentielles dont nous avons entendu parler cet après-midi, mais certainement sur la technologie. La Chine prend des mesures décisives pour mettre en place les fondements techniques nécessaires à ce fonctionnement. Le seul groupe de pays qui a commencé à réfléchir et à mettre en œuvre le filet de sécurité dont nous avons besoin pour créer un équilibre entre la technologie et la préservation de nos droits est l'Union européenne. Et ces pays le font presque comme un mécanisme défensif, car ils n'ont pas encore la puissance de feu nécessaire pour concevoir et mettre en œuvre de nouvelles technologies dans ce domaine. Je veux dire, ils se battent. Ils ne font pas partie du peloton de tête. Dans mon monde, celui de la normalisation, je peux vous dire que c'est une guerre de tranchées que se livrent en ce moment ces différents groupes pour essayer de dicter l'ordre du jour et d'imposer des technologies, d'imposer de fait des solutions avec lesquelles nous allons devoir vivre. Je pense que le Canada est dans cette situation en ce moment. Je pense que nous avons une chance de faire la différence lorsqu'il s'agit d'intégrer un ensemble de valeurs aux normes dont nous avons besoin pour que ces technologies soient déployées correctement. Alex Benay, qui était directeur des technologies de l'information l'année dernière ou il y a deux ans, a dit beaucoup de choses intéressantes à ce sujet. Et il a dit : « Vous savez, le Canada pourrait devenir la Suisse en matière de gouvernance des données en mariant les deux impératifs, en concevant le bon cadre pour que les chaînes de valeur des données fonctionnent et, en même temps, en intégrant le cadre de gouvernance des données aux valeurs dont nous avons besoin pour survivre en tant que démocratie. »
[Anil hoche la tête pensivement.]
Il se passe beaucoup de choses. Je ne vois pas de modèle que nous puissions prendre et appliquer, et nous avons l'occasion ici, parce que nous sommes considérés comme crédibles, de concevoir quelque chose qui a du sens pour nous et qui peut servir à beaucoup d'autres démocraties.
Anil Arora : Je vous remercie. Je vous remercie beaucoup, Michel. Il s'agit donc d'un territoire vierge sur lequel nous pouvons prendre l'initiative et, comme vous l'avez dit, tirer profit de vraies possibilités pour les entreprises : nouveaux types d'emplois, innovation. Je pense qu'il est donc très important de disposer d'un cadre solide et robuste. Peut-être que je me tournerais vers toi, Taylor. Vous avez parlé de l'incidence que cela peut avoir sur des communautés, sur différents groupes de personnes de manière différente. Et nous devons nous préoccuper de l'inclusion dans l'adoption.
[Taylor hoche la tête.]
Vous avez parlé de la difficulté de trouver des points de départ. Je me demande si vous pourriez donner quelques conseils à certains des décideurs politiques, aux personnes qui travaillent dans le domaine de la réglementation. Quel conseil leur donneriez-vous pour trouver des points de départ, de susciter la discussion? Comment faire les choses de manière à respecter les principes, mais aussi à garantir la plus grande inclusion et à faire en sorte que ces conséquences involontaires, auxquelles vous essayiez de faire référence, soient des choses que nous pouvons aborder en amont et faire en sorte qu'elles fassent partie de notre réflexion. Alors, quels conseils ou quelles réflexions auriez-vous?
[Taylor rit.]
Taylor Owen : Je veux dire, encore une fois, que c'est une question tellement vaste, en partie parce que — et cela met en évidence l'un des véritables défis auxquels nous sommes confrontés ici selon moi — les façons dont l'adoption de ces infrastructures technologiques, qu'il s'agisse de plateformes sociales ou de nouveaux modèles d'entreprise ou de nouveaux systèmes informatiques qui permettent un ensemble d'activités économiques, sociales et politiques, elles touchent tellement d'aspects de nos vies et tellement de personnes de façon possiblement négative et positive que cet exercice d'orientation est vaste. N'est-ce pas? Je pense que notre façon de traiter ces sujets est problématique parce que nous permettons à nos mandats et institutions existants d'évaluer eux-mêmes les avantages, les inconvénients et les compromis possibles sans que la société puisse discuter beaucoup plus largement des compromis qu'elle veut faire. J'ai un exemple précis — et je pense que nous sommes en plein milieu d'un débat qui va durer un certain temps –, celui de savoir de quelle manière les normes d'expression et la façon dont nos lois et nos règlements liés à l'expression et au discours jugé acceptable vont s'adapter ou non à la sphère numérique. Je pense que nous sommes au milieu d'un débat très difficile sur le discours que notre société va juger acceptable. Au cœur de ce débat se trouve une tension entre deux valeurs : une valeur de protection de la liberté d'expression et une valeur de protection des personnes contre les préjudices que causent des discours. Notre société, si l'on prend l'exemple du Canada, a déjà eu ce débat auparavant, et le résultat de ces débats a conduit à l'institutionnalisation de certaines politiques, que ce soit par le biais de la charte ou du Code criminel ou simplement de normes générales en matière de discours acceptable et de