Transcription
Transcription : Discussion informelle sur la gestion de la complexité, avec John Hannaford
[La vidéo s'ouvre sur le logo animé de l'EFPC.]
[Page de titre. Texte à l'écran : Policy Community/Communauté des politiques; 11 h – Discussion informelle; 11 h 40 – Réflexions sur la navigation dans la complexité (HNE). Images de John Hannaford, greffier du Conseil privé, gouvernement du Canada; et Serge Bijimine, champion de la communauté politique, SMA Politiques, Transports Canada.]
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Je voulais commencer par parler de quelque chose qui préoccupe beaucoup de gens. Ainsi, il y a quelques mois, vous êtes devenu chef de la fonction publique, greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet. Comment allez-vous? <rires>? Comment ça va? <Rires>
[John Hannaford rit de bon cœur.]
John Hannaford :Je n'ai pas l'air bien? <Rires>.
Serge Bijimine : Non, vous avez l'air très bien. Mais c'est l'un de ces moments où vous héritez de ce poste, et personne ne prend le temps de vous demander comment vous allez, en tant qu'être humain?
John Hannaford :C'est une période fascinante pour faire ce travail. Je suis frappé par la nouveauté de nombreuses situations auxquelles nous sommes confrontés collectivement et auxquelles je suis confronté en tant que personne. C'est un environnement de gouvernance complexe. La géopolitique est compliquée. Le contexte technologique est compliqué. Les effets du climat ont des répercussions sur nous tous. Je veux dire, ce sont toutes des choses qui rendent le travail du gouvernement difficile, mais extraordinairement pertinent. Et donc, en tant que personne, je ressens les effets de toutes ces choses qui transitent par divers dossiers différents qui arrivent sur mon bureau,
mais je suis vraiment frappé par l'importance du travail que nous faisons ensemble. Je pense que les gouvernements jouent un rôle particulièrement important dans les défis auxquels nous sommes confrontés.
[John Hannaford apparaît en plein écran. Texte à l'écran : John Hannaford, Clerk of the Privy Council; Greffier du Bureau du Conseil privé.]
John Hannaford :Que vous essayiez de comprendre comment gérer la géopolitique, comment gérer le climat, comment faire face à certains des changements technologiques auxquels nous sommes confrontés. Il s'agit là d'éléments positifs, car nous devrions toutes et tous reconnaître que le travail que nous accomplissons compte beaucoup dans des domaines qui sont d'une grande importance pour le pays.
Donc, voilà. Et en même temps, je suis très conscient du fait que tous ces défis – que nous pourrions commencer à énumérer plus précisément – surviennent en quelque sorte simultanément. J'ai envie d'employer le terme « polycrise ». C'est un défi pour nous toutes et tous en tant que personnes, et c'est également un défi pour l'institution d'essayer de comprendre comment gérer dans un contexte où de multiples exigences nous sont imposées.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation. Texte à l'écran : Reflections on Navigating Complexity; Policy Community Conference 2023.] [Pistes pour naviguer dans la complexité; Conférence de la Communauté des politiques 2023]
John Hannaford : Chacune de ces exigences est vraiment très importante. Alors, comment déterminer ce qui doit figurer en haut de la pile? Comment pouvons-nous déterminer comment avancer d'une manière qui soit durable pour nous, en tant que personnes? Ce sont des défis auxquels nous faisons face, moi y compris.
Serge Bijimine : Parfait. J'imagine que c'est probablement plus le cas pour vous que pour les autres.
John Hannaford : Hmm, je ne sais pas. <Rires>.
Serge Bijimine : C'est le genre de poste où l'on peut littéralement travailler 24 heures sur 24 et où il y aura encore plus à faire. Et l'une des questions que les gens se posent est la suivante :
[Serge Bijimine apparaît en plein écran. Texte à l'écran : ADM Champion, Policy Community Initiative.] [SMA champion, Communauté des politiques]
Serge Bijimine :Que fait John Hannaford, l'homme, pour se détendre; quel est son passe-temps, que fait-il en dehors du travail?
