Transcription
Transcription : Entre cadres : Le rôle de cadre dans la lutte contre les changements climatiques
[Sarah Plouffe et Nick Xenos apparaissent dans des encadrés du clavardage vidéo.]
Sarah Plouffe de l'École de la fonction publique du Canada : Bonjour et bienvenue à l'École de la fonction publique du Canada. Je m'appelle Sarah Plouffe et serai votre animatrice pour la séance Entre cadres d'aujourd'hui. Donc au nom de l'École de la fonction publique Canada, j'aimerais vous souhaiter la bienvenue à cet événement. Avant de commencer, j'aimerais reconnaître le territoire non cédé algonquins-anichinabé, d'où bon nombre d'entre nous regardent cet événement, et d'où je vous parle aujourd'hui.
Certains d'entre vous se trouvent peut-être dans d'autres régions du pays. Je vous encourage à prendre le temps de reconnaître le territoire sur lequel vous vous trouvez. Avant d'entrer dans le vif du sujet, voici quelques détails techniques concernant la séance. Donc l'événement d'aujourd'hui sera bilingue. L'interprétation simultanée et la traduction en temps réel des communications en sous-titres est disponible également. Pour avoir accès à ces services pendant l'événement, veuillez cliquer sur l'icône de traduction sur l'interface de la diffusion Web. Vous pouvez aussi consulter le courriel de rappel qui vous aura été envoyé de la part de l'École au moment de votre inscription à l'événement.
Donc l'événement d'aujourd'hui sera bilingue. Pour avoir accès à des services d'interprétation simultanée et de traduction en temps réel des communications en sous-titres, veuillez cliquer sur l'icône de traduction sur l'interface de la diffusion Web. Vous trouverez également un lien dans le courriel de rappel qui vous a été envoyé par l'École pour cet événement. Comme toujours, pour vous aider à profiter pleinement de l'événement, nous vous encourageons à vous déconnecter de votre RPV, si possible. Veuillez vous déconnecter du système central pour une meilleure expérience de visionnement. Je vous souhaite donc la bienvenue à cet événement de la série Entre cadres. Nous aborderons aujourd'hui le rôle que jouent les cadres dans la lutte contre les changements climatiques. Nous sommes très chanceux d'accueillir un excellent conférencier, reconnu pour sa vaste expertise, dans le cadre de l'événement d'aujourd'hui. Chaque fois que je l'entends parler de ce sujet, j'apprends de nouvelles choses. Souhaitons la bienvenue à Nick Xenos, directeur exécutif du Centre pour un gouvernement vert du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Bienvenue, Nick.
Nick Xenos du Secrétariat du Conseil du Trésor : Bienvenue. Content d'être ici.
Sarah Plouffe : Excellent. Alors on a juste 30 minutes ensemble aujourd'hui, donc je vais commencer, et je lance tout de suite une première question. Nous sommes presque déjà tous au fait des questions climatiques en raison des renseignements qui sont transmis par les médias et d'autres sources. Or, comme il s'agit d'un sujet qui évolue rapidement, il se peut que nous n'y portions pas toute l'attention qu'il mérite. J'aimerais profiter de votre présence aujourd'hui pour vous demander quels sont les principaux éléments d'information que les cadres supérieurs de la fonction publique devraient connaître actuellement? À quoi devrions-nous prêter attention en matière de changements climatiques en tant que cadres, même si notre poste n'est pas constamment étroitement lié aux changements climatiques?