réglementation des médias, et ça peut aller beaucoup plus loin. Or, avons-nous cette conversation maintenant sur la façon dont nous voulons équilibrer ce compromis et sur la façon dont les technologies pourraient changer fondamentalement l'expression et toucher de nouvelles personnes, des communautés concernées, censurer de nouvelles personnes et en rendre d'autres audacieuses? Nous sommes dans un paysage différent en ce qui concerne la façon dont le discours est diffusé, comment il est filtré, à quel discours on accorde la priorité, qui est lésé et qui profite du discours? Ainsi, même ce seul point de départ, à savoir comment allons-nous traiter les discours nuisibles et haineux en ligne, révèle l'ampleur du défi, je pense. Et quand vous pensez à cette portée, l'autre chose dont il faut certainement débattre selon moi, c'est que même l'adoption d'une politique en matière de données est une mesure beaucoup trop limitée. Cela nous amène à parler de régimes de protection de la vie privée, de normes en matière de données, de régimes de droits sur les données, voire de politiques relatives à la circulation et au stockage des données, qui sont tous absolument importants. La transparence quant à l'utilisation des données et des algorithmes, comme tout cela, est essentielle. Cependant, si cela ne se fait pas parallèlement à l'adoption d'autres ensembles de politiques, qu'il s'agisse de l'espace de concurrence, quelle est la taille des entreprises qui contrôlent cet espace? Permettons-nous aux entreprises étrangères de faire au Canada des choses que nous ne ferions pas autrement dans d'autres espaces? Ce genre de politiques relatives au contenu concernant le type d'échange que nous jugerons acceptable ne nous aidera pas à nous attaquer aux problèmes. C'est très difficile à réaliser pour les gouvernements, car ces ensembles de politiques, de régimes réglementaires et de systèmes juridiques existent dans différentes composantes cloisonnées de notre gouvernement, en particulier au fédéral. À moins que nous ne fassions tout cela ensemble, je crains que nous ne passions à côté d'une occasion importante.
[Anil hoche la tête.]
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup. Je vais donc poursuivre ma série de questions faciles pour Teresa.
[Taylor et Michel rient, et Teresa sourit.]
Teresa, vous avez abordé un certain nombre d'enjeux vraiment, vraiment importants. Vous avez parlé des applications de recherche des contacts, vous et Taylor en avez parlé. Mentionnons un autre exemple, celui des « laboratoires de trottoir » à Toronto. Ainsi, certains d'entre eux offrent de réelles possibilités d'aller de l'avant, mais s'ils ne sont pas réalisés correctement, ils peuvent également entraîner de véritables échecs. Vous avez parlé de l'importance de la confiance. Vous avez parlé de l'importance de la propriété. Vous avez parlé de fédéralisme numérique. Vous avez abordé un certain nombre de thèmes. Avez-vous un bon exemple de cas où quelqu'un a bien fait les choses, et comment pouvons-nous expérimenter et aller de l'avant sans avoir continuellement de faux départs ou regarder en arrière et dire un truc comme « oh, comme c'est frustrant, nous avons oublié les trois aspects suivants, donc la seule solution maintenant est d'y mettre fin »? Alors, avez-vous des conseils sur une feuille de route ou une manière de le faire ou d'imiter quelqu'un ou quelque part où cela a été fait, où nous pouvons prendre certaines de ces leçons et les intégrer à notre cadre unique comme Michel l'a évoqué de même que Taylor.
Teresa Scassa : Eh bien, c'est vraiment une question facile.
[Teresa et Anil rient, et Michel et Taylor sourient.]
Oui, c'est un vrai défi. Je vais donner l'exemple du gouvernement fédéral, qui me semble être un exemple intéressant, et je dois avouer que je le donne parce que j'ai aussi passé un certain temps à étudier la question, donc je me sens donc un peu plus à l'aise d'en parler. Il s'agit de la Directive sur la prise de décision automatisée et de la déclaration d'évaluation de l'incidence des algorithmes qui l'accompagne. Ce que j'ai trouvé intéressant — j'ai trouvé beaucoup de choses intéressantes dans cette initiative –, c'était notamment la manière très ouverte dont elle a été rédigée. En ce qui concerne l'ouverture et le processus, ce n'était pas parfait, mais c'était tout de même innovant et différent de la façon dont ces choses sont faites habituellement. Ainsi, Michael Karlin, en rédigeant la Directive sur la prise de décision automatisée, a publié des ébauches, sollicité des commentaires et des réactions, reçu des commentaires et des réactions, et s'en est servis pour affiner et mettre au point l'outil. Je la trouve également intéressante parce que, bien qu'elle traite de la prise de décision automatisée et que différentes personnes classeront cela de différentes manières, j'ai été intéressée de voir l'influence réelle des principes du droit administratif dans la Directive sur la prise de décision automatisée. Autrement dit, elle s'appuyait sur un cadre normatif qui allait au-delà de ce que l'on voit habituellement pour l'intelligence artificielle, à savoir ce que nous devons faire, c'est-à-dire examiner cela du point de vue du code éthique ou de la protection des renseignements personnels.