John Hannaford : Eh bien, je pense qu'il est important de poser des limites autour du travail. Et comme vous le dites, ce n'est pas propre à mon métier.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford : Je pense que nous avons toutes et tous tellement d'exigences auxquelles répondre au cours d'une journée que l'on doit essayer consciemment de trouver comment y parvenir d'une manière qui nous soutient et renforce notre résilience. Personnellement, j'ai un tas de passe-temps. Je suis passionné de lecture; j'aime beaucoup mon chalet, c'est donc l'un de mes refuges. J'aime cuisiner. <Rires> J'avais l'habitude de dire que j'aime aussi les chiens, et j'en avais quelques-uns, mais malheureusement, le plus vieux est décédé il y a quelques semaines. Mais nous en aurons bientôt d'autres, donc ce sera une autre manière de m'occuper.
Serge Bijimine : OK, parfait. J'adore les chiens. <Rires> Je n'aime pas les chats, mais j'aime les chiens.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation sur scène; le public apparaît également.]
John Hannaford : <Rires>. Eh bien, vous savez quoi? Moi non plus, mais mon plus jeune enfant a maintenant un chat. Et donc, je suis [maintenant] une sorte de grand-parent de chat <rires>.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford : Et je suis devenu très adepte des chats. <Rires>
Serge Bijimine : Ma fille n'arrête pas de me menacer : elle aura un chat quand elle sera plus grande. Mais de toute façon, nous verrons. Espérons que non.
Il y a une chose que je voulais également aborder, et elle arrive à point nommé. Vous avez récemment lancé un nouvel exercice de Valeurs et éthique. Et lorsque vous l'avez lancé, j'ai entendu plusieurs personnes qui ont toutes eu la même réaction. Elles ont toutes dit :
[Serge Bijimine apparaît en plein écran.]
Serge Bijimine : « Waouh, cela arrive au bon moment; pourquoi n'y ai-je jamais pensé? » Je leur ai répondu de la même manière. J'ai dit : « Eh bien, c'est pour ça que vous n'êtes pas greffier » <rires>.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Mais cela étant dit, vous avez indiqué que les valeurs et l'éthique de la fonction publique constituent une boussole importante pour guider notre action et notre comportement. Et vous avez déjà fait allusion au fait que l'évolution, les mutations de notre époque et le fait que nous faisons face à une polycrise mondiale rendent les choses beaucoup plus compliquées qu'avant. Pourriez-vous nous faire part de vos réflexions sur la nature évolutive des valeurs et de l'éthique de la fonction publique dans le contexte actuel d'incertitude, de changement et, franchement, de polycrise – ces crises multiples qui surviennent en même temps?
John Hannaford : Je pense que l'idée de l'exercice mené par Catherine Blewett et ses collègues
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford : consiste à réfléchir à cet environnement de gouvernance à travers le prisme du Code de valeurs et d'éthique. Il n'est pas question de réinventer le Code, car je pense qu'en réalité, le travail effectué par John Tate il y a une vingtaine d'années continue d'être remarquablement pertinent en tant qu'ensemble de principes. Et il est pertinent non seulement parce qu'il désigne les paramètres et le genre d'attentes liés à ce que signifie être fonctionnaire, mais il le fait dans des termes suffisamment généraux pour être pertinents dans un certain nombre de contextes différents.
Et je crois que la conversation que j'ai demandé à Catherine de diriger est de ramener cela au contexte dans lequel nous opérons actuellement. Parce qu'à l'époque de John, les préoccupations étaient différentes de celles auxquelles nous faisons face aujourd'hui. Je crois honnêtement que nous sommes dans un espace plus compliqué qu'avant, pour toutes les raisons dont nous venons de discuter.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford : Et l'autre élément – nous avons parlé de l'ampleur des défis auxquels nous faisons face – l'autre élément est le rythme du changement. Parce que c'est aussi une réalité. Nous faisons constamment face à des ensembles de faits nouveaux, parfois surprenants, parfois très inquiétants, que nous essayons de gérer.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford : D'après mon expérience, dans les situations où il y a beaucoup d'activité, il est crucial de savoir ce que l'on essaie d'accomplir. Vous pouvez voir le Code de valeurs et d'éthique comme une sorte d'ensemble de règles, mais vous pouvez aussi le voir comme un ensemble d'objectifs, car ce sont en réalité des objectifs stratégiques qui y figurent. Qu'il s'agisse de défendre la démocratie, la saine gestion des ressources publiques, l'excellence ou l'intégrité. Ce sont des éléments que nous devrions toutes et tous obtenir comme résultats stratégiques. Et donc, lorsque nous pensons à un monde géopolitique vraiment complexe et aux effets du climat, il est en fait essentiel de s'assurer que l'on sait ce que l'on essaie d'accomplir au milieu du bruit ambiant. C'est donc en quelque sorte l'objectif général.