Nick Xenos : Oui. Bonne question, Sarah. Merci. Les changements climatiques touchent toute la planète et, surtout, les personnes qui y vivent, n'est-ce pas? La planète a subi et continuera de subir divers cycles climatiques, mais, naturellement, le nombre de personnes qui y vivent et la façon dont ces cycles nous touchent sont les éléments qui importent le plus. Et, pour la première fois, nous contrôlons les conditions climatiques de la planète. C'est pourquoi nous vivons actuellement à une époque complètement différente, en quelque sorte. Il y a deux choses importantes à savoir. Bien entendu, nous savons que les États ont accepté de maintenir le réchauffement climatique mondial en dessous de 2 degrés et qu'ils visent un réchauffement mondial de 1,5 degré, car c'est... Si nous pouvons respecter ces objectifs, les pires conséquences des changements climatiques n'auront pas lieu. Bien des gens ne savent pas que la terre s'est déjà réchauffée d'un degré et que le réchauffement au Canada est presque deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Nous avons donc connu une augmentation de nos températures de 1,8 degré, et le réchauffement dans l'Arctique est trois fois plus rapide que la moyenne mondiale.
Le Canada est, en fait, particulièrement touché par les changements climatiques. C'est pourquoi nous devons prendre des mesures. L'autre chose à savoir, c'est que la connexion entre les systèmes de la planète sont très complexes. L'atmosphère, les océans, la Terre, la biosphère. Ils interagissent tous ensemble et forment les systèmes climatiques. Alors c'est quelque chose auquel il faut faire attention, et beaucoup des changements sont... ne vont pas être... on ne peut pas les changer. Ils seront irréversibles. C'est pourquoi il est important de prendre des mesures maintenant et de veiller à ce que l'écosystème de la planète n'évolue pas au-delà d'un seuil où nous pouvons encore nous adapter.
Pourquoi est-ce important pour nous? Eh bien, les répercussions des changements climatiques se font déjà sentir partout au Canada. Nous éprouvons des phénomènes météorologiques extrêmes. De nombreux pays sont aux prises avec des enjeux de sécurité alimentaire et d'approvisionnement en eau. Le niveau de la mer monte, et nous sommes le pays qui a les plus longues côtes au monde. Les écosystèmes changent. Et donc, beaucoup de ce qu'on voit dans les nouvelles et de ce qu'on lit sur l'impact au Canada – ce qu'il faut qu'on fasse au Canada, c'est de l'information que des scientifiques fédéraux dans nos bureaux nous disent.
Nos scientifiques fédéraux gagnent des prix Nobel et participent au processus du GIEC. Le groupe gouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, qui contribue aux études scientifiques internationales qui ont eu lieu dans nos laboratoires, dans nos ministères et dans le cadre de nos mandats, nous dit quelles mesures nous devons prendre. Le gouvernement fédéral constitue l'un des principaux acteurs du domaine scientifique et de la prestation de services de programmes. Je reviendrai sur ce sujet, mais c'est important pour nous. Il est également important de savoir que le gouvernement du Canada a un plan de lutte contre les changements climatiques. L'objectif est de réduire les émissions de 40 à 45 % d'ici 2030 et d'être carboneutre d'ici 2050. Et de s'adapter aux changements climatiques par l'entremise de la stratégie nationale d'adaptation. Le plan en matière de changements climatiques comprend des mesures pour les bâtiments, le secteur du transport, les entreprises, le pétrole et le gaz, l'électricité, l'agriculture et la résilience climatique. Et les divers secteurs mettent la main à la pâte.
Naturellement, le gouvernement du Canada s'est engagé à écologiser ses propres activités, qui sont considérables étant donné l'envergure de notre organisation. Le gouvernement possède 50 000 bâtiments et infrastructures et 40 000 véhicules, et il est le plus grand acheteur public au pays. Nous achetons pour 18 milliards de dollars de biens et de services par année. Lorsque nous demandons au pays d'être carboneutre, ce que nous disons en fait, c'est que nous devons, en tant que principal acteur du pays, faire preuve de leadership et joindre le geste à la parole.
Sarah Plouffe : Tout à fait, très bon point. On sait que le gouvernement justement, a mis des... a pris des engagements, fixé des objectifs, en matière de changement climatique, au moyen de toutes sortes de mesures, de programmes partout au pays. Et puis vous nous avez mentionné que le gouvernement a fait sa part, justement, pour devenir plus vert. Alors j'aimerais vous entendre sur quelques exemples concrets de la façon dont on fait cela en tant qu'appareil gouvernemental.