[Anil hoche la tête.]
L'éthique et la protection des renseignements personnels en font partie, mais elle s'inscrit également dans le cadre du droit administratif et des principes d'équité dans la prise de décision. J'ai pensé que c'était également intéressant. Elles en font partie... Je pense qu'il s'agit d'un exemple de décloisonnement visant à examiner certains principes d'organisation fondamentaux de notre société, ici dans le contexte de la prise de décision. On a ensuite tenté de faire tout cela de manière réfléchie et organisée avec un outil qui pourrait servir à mettre en œuvre ce processus par l'adoption de la prise de décision automatisée. Des parties doivent encore être formulées et élaborées, et on pourrait démonter ou critiquer divers aspects du cadre de nombreuses façons. Ce cadre est très riche en contenu, il offre de très nombreuses façons d'analyser et d'aborder les problèmes à partir d'une variété de perspectives différentes et qu'il intègre maintenant. Je pense donc qu'il s'agit là d'un exemple vraiment intéressant de tentative d'élaborer un cadre qui soutient concrètement l'équité dans l'adoption de la prise de décision automatisée. Et je pense qu'il sera mis à l'essai ou utilisé et déployé dans les prochains temps, et nous allons en tirer une certaine expérience; beaucoup de choses sont intégrées à cette directive pour évaluer son rendement et évaluer à la fois l'efficacité du directeur et le fonctionnement des systèmes de prise de décision automatisés mis en œuvre sous l'effet de la directive. À petite échelle, je pense que c'est un projet extrêmement intéressant à tous les niveaux qui mérite d'être suivi. Il est très limité; une de mes, je dirais, préoccupations, c'est qu'il se limite à une catégorie très précise de prise de décision, une catégorie très précise de déploiement de prise de décision automatisée ou de systèmes automatisés au sein du gouvernement, et nous n'avons rien pour tout le reste. Comme il s'agit d'une chose à laquelle il faut réfléchir, à laquelle il faut s'intéresser, à laquelle il faut s'intéresser et dont il faut observer la progression, je le citerais comme un exemple de de quelque chose qui est vraiment très innovant et intéressant.
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup. Maintenant, les panélistes, n'hésitez pas à intervenir, à lever la main, et si vous voulez ajouter quelque chose, faites-le. J'encourage également nos participants à envoyer d'autres questions. Et ce que je vais faire, c'est essayer d'intégrer mes questions à certaines des questions que nous recevons. Donc, si vous me voyez baisser les yeux, ce n'est pas comme si j'étais en train de rédiger des courriels à côté, je suis en train de regarder vos questions au moment où vous les envoyez.
[Anil et les trois autres participants rient.]
J'y porte attention, à titre d'information. Michel, je vais peut-être me tourner vers vous. Vous savez, nous avons beaucoup discuté de la fiducie de données un peu comme d'un cadre, afin que nous puissions réfléchir et faire avancer le partage de données. Je me demande si vous avez des idées sur les fiducies de données? Et pendant que vous pensez à ça, puis-je solliciter un peu Teresa et Taylor? Vous avez tous deux évoqué le fait que de nombreuses entreprises dominantes de l'ère des données ne sont pas basées au Canada. Vous savez, la « chose », je suppose. En quoi les politiques antitrust contribuent-elles à empêcher des entités non canadiennes de contrôler des données canadiennes? Donc, si vous pouviez penser à ça. Toutefois, Michel, je me tournerai peut-être vers vous concernant la fiducie de données, comme modèle, si vous pouviez la décrire un peu pour les gens et nous dire ce qu'elle nous apprend relativement au cadre du Canada?
Michel Girard : D'accord, et je vous remercie, Anil. Eh bien, en réfléchissant à ces questions, nous prenons conscience de leur complexité, et nous allons constater que la fiducie de données est toute aussi complexe. Je veux dire, nous ne pouvons plus réfléchir et exercer une influence en vase clos. La gouvernance des données n'est pas un problème d'ingénierie. Ce n'est pas un problème de génie logiciel. Il faut en parler à des avocats.
[Il rit et Anil hoche la tête.]