Mais l'autre élément, c'est que nous sommes une grande organisation désormais. J'ai utilisé le nombre de 350, et on me dit maintenant qu'il s'agit de 375 000 membres de la fonction publique. Nous sommes de loin la plus grande institution du pays,
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford : et beaucoup de gens nous ont rejoints au cours des cinq dernières années. Ce contexte est tout simplement différent de celui que vous et moi avons connu au début de notre carrière. Je pense que les personnes qui ont travaillé dans cette réalité ont commencé dans leur sous-sol, à leur table de cuisine, ce qui est très différent de quand on commence à se rendre dans un bureau tous les jours et que l'on commence, grâce à l'osmose, à capter les valeurs de l'institution dans laquelle on travaille. C'est simplement la nature des relations humaines. Je pense donc que nous devons porter un peu plus d'attention désormais – en tant que dirigeantes et dirigeants dans mon contexte, mais aussi en tant que communauté en général –
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford : aux valeurs de la communauté, pour les renforcer et avoir l'occasion d'en parler et de discuter de la manière dont elles devraient être appliquées dans des situations données. J'espère donc que chaque secteur de la fonction publique aura une conversation plus précise sur la manière dont les valeurs et l'éthique s'appliquent aux types de défis auxquels il est confronté, car ce que vous voyez lorsque vous travaillez au MPO en tant que patrouilleuse ou patrouilleur des pêches peut être très différent de ce que vous constatez si vous êtes fonctionnaire consulaire au Pérou. Mais le même ensemble de règles s'applique effectivement dans tous ces cas. Il suffit de réfléchir à la manière dont elles s'appliquent et aux types de défis auxquels les gens font face et d'y réfléchir dans le contexte d'une analyse des valeurs et de l'éthique. Je pense que c'est vraiment, vraiment important. Et je crois que le moment est venu, car les défis sont nouveaux.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation. Texte à l'écran : www.wooclap.com/fr; Code : PCP01]
Serge Bijimine : Je suis tout à fait d'accord. Je pense qu'il faut y ajouter la question des médias sociaux.
John Hannaford :Absolument.
Serge Bijimine : Cela commence à devenir beaucoup plus compliqué, et un rafraîchissement s'impose également. Je suis tout à fait d'accord.
Et vous avez mentionné le rythme du changement. À mes débuts, il nous fallait deux ans pour élaborer la politique parfaite. Ce que j'ai remarqué, c'est qu'aujourd'hui, si vous prenez deux ans pour développer quelque chose, au moment où vous le lancerez, franchement, toutes vos hypothèses seront fausses. Le monde a évolué. Une nouvelle technologie est apparue, une nouvelle crise géopolitique a éclaté. Les choses ont complètement changé.
Aujourd'hui, dans ce contexte et compte tenu du fait que le Canada évolue et que le monde rétrécit, le rythme du changement s'est accéléré et il ne ralentira plus. Je pense que cela va probablement devenir de plus en plus rapide. Comment prévoyez-vous, ou quels conseils donneriez-vous aux responsables politiques sur la façon de s'adapter à cette nouvelle réalité, à ce nouveau rôle? Et quels sont les thèmes et priorités émergents que vous aimeriez transmettre au groupe ici?
John Hannaford :J'en ai parlé dans une certaine mesure dans mes commentaires précédents. Je pense que ce que j'ajouterais, c'est que nous devons avoir une idée assez claire de la façon dont nous établissons nos priorités, car cela fait simplement partie de l'exercice. Nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Alors, comment parvenir à trier les types de défis auxquels nous faisons face et à nous assurer de prêter attention aux éléments les plus critiques et à gérer ceux qui ne figurent pas nécessairement en haut de la pile?