Nick Xenos : Bonne question. Alors comme nous avons toutes les choses qui créent les gaz à effet de serre, les édifices, les véhicules, et comme on achète des produits et services, on est un bon exemple de diminution des gaz à effet de serre dans tous ces domaines. Alors si quelqu'un me demandait... Lorsqu'on me demande quoi faire pour devenir carboneutre, je réponds toujours la même chose. D'abord, il faut se pencher sur la façon dont vous chauffez votre maison. Utilisez-vous du pétrole ou du gaz? Examinez la façon dont vous vous déplacez. Si vous avez un véhicule, s'agit-il d'un véhicule électrique? Puis, réfléchissez à ce que vous achetez. Les objets que l'on achète ont une importante empreinte carbone.
Les matériaux de construction, comme l'acier ou le ciment, ont une empreinte carbone élevée, puisque leur fabrication émet beaucoup de carbone. Si vous achetez des aliments locaux, vous réduisez votre empreinte carbone, car ces aliments nécessitent moins de transport pour se rendre jusqu'à vous. Le gouvernement du Canada doit donc faire les mêmes efforts, mais à une échelle plus grande, n'est-ce pas? Nous possédons 50 000 bâtiments et éléments d'infrastructure. Les milliers de fonctionnaires qui travaillent dans le domaine des biens immobiliers au sein du gouvernement du Canada pensent peut-être qu'ils ne participent pas à la lutte aux changements climatiques, mais ils se trouvent en fait sur la ligne de front.
Comment pouvons-nous moderniser ces immeubles et les rendre carboneutres? L'équipe du Secrétariat du Conseil du Trésor se trouve au cœur des activités d'écologisation. Nous avons élaboré... Le gouvernement a approuvé notre stratégie d'écologisation du gouvernement. Celle-ci comprend des mesures que les fonctionnaires peuvent prendre pour écologiser leurs activités. Par exemple, tous les nouveaux bâtiments doivent être carboneutres. Toute modernisation doit contribuer à une décarbonisation en profondeur, comme une réduction de 80 à 90 % du carbone. Par exemple, 75 % des véhicules que nous achetons doivent être écologiques.
En ce qui concerne le processus d'approvisionnement, nous devons nous pencher sur toutes les activités d'approvisionnement du gouvernement et réfléchir à la façon dont nous pouvons nous procurer des biens plus sobres en carbone. Et tout le monde peut acheter des biens qui... Tout le monde peut examiner ses dépenses et se demander « Qu'achetons-nous le plus souvent, et comment pouvons-nous choisir l'option la plus écologique? »
Le gouvernement du Canada s'est également engagé à s'approvisionner en électricité entièrement propre et à s'adapter aux changements climatiques. Il s'agit d'un autre élément très important. Les changements climatiques sont une réalité. Si la Terre se réchauffe de deux degrés, cela signifie que le Canada se réchauffera d'environ quatre degrés. Alors il faut s'assurer que notre infrastructure, que nos services, que nos programmes soient résilients face aux changements climatiques. Il ne faut pas penser comme par le passé, mais il faut penser à ce que sera le climat du futur, même du présent et du futur, comment peut-on s'adapter à ce climat-là. Par exemple, si nous construisons ou concevons un port pour une base navale ou pour Pêches et Océans Canada, quelle sera l'élévation du niveau de la mer à cet endroit? Et comment pouvons-nous veiller à ce que l'installation s'adapte à un niveau de la mer plus élevé et à une augmentation du nombre d'événements météorologiques extrêmes?