Nous devons négocier avec des personnes qui ont des compétences et des points de vue très différents afin d'arriver à quelque chose. Je peux vous dire, avant d'en venir à la fiducie de données, que l'ONU a publié l'année dernière un rapport sur les collectifs en matière de données et a déclaré que nous avons construit l'Internet au cours des 25 à 30 dernières années, les trois couches, la couche d'application et les réseaux, notamment, et que cela fonctionne d'un point de vue technique, cela fonctionne. Mais nous n'avons jamais –je veux dire, c'est l'IETF est une organisation internationale, l'Internet Engineering Task Force, une organisation internationale qui a géré l'élaboration de milliers de normes pour que l'Internet fonctionne et que vous puissiez l'utiliser –, ils n'ont jamais abordé les questions de gouvernance associées aux nouvelles applications qui ont été déployées au cours des 20 à 30 dernières années. D'une certaine manière, nous sommes en train de récolter les fruits d'un travail effectué il y a 30 ans, lors de la création de l'Internet. Et maintenant, c'est encore pire en raison de l'analyse des mégadonnées, parce qu'une nouvelle génération de technologies va arriver. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il faille en parler pendant un certain temps et que cette discussion soit nécessaire. Maintenant, en ce qui concerne les fiducies de données. La fiducie de données est un modèle que nous pourrions utiliser pour gérer l'accès aux données. N'est-ce pas? Pour que tout projet ou initiative de collaboration en matière de données fonctionne, il sera très important que les participants aient la certitude que les données qu'ils envoient soient gérées correctement, qu'elles soient protégées, qu'elles soient classées, stockées et éliminées d'une manière acceptée par tous. Le concept de la fiducie de données reprend en quelque sorte un concept du monde financier, la fiducie financière, de sorte que vous pouvez décider de confier à un fiduciaire la gestion de la somme des éléments que vous placez dans une fiducie en argent ou d'autres actifs. On tente d'appliquer ce concept aux données. Je pense que le jury n'a pas encore tranché en ce qui concerne la fiducie de données. Je n'ai pas vu beaucoup d'organisations lancer avec succès une fiducie de données en appliquant ces principes fondamentaux. Beaucoup de contrats sont liés à cela. Beaucoup de droits contractuels doivent s'appliquer. Je préférerais une approche un peu plus flexible où vous concevez un manuel de gouvernance des données contenant une série de principes fondamentaux afin de l'utiliser comme un contrat flexible entre quelqu'un en amont qui va partager des données avec vous et quelqu'un en aval qui va accéder aux données, donc, vous savez, un scientifique de données en IA. Je pense donc que la conversation que nous devons avoir ne porte pas nécessairement sur le modèle lui-même, mais sur les principes que nous voulons que ces nouveaux responsables du traitement des données utilisent afin qu'ils puissent nous protéger tous, afin que nous puissions avoir confiance. Je pense que Statistique Canada pourrait être un excellent point de départ à cette discussion.
[Anil hoche la tête.]
Quand on pense au besoin de collectifs en matière de données dans le pays, je ne vois aucune organisation capable de le faire pour le moment. Par contre, Statistique Canada possède probablement l'essentiel pour commencer à produire le bon cadre et à le mettre en œuvre. Ce n'est qu'une piste de réflexion, Anil. Le Canada a besoin de collaboration axée sur les données. Nous avons besoin de collectifs en matière de données. Nous avons besoin d'un cadre pour transmettre ces données à ceux qui souhaitent s'en servir, mais il doit être sûr. Il doit être digne de confiance. Et il existe de nombreux modèles que nous pouvons concevoir et qui répondent fondamentalement à nos valeurs. Était-ce utile?
[Anil hoche la tête.]
Anil Arora : Merci beaucoup, et les amis, je n'ai pas dit à Michel de parler de Statistique Canada.
[Michel rit.]
C'est une institution publique au mandat très clair, et c'est exactement ce que nous faisons. Nous recueillons de l'information auprès des Canadiens et les transformons en produits consommables, de manière transparente. Les structures juridiques sont en place, et les règles du jeu sont très transparentes. Je pense que ce sont des principes qui peuvent, en fait, être utilisés. Je comprends tout à fait cela, mais nous avons encore du travail à faire pour aller dans ce domaine, et j'aime votre idée de « ne pas être totalement attaché à ce modèle, mais examinons les lignes directrices », afin qu'il y ait une applicabilité plus large au bénéfice de tous les Canadiens. Je me demande, Taylor ou Teresa, si vous voulez intervenir dans cette conversation avant de passer à la deuxième question que j'ai posée? Donc, si vous voulez faire une brève intervention sur la fiducie de données, de la façon que vous voulez, allez-y. Si ce n'est pas le cas, je vais me tourner vers vous, Taylor, pour la suite, et voir si vous souhaitez également aborder la deuxième question.