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Mais l'autre élément – il y a donc deux autres éléments... Le deuxième, c'est que nous devons être flexibles. Et c'est peut-être lié au premier élément. Nous devons être capables de nous adapter aux circonstances à mesure qu'elles surviennent et de ne pas nous laisser déstabiliser si les choses ne suivent pas exactement le plan que nous avions imaginé. Au début, vous m'avez demandé comment j'allais. C'est une chose que je retiens de mon travail actuel : chaque jour, je suis surpris par la façon dont la journée se déroule. <Rires>
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford :Littéralement chaque jour. Et c'est juste une caractéristique de l'environnement dans lequel nous vivons. C'est en partie l'avenir du travail, mais je pense que c'est aussi le cas du monde qui ne cesse de nous surprendre. Alors, comment réagir lorsque le monde ne cesse de nous surprendre, et ce, d'une manière qui soit cohérente avec ce qui est le plus important? Revenons à ces objectifs stratégiques que nous essayons d'atteindre. Ceux-ci devraient nous donner des indications sur ce qui est le plus important, car ils nous donnent une idée de ce que, collectivement, le gouvernement et le pays attendent de nous.
L'autre élément, cependant, est d'aborder les choses avec une certaine empathie, parce que <rires> nous opérons dans un environnement où il y a beaucoup d'anxiété, et nous pouvons la ressentir nous-mêmes. C'est mon cas assez fréquemment. D'autres la ressentent. Les communautés la ressentent. Nous devons en avoir conscience. Il y a un élément humain dans tout ce que nous faisons qui doit être au premier plan dans la façon dont nous accomplissons le travail demandé. Et je pense que cela est également d'une importance cruciale, alors que nous réfléchissons à la manière dont nous exerçons nos fonctions.
Serge Bijimine : Je suis tout à fait d'accord sur l'aspect humain. Ce qui m'amène à ma prochaine question. Le Canada évolue d'un point de vue démographique, tout comme notre fonction publique. Et je sais que des efforts sont déployés pour éliminer les obstacles systématiques au recrutement et au cheminement de carrière.
[Serge Bijimine apparaît en plein écran.]
Serge Bijimine : Beaucoup de gens ici viennent de communautés diverses et aimeraient avoir de vos nouvelles. Donc, à propos de l'appel à l'action du greffier : vous vous êtes engagé à poursuivre l'appel à l'action du greffier. Il a été très, très bien reçu, alors merci pour cela.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Les gens veulent également avoir votre avis : à propos des membres de la haute direction, que pourraient-ils faire d'autre, et comment, pour aider les personnes généralement issues de communautés marginalisées et qui souhaitent nous rejoindre et contribuer davantage à la fonction publique?
John Hannaford :Je considère cela comme une partie intime de notre conversation sur les valeurs et l'éthique, car je pense qu'en ce qui concerne les valeurs des gens, il y a deux aspects : les valeurs des gens sont des valeurs d'inclusion, comment nous faisons ressortir le meilleur de nos équipes, et comment nous maximisons l'effet de la fonction publique en général. Et pour moi, cela suppose de veiller à ce que nous soyons à l'image des communautés que nous servons et que nous soyons ensuite en mesure de répondre au mieux aux demandes qui devraient nous être imposées, en tant que fonction publique. Ce sont les personnes qui font partie de cette organisation qui sont les mieux placées pour contribuer. Ce sont donc toutes des questions d'inclusion pour moi.
Et puis, l'appel à l'action est, comme je l'ai dit, une partie intime du projet en cours en matière de valeurs et d'éthique.
John Hannaford :Mais je pense que c'est aussi une question d'excellence. Nous voulons le meilleur de ce que nous pouvons offrir. Et je dirais que j'ai personnellement constaté la valeur de la diversité croissante de la communauté des sous-ministres, comme moyen de comprendre et de répondre aux défis auxquels nous faisons face et de le faire d'une manière beaucoup plus perspicace que si un groupe de personnes issues d'un même milieu étaient assises autour de cette table.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :La question de l'inclusion se pose donc de différentes manières, mais c'est l'une de mes véritables priorités. Elle transcende réellement ce travail. C'est un domaine dans lequel je pense que l'appel à l'action lancé par mon ami Ian Shugart il y a quelques années a été d'une importance cruciale pour la santé de notre fonction publique. Janice l'a renforcé, et c'est maintenant mon appel à l'action.
Serge Bijimine : Et nous vous en remercions. En effet, c'est un véritable héritage de Ian Shugart; qu'il repose en paix.
Sujet similaire. La réconciliation avec les peuples autochtones. Il s'agit d'une priorité pour le gouvernement et le travail effectué en matière de réconciliation et de mise en œuvre de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies (LDNU) est un exemple intéressant d'élaboration de politiques adaptatives. La question que j'avais à vous poser est la suivante : Dans la perspective des objectifs de réconciliation à long terme, quelles pratiques devrions-nous préserver et lesquelles devrions-nous poursuivre?