En ce qui concerne les autres bâtiments fédéraux, se trouvent-ils sur une plaine inondable? Offrent-ils des services essentiels? S'agit-il d'une installation qui ne peut pas être mise hors service? S'il s'agit d'un laboratoire essentiel, d'un poste frontalier, d'une base de défense ou d'un établissement correctionnel, ces installations doivent être résilientes. Il faut donc faire appel à des firmes d'ingénierie pour déterminer la résilience de ces installations à l'évolution du climat. Quelle quantité de neige tombera? Construisons-nous les bâtiments pour qu'ils résistent à cette quantité de neige? Il faut se poser ce genre de questions.
Si vous œuvrez dans un secteur opérationnel, par exemple si vous travaillez pour la GRC ou le MDN, vous savez que les conditions météorologiques touchent les collectivités. Les activités ont changé dans ces secteurs. Prenons par exemple les feux de forêt et les inondations en Colombie-Britannique. Combien de détachements et de membres de la GRC ont dû faire des tâches différentes? Combien... Je réfléchissais à mes homologues de Postes Canada l'autre jour. Comment peuvent-ils rediriger le commerce électronique, toutes les expéditions que nous faisons lorsque le système de transport ou l'infrastructure n'est plus fonctionnel? Comment peut-on continuer à faire rouler l'économie? N'est-ce pas?
Cela touche toutes les régions. Si vous êtes l'Agence du revenu du Canada, et que vos recettes fiscales sont touchées par des conditions météorologiques extrêmes, que devez-vous faire? Si vous êtes Pêches et Océans Canada, le climat influence la température de l'eau qui, à son tour, influence les espèces de poissons présentes dans les cours d'eau et les quotas que vous établissez. Réfléchissons-nous à l'avenir des programmes en fonction des changements climatiques? Il ne s'agit là que de quelques exemples.
Il y a aussi l'évolution des périodes de chasse et de pêche dans le Nord. Le dégel du pergélisol a une incidence sur l'infrastructure dans laquelle nous vivons. L'élévation du niveau de la mer a des répercussions sur les ports, l'infrastructure, etc. Pas seulement sur les installations fédérales, mais aussi sur l'exploitation minière, etc., n'est-ce pas? Il existe tellement d'exemples!
Sarah Plouffe : Merci. C'est surprenant, avec ces exemples, que nous ne pensions pas automatiquement aux changements climatiques lorsque nous prenons toutes ces décisions et que nous posons des gestes au quotidien. Mais parfois, on se laisse emporter par son travail, et on ne pense à rien d'autre, n'est-ce pas?
[Sarah mets les mains sur les côtés du visage, en mimant des œillères.]
Que peuvent faire les cadres de la fonction publique fédérale au quotidien? Quelles mesures pouvons-nous prendre? Comment pouvons-nous faire preuve de leadership à ce sujet, peu importe si nous travaillons sur un dossier directement lié aux changements climatiques ou non? Tous les exemples que vous nous avez donnés aujourd'hui démontrent que tous nos dossiers seront touchés par les changements climatiques. Comment pouvons-nous jouer un rôle de chef de file dans nos activités quotidiennes, même si les dossiers sur lesquels nous travaillons ne semblent pas liés aux changements climatiques?
Nick Xenos : Je dis souvent, à la blague, qu'en discutant avec n'importe qui, je peux trouver un lien entre ses projets et les changements climatiques. Ce n'est peut-être pas le cas pour tous les projets, mais si ce n'est pas un dossier sur lequel vous travaillez directement, ce sont les personnes autour de vous et le mandat de votre ministère qui sont touchés.
Voici donc quelques étapes à suivre. Pour commencer, informez-vous des engagements en matière de changements climatiques du gouvernement. Consultez son plan de lutte contre les changements climatiques. Jetez un coup d'œil au mandat de votre ministère et à la façon dont il s'intègre au plan, car il concerne votre ministère, et bon nombre de personnes œuvrant au sein de celui-ci y sont affectées. Et votre projet pourrait y être directement ou indirectement lié. Mais si vous travaillez au sein d'un service de soutien ministériel, vous soutiendrez des personnes qui, elles, travaillent de près sur ces questions.