Taylor Owen : Oui, je pense que la question de la concentration du marché et de la compétence révèle beaucoup de choses sur ce sujet en ce moment. Donc, premièrement, cela montre clairement l'interconnexion de ces questions. Le boycottage actuel concernant Facebook, par exemple, est le reflet d'une pression du marché, mais il ne fait presque aucun doute que ce boycottage ne fonctionnera pas parce que le marché n'offre aucun autre choix. La raison pour laquelle les annonceurs sont revenus et continuent à augmenter leurs dépenses sur Facebook et Google, c'est qu'il n'y a pas d'autres choix, en fin de compte. Si vous voulez faire ce genre de publicité à l'échelle mondiale, il vous faut l'une de ces deux entreprises. On ne peut donc pas avoir de solutions de marché aux problèmes en cas de dysfonctionnement du marché. C'est pourquoi nous disposons d'une politique antitrust et d'une politique de concurrence, afin de créer les conditions nécessaires au bon fonctionnement du marché, ce qui n'est pas le cas actuellement dans de nombreux domaines de l'espace technologique. Selon moi, de façon plus générale, cela montre les limites de notre ambition dans ce domaine au Canada, franchement. Je pense que d'autres gouvernements... Ainsi, l'argument que nous avons entendu pour ne pas poursuivre la politique de concurrence au Canada est que nous ne pouvons pas briser les entreprises qui se trouvent en dehors de notre pays et que ce sera fondamentalement un débat américain. C'est certainement vrai. Mais le domaine de la politique de concurrence est bien plus large que cela. Nous avons vu comment d'autres gouvernements ont utilisé de manière très efficace différents leviers dans cet espace pour imposer un réel changement à certaines de ces entreprises. Pour ne citer que quelques exemples rapides, disons, le Bureau allemand de la concurrence effective a modifié la définition du préjudice subi par les consommateurs ou tente de modifier cette définition en la faisant passer du préjudice financier à un mauvais usage de données, afin de ne pas avoir à démontrer le préjudice financier, ce qui est très difficile à faire pour des services en ligne qui sont en fin de compte gratuits. Or, ils peuvent utiliser le mauvais usage de données comme une forme de préjudice pour les consommateurs afin d'appliquer la politique de concurrence contre ces entreprises, ce qui pourrait effectivement rendre le modèle d'affaires de certaines de ces entreprises très difficile à déployer en Allemagne. Je pense qu'il s'agit d'un exemple d'utilisation des outils dont ils disposent pour pénétrer dans un espace qui, selon beaucoup, est uniquement du ressort des États-Unis. C'est l'examen des fusions et des acquisitions. Je veux dire, c'est en train d'arriver. Facebook vient de tenter d'acheter Giphy ou est en train de tenter de le faire, et les gouvernements australien et britannique ont entamé un examen de cette acquisition, qui pourrait être arrêtée complètement, en particulier si davantage de pays collaboraient à cette enquête, ce que nous pourrions certainement faire. Encore une fois, on en arrive selon moi à cette interconnexion des problèmes. Si ce que nous essayons de faire, c'est de créer des conditions de marché efficaces et de créer du dynamisme sur un marché pour donner des choix aux consommateurs, nous ne devons pas seulement utiliser les politiques de concurrence classiques. Nous pouvons utiliser des choses comme l'interopérabilité forcée et les normes que les entreprises doivent utiliser pour que les consommateurs aient le choix de l'endroit où ils mettent leurs données ou de la façon dont ces données sont utilisées ou de ce qu'on en fait, le cas échéant, n'est-ce pas? Ainsi, ces éléments que nous plaçons dans le domaine de la politique des données et dont nous limitons la portée peuvent en fait être utilisés pour des défis bien plus importants en matière de politiques. Maintenant, quelques commentaires sur la politique de concurrence, mais fondamentalement, ces questions sont interconnectées, et nous devons être beaucoup plus ambitieux sur notre façon d'envisager les politiques dans ces espaces, je pense, ou beaucoup d'outils sont également à notre disposition si nous voulons les utiliser.
[Anil hoche la tête pensivement.]
Anil Arora : Teresa, je me tourne vers vous pour compléter un de ces deux commentaires et afin que les gens ne pensent pas que je ne vous sollicite pas autant que les autres.
[Les participants rient.]
J'ajouterai juste une autre question des répondants, à savoir : lorsque les données sont collectées, qui en est réellement propriétaire? Vous avez parlé de la propriété des données. Ainsi, lorsque quelqu'un accepte que ses données soient utilisées pour la prestation d'un service, ces données appartiennent-elles en fait à l'organisation? N'hésitez donc pas à parler des deux autres questions, et voyez ensuite si vous avez également des idées à ce sujet.