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Et c'est quelque chose à explorer, mais nous allons nous concentrer sur la réconciliation. Franchement, toutefois, c'est quelque chose qui pourrait s'appliquer à beaucoup d'autres politiques.
John Hannaford :Le moment qu'on vit c'est vraiment une question d'apprentissage d'une certaine part, parce que c'est un aspect de notre travail où l'innovation est centrale. Évidemment. Mais les questions de co-développement, les questions de vraies réconciliations, ça c'est un processus, c'est une conversation entre les fonctionnaires et les communautés qui sont pertinentes dans les différents contextes. C'est vraiment excitant je dirai parce que c'est une occasion pour nous d'avoir des moyens de travailler plus souples dans les contextes de notre travail. Et pour cette raison je dirai que c'est une question d'innovation profonde pour la santé de notre pays, pour la santé de notre communauté.
Je pense que c'est un domaine incroyablement passionnant, qu'il faut approfondir, un de ces domaines dans lesquels nous allons continuer à apprendre. Nous allons continuer à voir de l'innovation, et nous allons continuer à voir différentes manières d'élaborer des politiques dans les contextes où nous sommes à la hauteur de <inaudible>.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Nous répondons à des attentes plus vastes, de réelles possibilités de réconciliation. J'ai pu le constater de façon intime lors de mon emploi précédent à Ressources naturelles Canada (RNCan). C'était l'un des aspects les plus passionnants du travail que nous avions là-bas : réfléchir à ce à quoi le pays pourrait ressembler grâce à certains des atouts qui existent ici, à comment nous pouvons travailler avec les communautés les plus directement concernées par ces ressources de manière à améliorer leur bien-être. Et je pense qu'en fin de compte, nous créons une société meilleure.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Je suis d'accord. Je l'ai vu aussi, en travaillant avec RNCan et sur la transition énergétique. J'ai vu combien l'implication des communautés autochtones dès le départ contribue à faire avancer le programme de réconciliation, mais aussi le programme économique.
Une autre question, concernant l'avenir cette fois. Bon nombre des personnes présentes ici sont beaucoup plus jeunes que moi. Elles ont l'avenir devant elles, et elles se demandent : quelles aptitudes et compétences devrais-je perfectionner? Quelle expérience devrais-je essayer d'acquérir à mesure que j'avance dans ma carrière? Auriez-vous une idée ou un conseil pour les personnes présentes, simplement sur la base de votre expérience professionnelle? Je pense que tout le monde ici a pour objectif de devenir greffière ou greffier un jour.
John Hannaford :<Rires> Ce n'était pas mon objectif. <Rires> Je peux dire plusieurs choses. Tout d'abord, ce que nous faisons est un sport d'équipe. Donc, bien travailler au sein d'une équipe est une compétence essentielle. Savoir comment diriger dans ce contexte, et réaliser qu'il ne s'agit pas tant de nous, en tant qu'individus, que de la manière dont nous pouvons déterminer collectivement comment faire avancer les choses et fournir les meilleurs conseils possibles pour réaliser des choses, collectivement et réellement. C'est un aspect fondamental de notre travail.
Mais, en observant mon propre cheminement de carrière, j'ai toujours été très sceptique quant à un plan de carrière très détaillé. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup trop d'aléas; nous pouvons vous envoyer dans des directions différentes. Si la prochaine série de tâches que vous devez absolument accomplir pour sentir que vous allez réussir vous obsède, alors vous risquez de vivre de grandes déceptions. Vous risquez de passer à côté d'occasions qui pourraient s'avérer fantastiques. C'est pourquoi j'encourage systématiquement quiconque me le demande, y compris mes enfants, à penser aussi latéralement que possible. Faites preuve du maximum d'ouverture possible face aux occasions qui se présentent à vous.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Très souvent, d'après mon expérience, les personnes avec lesquelles vous travaillez sont plus importantes que ce que vous faites. Les choses que vous faites comptent, bien sûr, mais une atmosphère empoisonnée détruira le projet que vous essayez d'affronter, aussi fascinant soit-il. En revanche, une équipe efficace pourra gérer des situations difficiles, et ses membres en garderont d'excellents souvenirs. Voilà pourquoi j'essaie, en général, de privilégier les personnes avec qui je travaille sur le dossier en cours, et d'être le plus souple possible dans la réflexion sur ce que je souhaite réaliser.