Imaginons que vous œuvrez dans le secteur des RH pour EDSC. Je vais donner un exemple lié aux feux de forêt à Fort McMurray. Eh bien, lorsque les feux de forêt ont eu lieu à Fort McMurray, beaucoup de personnes ont dû demander des prestations d'assurance-emploi ou obtenir divers services offerts par le gouvernement du Canada. Mais comme le bureau de Service Canada local n'était pas fonctionnel, EDSC a dû embaucher de nouveaux employés et les transférer ailleurs. Naturellement, cela a une incidence sur les ressources humaines, n'est-ce pas? Et comment peut-on embaucher de nombreux employés temporaires ou les transférer dans une région en particulier?
La COVID-19 nous a aussi beaucoup appris sur la résilience climatique, n'est-ce pas? Devons-nous embaucher tous nos employés à Ottawa? Pouvons-nous embaucher des gens partout au Canada? Cela nous rend plus résilients aux pandémies, mais aussi aux changements climatiques, car nous pouvons travailler de partout, n'est-ce pas? Vous pourriez travailler dans le secteur des services de soutien... vous pourriez travailler dans n'importe quel secteur de cette façon. Soyez donc conscients des engagements en matière de changements climatiques. Soyez au courant des initiatives que prend le gouvernement, comme le nouveau Plan de réduction des émissions, qui se fonde sur la version améliorée du plan de lutte contre les changements climatiques. Travaillez en tenant compte des changements climatiques.
Le gouvernement du Canada met actuellement à l'essai un projet dans le cadre duquel les mémoires au Cabinet et les présentations au Conseil du Trésor sont rédigés en tenant compte des changements climatiques. N'importe quelle présentation dans l'avenir qui sera un mémoire au Cabinet ou une présentation au Conseil du Trésor. Il va falloir prendre en compte la façon de diminuer les gaz à effet de serre? Est-ce qu'ils s'adaptent aux changements climatiques? Ou, est-ce que ça aide à régler le problème, ou est-ce que ça cause le problème? Alors ça va être... Maintenant c'est un projet pilote, mais ils vont le faire en utilisant les programmes du gouvernement du Canada. Il y a aussi la Stratégie pour un gouvernement vert et la Politique sur les achats écologiques. Alors c'est important d'appliquer tout cela sur nos opérations, sur notre immobilier, sur notre parc de véhicules et sur nos achats.
Pour ce faire, il est important de connaître les initiatives relatives aux changements climatiques et le mandat de votre ministère à cet égard. Ensuite, il faut donner l'exemple, dans son travail, n'est-ce pas? Nous demandons aux Canadiens de lutter contre les changements climatiques. Nous devons également faire de même. J'ai montré à quel point nous sommes importants. Et c'est difficile. On ne peut pas avoir un gouvernement qui, d'une part, prend des engagements, mais qui, d'autre part, ne respecte pas son orientation stratégique pour chacun de ses dossiers, n'est-ce pas?
Si vous œuvrez dans le secteur des services ministériels et que vous gérez des immeubles, assurez-vous de disposer d'une stratégie pour les rendre carboneutres. Si vous gérez une flotte, ou si vous conduisez le véhicule d'une flotte gérée par quelqu'un d'autre. Donc, si vous êtes un agent d'inspection, j'utilise toujours cet exemple. Imaginons que vous êtes un agent d'inspection d'Environnement Canada et que vous êtes sur le point de donner une contravention à quelqu'un pour avoir pollué une rivière ou autre chose, mais que vous conduisez un véhicule polluant. Il y a quelque chose qui cloche, n'est-ce pas? De nos jours, ce qui a également changé, c'est que les gens s'attendent à ce que nous agissions d'une manière qui soit cohérente avec notre orientation stratégique. Ainsi, pouvons-nous donner une contravention à quelqu'un parce qu'il pollue la rivière alors que nous conduisons une voiture qui émet des GES? Donc, si vous n'avez pas de véhicule électrique et que vous avez besoin d'un véhicule pour effectuer votre travail, demandez à votre gestionnaire de parc comment vous pourriez en obtenir un.