Teresa Scassa : Oui, et bien, je vais peut-être commencer par cela, car Michel et Taylor ont, je pense, donné des réponses très réfléchies aux deux autres questions. Je vais donc aborder la question de la propriété des données, qui est toujours un sujet amusant. Je pense que le terme « propriété » est peut-être mal utilisé lorsqu'il s'agit de données, même si tout le monde l'utilise aujourd'hui, car il s'agit d'un de ces mots que l'on associe à une sorte de domination absolue. Je crois aussi que lorsque vous parlez de données, ce n'est pas le bon vocabulaire, parce qu'il est plutôt question d'obligations, de responsabilités et d'intérêts lorsqu'il s'agit d'intérêts. Ainsi, lorsqu'une personne accepte de confier ses données à une entreprise afin de recevoir un certain service, l'entreprise est intéressée par ces données, car elle en a besoin dans le cadre de ses activités commerciales pour lesquelles elles ont été collectées. Et ils peuvent l'utiliser de diverses manières pour créer de la valeur ou des possibilités d'affaires et exploiter leur entreprise. Ils sont donc intéressés par ces données. Or, une personne a toujours de l'intérêt pour ces données en vertu des lois sur la protection des données, qui fixent des limites à ce que l'entreprise peut faire avec ces données et leur donnent certains droits d'accès. Si la LPRPDE est réformée un jour, cet intérêt peut en fait être accru par la transférabilité des données ou le droit d'effacement ainsi que certaines autres choses qui peuvent se présenter. Ainsi, une personne conserve son intérêt, mais l'organisation a également un intérêt envers les données. Bien sûr, si ces données servent à mener d'autres activités, de profilage ou d'analyse, alors de nouvelles données sont créées ou générées, ce qui devient vraiment compliqué, parce qu'il faut connaître dans ce cas le degré d'intérêt réel de la personne envers ces données, qui ne sont plus simplement les données qu'elle a fournies, mais quelque chose qui a une valeur ajoutée. C'est là que ça se complique. Je pense, encore une fois, que la réponse reste qu'ils ont un certain intérêt envers ces données, mais il peut s'agir d'un intérêt différent, et le degré ou la nature de l'intérêt de l'organisation peut être différent. Je pense donc que l'un des défis dans ce contexte est de définir et de fixer les limites de ces différents intérêts, et les lois sur la protection des données sont un des moyens d'y parvenir; nous avons actuellement des lois sur la protection des données faibles et obsolètes, tant au fédéral que dans les secteurs public et privé. En fait, les lois prennent pleinement en compte les différents besoins et intérêts de toutes les parties concernées en matière de données. Je crois que c'est en partie ce qui est si difficile dans le contexte canadien.
[Les autres panélistes hochent la tête.]
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup. On m'a rappelé que, dans le contexte de Statistique Canada, la réponse de Teresa n'est pas nécessairement pertinente; or, Teresa nous communique ces données essentiellement à titre indicatif, et nous pourrons utiliser des techniques statistiques pour tirer nos conclusions. Donc, même si l'on s'appuie sur cette notion, où commence et où finit la propriété dans un contexte comme le nôtre? Vous avez tout à fait raison. C'est en partie très contextuel. Ça dépend de l'organisation, ça dépend de la situation. Je pense que même les cadres conceptuels de la façon dont nous examinons des choses comme la propriété sont vraiment, vraiment importants, parce que si nous nous arrêtons au début et que nous n'évoluons jamais vraiment au degré suivant, alors nous nous rendons un mauvais service parce que nous n'obtenons pas vraiment la pleine valeur des idées cachées dans ces données; parce que vous pouvez, en fait, aborder certaines, comme vous l'avez dit, des questions de protection des renseignements personnels liées à la propriété et ainsi de suite, comme c'est vraiment ce qui est au cœur de cette question. Vous pouvez cependant les aborder et continuer à utiliser la valeur des données. C'est un processus cyclique en quelque sorte. Michel, une question de l'un de nos répondants concernant ce cadre national. Il se demande quel rôle les agences de développement régional peuvent jouer dans une économie fondée sur les données. Devrions-nous réfléchir à ces questions à l'échelle nationale? Ou une approche régionale est-elle plus judicieuse? Je vais peut-être prendre une liberté artistique et dire, quel devrait être cet équilibre, si vous voulez, entre national et régional?
[Michel rit.]
Parce que, dans le contexte canadien, on ne peut pas parler de l'un sans l'autre. Je vais donc mettre ça de côté et peut-être proposer la prochaine question à Teresa et à Taylor, afin que vous y pensiez : nous savons que l'IA et l'Internet des objets accroissent rapidement le volume de données recueillies. Michel a parlé de ça. Quel est le rôle du gouvernement dans la réglementation de l'IA dans le secteur privé et la protection des données des Canadiens? Vous pourriez peut-être y réfléchir pendant que Michel nous éclaire sur l'autre question facile.
[Michel rit.]