Et j'en reviens à certains des points que j'ai évoqués plus tôt. Je pense qu'essayer de diriger avec empathie est primordial. Je pense qu'essayer d'être aussi innovant et souple que possible pour relever les défis à venir est primordial. Surtout en ce moment, car je pense que nous sommes face à des défis assez nouveaux.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation. Texte à l'écran : www.wooclap.com/fr/; Code : PCP01]
John Hannaford :Si nous continuons à agir comme nous l'avons toujours fait, nous ne résoudrons probablement pas ces problèmes. Il s'agit donc de comprendre comment agir selon des modalités nouvelles; comment nous allons gérer les risques à venir; en reconnaissant que c'est difficile et faisant preuve d'innovation et de collaboration : c'est notre meilleure chance de réussir.
Serge Bijimine : Je suis tout à fait d'accord. J'aimerais demander <inaudible>. Y a-t-il des questions de la part du public? <inaudible>
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation sur scène; le public apparaît également.]
Serge Bijimine : Sur l'écran? D'accord. Voici une question – je vais en choisir une. Où voyez-vous la fonction publique dans 10 ans?
John Hannaford :Je pense que nous continuerons à observer le genre de tendances que nous voyons actuellement.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford :Nous avons commencé en parlant de plusieurs des grands défis liés au contexte dans lequel nous opérons. Je ne table pas sur une amélioration fondamentale de la situation géopolitique dans les 10 prochaines années. Je pense donc que cela va continuer à faire partie de notre environnement opérationnel. Nous devrions continuer à assister à des changements technologiques assez importants, qui continueront de créer de nouveaux défis pour nous à mesure que nous avançons. Je pense que les changements climatiques continueront d'avoir des effets réels. Et je pense que tout cela continuera à nous façonner. Mais il est vraiment difficile de savoir précisément comment.
Cela nous amène donc à nous demander comment bâtir des organisations résilientes, car nous savons qu'il y aura des défis. Nous savons qu'il va y avoir des changements. Nous ne savons pas précisément ce que cela signifie.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Dans ce contexte, je me rabats encore une fois sur nos objectifs stratégiques, car je pense que ce sont eux qui doivent ensuite éclairer la manière dont nous menons à bien les tâches qui nous attendent. Je pense que nous devons aborder cet aspect avec souplesse et innovation, car encore une fois, c'est un fait : nous ne résoudrons rien si nous sommes rigides et si nous nous contentons d'agir exactement comme nous l'avons toujours fait, tout simplement parce qu'une telle approche ne résout pas le problème. Dans ce contexte, je suis donc convaincu que les tendances actuelles vont se poursuivre ces 10 prochaines années, mais je crois que nous allons devoir nous adapter – très vite dans certains cas – pour relever les défis à mesure qu'ils surviendront.
Je suis toutefois extrêmement confiant au vu de notre expérience récente. À bien des égards, nous n'avons pas envie de repenser aux années qui viennent de s'écouler; pourtant, vivre cette pandémie a été une épreuve extraordinaire.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford :Il me semble que, toutes et tous, nous en ressentons encore les effets. À mon avis, ces effets vont perdurer. Il est indispensable que nous comprenions à quel point les fonctionnaires ont fait preuve d'une innovation extraordinaire, sur une période extrêmement courte. Ce n'est pas rien! Si l'on nous avait demandé, à la veille de la pandémie, si nous pensions qu'il était possible de passer toutes et tous aussi vite que nous l'avons fait à une façon radicalement nouvelle de travailler, je ne sais pas ce que nous aurions répondu. Mais c'est ce qui s'est passé. Et je pense que nous devons reconnaître que nous sommes capables de changer. Nous sommes capables de faire les choses de manière nouvelle.
Notre institution est très différente de celle qu'elle était à mon arrivée, il y a 27 ou 28 ans. Nous avons changé simplement grâce aux changements culturels dans notre société, à l'évolution de nos attentes vis-à-vis des comportements de nos leaders. Beaucoup de choses ont entraîné des changements assez fondamentaux dans cette institution. Et je pense, ici encore, que nous devons accepter cette évolution. Nous devons exiger le maximum de nous-mêmes. L'excellence est une de nos valeurs. Nous devons en tenir compte parce que la population canadienne le mérite.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Elle mérite ce que nous pouvons lui apporter de mieux.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Oui. C'est ce que je dis toujours aux gens : l'excellence commence avec vous.