Nous devrions aussi songer à faire les choses différemment. La COVID-19 nous a enseigné quelque chose, non? Que nous avions l'habitude... D'utiliser nos maisons la moitié de la journée, et nos bureaux l'autre moitié. Et puis, nous prenons tous nos véhicules pour nous entasser sur la même infrastructure, quatre heures par jour : deux le matin et deux l'après-midi. Ensuite, nous disons que nous ne pouvons pas nous permettre de conserver nos infrastructures. Et c'est la même chose pour les biens immobiliers du gouvernement; nous ne pouvons pas nous permettre de les conserver, n'est-ce pas? Il faut réfléchir à la façon dont on peut faire les choses différemment. Cela n'a pas de sens d'utiliser des infrastructures très coûteuses la moitié de la journée et que ces infrastructures, que nous construisons pour une utilisation maximale, soient vides le reste du temps. Ça a du sens, puis là on se demande – on a pas l'argent pour tout ça. Eh bien oui, je suis d'accord. On n'a pas l'argent pour tout ça et on ne veut pas payer des taxes pour tout ça. Alors il faut penser un peu différemment.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Alors, disons que vous mettez au point des programmes de développement économique et que vous vous dites : « ces programmes n'ont rien à voir avec les changements climatiques ». Je vais vous donner un exemple dans la région de Gaspé.
Imaginons que vous vous rendez au Rocher Percé pour aller visiter le Rocher Percé. Il s'agit d'une région très touristique. Souvent, les gens vont simplement voir le Rocher Percé avant de repartir. N'est-ce pas? La ville était confrontée à un problème : son littoral était érodé par les changements climatiques, une augmentation du nombre de tempêtes, l'élévation du niveau de la mer, etc. Ses dirigeants se sont adressés à la société de développement du Québec, notre instance régionale en matière de développement au Québec, et ont obtenu du financement. Ils ont ensuite restauré [00:20:32 inaudible] la zone côtière de cette région et en ont fait une plage, puisque les plages résistent beaucoup mieux aux conditions météorologiques extrêmes que les infrastructures matérielles. C'est bien connu dans le domaine de l'adaptation.
En fait, la construction de cette plage constituait un développement économique, car les familles qui venaient faire du tourisme restaient trois jours ou quatre jours, parce qu'elles passaient du temps à la plage. La Ville et le gouvernement fédéral ont soutenu ce projet. La ville a ainsi réalisé un projet de développement économique très utile pour la lutte contre les changements climatiques ainsi que pour la résilience. Voilà le genre d'exemples auxquels vous devez penser. Comment combiner les deux? Comment combine-t-on le développement économique ou les avantages sociaux à la lutte aux changements climatiques?
Je pourrais vous donner un million d'exemples. Voici un autre bon exemple : je parle beaucoup avec les gens de Parcs Canada. Ils protègent certains écosystèmes. Ces écosystèmes changent. Si vous travaillez dans le secteur de l'environnement et que vous effectuez des évaluations environnementales pour des mines, par exemple. La mine pourrait s'ouvrir sur le lac, et alors, on pourrait dire qu'elle n'a pas de répercussions sur les caribous. Cela pourrait s'avérer juste, car les caribous pourraient se déplacer en raison des changements climatiques. Comment établir ce genre de données scientifiques et réaliser des évaluations environnementales lorsque ce que nous pensions être stable ne l'est plus?