Michel Girard : Oui, eh bien, j'essaie d'établir des liens avec les tables de stratégie économique, et elles ont toutes dit — que ce soit l'agriculture ou l'agroalimentaire, il y avait la santé, il y avait les biosciences, il y avait les industries numériques de haute technologie et puis différentes ressources naturelles — elles ont toutes dit que nous avions besoin de notre propre stratégie nationale en matière de données. Il est clair que ces industries ne sont pas réparties de manière égale dans les régions. Vous pourriez donc imaginer un scénario dans lequel vous prendriez une région et diriez : « bon, on a beaucoup d'activités minières ici et on a, vous savez, des entreprises phares qui sont vraiment intéressées par l'établissement d'une chaîne de valeur des données en amont et en aval avec les gouvernements pour la conformité et pour mieux gérer les goulets d'étranglement du transport, etc. » Vous pourriez créer un collectif en matière de données pour ce secteur, et il serait probablement implanté en Alberta ou en Colombie-Britannique. Vous savez, pensons aux supergrappes. Nous en avons cinq, et ils ne sont pas d'envergure nationale. Ils ont une portée plutôt régionale en ce qui concerne les connaissances spéciales requises. On voit que des centres régionaux sont créés. Il y a donc peut-être un moyen pour nous d'examiner ces différents secteurs et de déterminer les meilleurs points de départ. Au bout du compte, nous ferons des économies d'échelle et nous obtiendrons de meilleurs algorithmes si nous rassemblons les données de tout le pays. Et même cela, ce n'est probablement pas suffisant. Certains algorithmes exigeraient... ou il serait préférable qu'on ait un meilleur accès aux données d'autres pays. La solution consiste donc à réfléchir à une approche régionale pour créer ces partenariats, mais aussi à accéder à un maximum de données pour obtenir de meilleurs algorithmes. N'est-ce pas logique?
Anil Arora : Oui, je vous remercie beaucoup. J'ai déjà dit que les données prennent de la valeur dès que l'on commence à les utiliser, et il faut évidemment les utiliser de manière responsable. D'où l'importance d'un dialogue avec les Canadiens. Or, l'IA ne tiendra pas compte des préjugés sous-jacents. Vous avez donc besoin de données de haute qualité, en plus du volume, pour pouvoir en faire bon usage. Taylor, j'ai mis l'autre question sur la table pour que vous l'examiniez, mais pendant que vous répondez à cette question, vous avez écrit un article fascinant sur les accords de Bretton Woods — nous avons besoin d'un autre moment Bretton Woods au sens d'une assise pour la gouvernance des données mondiales — alors peut-être que vous pourriez élaborer quelques-unes de vos pensées à partir de cela tout en essayant de répondre à certaines des autres questions faciles que nos répondants nous transmettent.
[Taylor sourit.]
Taylor Owen : Vous êtes très doué pour regrouper plusieurs questions complexes en une seule, mais je pense que la question de la gouvernance de l'IA ne concerne pas la gouvernance de l'IA en tant que telle. Bien sûr, nous devrions régir les applications d'IA, les entreprises qui développent l'IA, les données qui entrent dans l'IA, les cas d'utilisation particuliers qui peuvent avoir des conséquences négatives sur notre société et que nous jugeons inacceptables, du point de vue du droit; c'est une ouverture pour une conversation beaucoup plus large. Nous assistons à une véritable concentration du marché et de la propriété des données nécessaires au déploiement, notamment de l'apprentissage automatique. Nous voyons clairement les conséquences sociales et économiques du déploiement de la technologie, n'est-ce pas? Donc, toutes ces choses sont clairement du domaine gouvernemental. C'est un grand oui, nous allons devoir le faire, mais cela ne veut pas dire qu'il y a une chose appelée l'IA pour laquelle nous pouvons élaborer une politique. Une infrastructure technique, sociale, politique et économique est consacrée au développement de l'IA, et nous devons la gouverner. Ça montre la complexité de ces défis, je pense. En effet, parfois, nous finissons par dire qu'il y a cette chose appelée l'IA que nous pouvons régir, mais je pense que cela nous éloigne de problèmes beaucoup plus complexes. Il y a une dimension internationale. Je veux dire, quand on parle de la manière dont nous allons régir le déploiement de ces nouvelles technologies à l'échelle mondiale, on ne sait pas du tout précisément quelles institutions devraient en être responsables. C'est ce que l'on constate actuellement dans le cadre de la gouvernance de l'IA, car il n'existe pas d'organisme naturel pour ça. L'ONU n'est pas le bon endroit. L'OMC n'est pas le bon endroit. L'UE a un point de vue particulier sur la question. L'OCDE essaie de s'en charger, mais là encore, ses moyens sont très limités. C'est en partie parce que nous avons construit une structure institutionnelle internationale pour un certain type d'économie et un certain type de problème. Il s'agissait d'une économie industrielle, de la gestion des biens et services et des biens tangibles en particulier, de la limitation des conflits entre les États-nations. Nous avons essayé de créer des institutions pour un ensemble de problèmes, d'intervenants et de réalités matérielles. Je pense qu'une question se pose maintenant, à savoir si ce sont les bonnes institutions pour ce genre de problèmes? Dans certains cas, nous pourrions trouver un organisme naturel pour certaines de ces questions, qu'il s'agisse de l'IA ou des normes mondiales en matière de données ou de la bioéthique, des questions de bioéthique et des technologies auxquelles nous allons être confrontés, de la géo-ingénierie. Nous sommes confrontés à toute une série de défis technologiques qui ne sont probablement pas en phase avec nos institutions actuelles. Donc, oui, je pense que c'est une conversation que nous devons avoir.