Les écosystèmes changent, et vous devez effectuer votre analyse en fonction de ces changements. Donc, voici quelques exemples. Si vous travaillez sur un dossier international, il y a beaucoup de conflits créés par la nourriture, l'eau ou la sécurité. Les changements climatiques constituent un catalyseur. Davantage de pression s'exercera dans le domaine de l'immigration. Et donc, si vous travaillez pour Immigration Canada, préparez-vous à ce genre d'éventualité : soyez à l'affût des points chauds. La même chose s'applique aux secteurs de la défense et des affaires mondiales. Les fonctionnaires sont bien conscients de ces impacts, mais ce sont... Si vous travaillez pour Agriculture et Agroalimentaire Canada, Pêches et Océans Canada ou une instance semblable, vous observerez beaucoup de répercussions sur les ressources, sur l'exploitation des ressources et sur nos ressources naturelles.
Si vous travaillez pour Santé Canada, la répercussion la plus importante liée aux changements climatiques est actuellement la chaleur et les décès qu'elle cause. Et donc, c'est quelque chose dont on entend peu parler. On ne le voit pas, mais en fait, plus de gens meurent de la chaleur extrême que pour d'autres raisons. Et donc, Santé Canada a des programmes liés à cet enjeu. La prévalence de la maladie de Lyme a également augmenté. Bon nombre des dimensions de la santé auxquelles nous songeons sont touchées par les changements climatiques.
Ainsi, en tant que cadre, soyez à l'affût des engagements du gouvernement et de la manière dont ils s'appliquent à votre travail et à votre mandat. Voyez comment vous pouvez innover, être à l'avant-garde et sensibiliser votre équipe et votre région. Réfléchissez à la façon dont vous pouvez travailler avec les gens qui cherchent à résoudre le problème. N'attendez pas que les autres vous disent quoi faire, collaborez.
J'ai parlé à certains de mes collègues spécialistes des finances, par exemple, à des employés du bureau du DPF au Secrétariat du Conseil du Trésor, et nous examinions... On pourrait penser que nous n'appliquons que des normes comptables et que la politique financière n'a rien à voir avec les changements climatiques. Quelque chose d'aussi simple que conduire une voiture, une voiture de fonction, c'est très facile si on dispose d'une carte d'essence. Il suffit de faire le plein en utilisant la carte d'essence. Mais si on dispose d'un véhicule de fonction électrique et qu'on le recharge au cours de la nuit, alors les frais seraient peut-être de 1 $ au lieu des 60 $ requis pour faire le plein à la station-service. Le coût serait de 1 $, mais la situation serait plus compliquée, parce que nous ne savons pas comment la gérer.
On ne sait pas quoi faire. Quelqu'un amène l'auto chez lui puis il le recharge... Est-ce qu'il veut un remboursement, comment est-ce qu'on organise tout ça? Alors même nos politiques financières, il faut les ajuster, il faut comprendre ce qui est possible. Si quelqu'un veut prendre l'autobus au lieu d'un taxi pour se rendre à une réunion, est-ce qu'on est organisés? Est-ce qu'on a acheté une carte Presto pour l'équipe, la division, au lieu... Non. N'est-ce pas? Mais si quelqu'un prend le taxi et que ça coûte 20 dollars, il n'y a pas de problème, on paye 20 dollars. Mais s'il prend l'autobus pour trois dollars, alors on ne sait pas quoi faire. Alors là, on économise l'argent des contribuables puis... mais nos systèmes ne sont pas équipés. Alors même si on fait partie des services ministériels, des Opérations, des Programmes, n'importe quoi, il faut se dire « Bon, comment peut-on s'adapter aux changements climatiques... prendre des mesures pour contrer les changements climatiques. Et autre chose, pensez-y... vous‑même, dans votre maison, dans vos activités quotidiennes. Comment chauffez-vous votre maison? Comment vous déplacez-vous? Qu'achetez-vous? Y avez-vous songé?
Ce sont des choses auxquelles il faut songer. Je suis sûr que vos enfants rentrent de l'école et vous questionnent sur ce que vous faites. Vous pouvez donc dire vous aussi que vous prenez des mesures pour lutter contre les changements climatiques et que vous aidez les gens autour de vous à agir.