Anil Arora : C'est une autre occasion pour le Canada sur la scène internationale également.
Taylor Owen : Absolument.
Anil Arora : Je vous remercie beaucoup. Teresa, votre avis sur tout ça? Michel et Taylor ont dit des choses avec lesquelles vous êtes d'accord ou vous voulez répliquer à certains de points?
Teresa Scassa : Non, je suis largement d'accord avec eux, je dirais. Je pense que l'un des défis — eh bien, nous sommes confrontés à de nombreux défis au Canada –, mais l'un d'entre eux, et je pense au contexte de la réglementation de l'IA et de la protection des données, et ainsi de suite, si nous parlons de la réglementation de l'IA en général, nous sommes sur le point — je le crois toujours, même si les preuves ne sont pas écrasantes –, que nous sommes sur le point d'amorcer une période de réforme des lois sur la protection des données au Canada. Tôt ou tard, nous aurons un projet de loi pour réformer la LPRPDE, et il y en aura peut-être même un pour réformer la Loi sur la protection des renseignements personnels. Donc, à bien des égards, je pense que cela aura pour conséquence de pousser beaucoup de ces questions dans ce panier par défaut, et je pense que certaines d'entre elles y ont leur place, certaines d'entre elles sont des questions de protection des données, mais certaines d'entre elles peuvent être des questions plus larges et peuvent avoir leur place ailleurs ou doivent être considérées ailleurs dans un autre contexte, comme Taylor l'a expliqué. Je pense donc que, du simple fait que ce sont les lois qui sont les plus désespérément dépassées et qui ont le plus besoin d'être modifiées, et qu'elles revêtent une très grande importance, je pense que nous verrons une grande partie de la discussion sur la réglementation de l'IA se dérouler dans le contexte de la protection des données et dans le contexte de lois très précises qui ont leurs propres limites, qui sont intégrées par le fédéralisme et par d'autres ensembles de questions. Ce que je trouve malheureux. Je pense que ça doit se faire — et s'il vous plaît, n'interprétez pas cela comme si je disais qu'il ne faut pas réformer ces lois, cela doit se faire –, mais je pense qu'il est malheureux de voir la discussion être largement encadrée juridiquement et politiquement au Canada. C'est là que ça va se passer, car je pense qu'il faut une approche plus large et plus complète. Et pourtant, ce que je prévois, c'est que nous allons commencer à parler de la réglementation de l'IA uniquement en lien avec les dispositions que nous allons ajouter et lesquelles... Nous allons débattre de la formulation de ces dispositions, et c'est là que la discussion aura lieu. Je pense que l'un des défis auxquels nous sommes confrontés est de trouver un endroit pour avoir cette discussion plus large, au lieu de faire simplement l'objet d'une discussion de moindre importance, parce que c'est ce qui est prioritaire.
[Anil et Taylor hochent la tête.]
Anil Arora : C'est difficile à croire, mais le temps est presque écoulé. Chers collègues, cette discussion a été incroyablement riche, et je suis sûr que ce n'est que le début ou le premier acte d'une longue série au sein de nos organisations respectives et de nos communautés. Je tiens à vous remercier tous, Teresa, Taylor, Michel et Aaron également, ainsi que le CIGI pour cet incroyable travail. Encore une fois, merci à Taki et à l'incroyable direction de l'École pour avoir organisé tout cela. C'était un plaisir pour Statistique Canada et pour moi-même de participer à cette discussion. Ainsi, chers collègues, j'espère que vous avez saisi la complexité de cette question et l'occasion qui s'offre au Canada lorsqu'il s'agit de bien faire les choses. Le prochain événement de la série « Nouvelle économie » aura lieu le 13 août. Il portera sur l'importance de la propriété intellectuelle dans le façonnement de la nouvelle économie et sera animé par mon collègue Mark Schaan de l'ISED. Je vous souhaite donc à tous une merveilleuse fin de journée. Je vous remercie d'avoir participé à cette discussion aujourd'hui. Merci à tous. Au revoir.
[Teresa fait signe de la main pendant que l'appel Zoom s'estompe. Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada s'affiche sur un fond violet. Ses pages se tournent, le fermant comme un livre. Une feuille d'érable s'affiche au centre du livre qui ressemble aussi à un drapeau avec des lignes courbes en dessous. Le mot-symbole du gouvernement du Canada s'affiche : le mot « Canada » avec un petit drapeau canadien qui s'agite au-dessus du dernier « a ». L'écran s'estompe et devient noir.]