Sarah Plouffe : C'est fantastique. Merci. Il y a beaucoup d'exemples. Je pense aussi que vous avez mentionné certaines des ressources, certains des documents clés. Je pense qu'il y en a peut-être qui vont être envoyés, aussi dans le courriel qui va suivre. Mais voudriez-vous mentionner quelques-uns de ces documents clés qui sont disponibles et que nous devrions tous consulter?
Nick Xenos : Oui, alors pour commencer, il y a vraiment le Plan climatique canadien... Prenons le Plan de réduction des émissions et la version améliorée du plan de lutte contre les changements climatiques. Donc, on assiste à une sorte de combinaison des deux, puisque le gouvernement est passé de l'un à l'autre. Vous les trouverez en consultant le site Web d'Environnement Canada et en cliquant sur « Changements climatiques ». Ce lien constitue le meilleur point de départ.
Vous pouvez également consulter la Stratégie pour un gouvernement vert. Il s'agit de la stratégie du gouvernement relative à ses propres activités. Ces deux documents sont très utiles et importants. Et je dirais, si vous voulez consulter des données scientifiques fiables en la matière, tournez-vous du côté du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Rendez-vous sur son site Web et consultez ses rapports les plus récents. Vous y trouverez notamment un résumé destiné aux décideurs et un sommaire. Il s'agit de données scientifiques officielles. Les membres du groupe ont synthétisé les données scientifiques de milliers de scientifiques du monde entier. N'hésitez pas à consulter ce document. Il se lit rapidement, et vous pourrez vraiment comprendre ce qui se passe à l'échelle mondiale. Je vais aussi vous donner un exemple. Alors ça c'est juste un exemple, quelques exemples de documents qui sont disponibles pour tout le monde. Et regardez le mandat de votre ministère. Regardez le plan votre ministère. Regardez les engagements sur les changements climatiques de votre ministère et de votre ministre, parce que...
Dans leur lettre de mandat, tous les ministres affirment qu'ils examineront leur portefeuille, leur ministère et qu'ils verront ce qu'ils peuvent faire pour lutter contre les changements climatiques. Votre ministre est responsable de sa lettre de mandat. Et donc, vous pouvez consulter ces documents sources, ce serait un bon point de départ.
Sarah Plouffe : Excellent. Alors on a les sources d'information, on sait pourquoi c'est important pour tout le monde, pour nous, pour nos futures générations, pour notre travail. Alors moi, ça m'a grandement inspiré. J'espère que ça a inspiré les gens qui nous écoutent aujourd'hui. C'est ce qui conclut notre événement d'aujourd'hui. J'aimerais sincèrement remercier M. Xenos, et vous tous partout au pays, d'avoir participé à cet événement. J'espère que vous l'avez apprécié, que vous avez appris quelque chose de pertinent aujourd'hui. Comme toujours, vos commentaires sont très importants pour nous. Nous essayons de créer les meilleurs événements pour vous et nous accordons beaucoup d'importance à vos commentaires. Nous vous transmettrons un formulaire d'évaluation électronique. Veuillez prendre deux minutes pour le remplir et nous le retourner. Et l'École a plus d'événements comme celui-ci à offrir. Nous vous encourageons à consulter notre site Web. Allez voir les offres qui sont présentées sur le site Web de l'École de la fonction publique. Il y en a toute une panoplie sur des sujets variés qui sont très, très intéressants. Puis si vous avez des idées, vous pouvez toujours nous envoyer vos commentaires là-dessus également. Donc, encore une fois : merci à tous d'avoir participé à l'événement d'aujourd'hui. Merci à M. Xenos, et passez une merveilleuse journée.
[L'écran du clavardage vidéo devient noir et laisse la place au logo de l'EFPC.]
[Le logo du gouvernement du Canada apparaît, puis l'écran devient noir.]