John Hannaford :Absolument.
Serge Bijimine : Tout à fait. Les obstacles sont alors définis, et votre équipe suivra. Je pense qu'il nous reste du temps pour quelques autres questions éventuelles. En tant que responsables des politiques et en tant qu'analystes, comment pouvons-nous encourager la haute direction à s'intéresser aux approches innovantes dont vous parlez, en particulier dans un environnement défavorable au risque?
John Hannaford :Eh bien, nous devons en discuter, comme ici. Nous sommes dans un environnement défavorable au risque, c'est tout à fait exact. Et être fonctionnaire est difficile. Si vos décisions ont des conséquences importantes, il est possible que votre travail se dégrade. C'est un fait.
De même, pour toutes les raisons dont nous avons discuté, nous vivons dans un monde où nous devons réagir rapidement aux défis. Et l'inaction aussi a des conséquences. Notre travail consiste donc à comprendre comment appréhender tout cela.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :C'est une tâche difficile. Nous devons le reconnaître. Mais, de la même manière, je pense que la compétence des fonctionnaires, qui devient en quelque sorte une caractéristique, c'est qu'en accédant à des postes plus élevés dans l'organisation, vous comprenez comment naviguer dans un environnement à risque tout en faisant avancer les choses. Et cela nécessitera des compétences différentes selon les emplois et selon les moments. Mais il s'agit en partie de savoir où sont les risques et comment les gérer. Et le risque peut désigner bien des choses. Et puis, vous savez, <rires> un élément de toute gestion des risques mature consiste à avoir une idée assez précise des inconvénients du travail que vous accomplissez. Il ne s'agit absolument pas de s'aventurer à l'aveuglette dans les situations nouvelles. Il s'agit de réfléchir consciemment à l'environnement dans lequel vous évoluez, de réfléchir à ce qui pourrait mal se passer et d'anticiper comment vous allez gérer cela. Ensuite, on réfléchit au meilleur conseil à donner dans ce contexte. C'est un élément essentiel du travail que nous effectuons. Mais, au-delà, j'estime que chaque membre de la fonction publique devrait se sentir apte à réfléchir à sa manière d'accomplir son travail.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford :Je l'ai répété dans des contextes différents, mais nous devrions toutes et tous, en tant que membres de la direction, faire preuve d'une grande ouverture vis-à-vis des opinions des personnes qui font le travail quant aux possibles améliorations à y apporter. Parce qu'en fin de compte, ce sont les personnes qui exercent réellement les fonctions qui savent le mieux ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et nous devrions faire preuve d'une grande ouverture pour encourager ces conversations. Les gens devraient se sentir habilités à innover.
Encore une fois, il faut qu'il s'agisse d'une gestion mature des risques. Dans de nombreux cas, les décisions doivent être prises par des personnes plus expérimentées, mais il devrait y avoir un dialogue sur l'innovation et l'efficacité sur nos lieux de travail, mais aussi sur comment nous effectuons notre travail.
[John Hannaford apparaît en plein écran.]
John Hannaford :Car, encore une fois, nous essayons de créer des lieux de travail résilients. Nous essayons de créer des situations dans lesquelles les gens peuvent réellement accomplir leur travail, et peuvent se lever le lendemain matin et le refaire.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
Serge Bijimine : Je pense que vous avez tout à fait raison. L'autre élément que beaucoup de gens ne parviennent pas à réaliser est que le risque est un spectre, et ne pas prendre de risque pourrait être un risque. Tout comme ne pas prendre de décision est en soi une décision. Donc, avoir l'esprit au clair et savoir exactement quels sont les avantages et les inconvénients pour pouvoir ensuite élaborer une stratégie d'atténuation de ces risques est indéniablement la voie à suivre. Il devrait nous rester du temps pour une dernière question. Comment peut-on convaincre les talents du Canada de se joindre à la fonction publique et faciliter les échanges entre le gouvernement et les autres?
John Hannaford: Ça c'est une question importante parce que nous sommes une communauté mais c'est absolument essentiel d'avoir la sagesse et les perspectives du pays en général je dirai. Et c'est une question de recrutement et c'est une question de conversation et pour moi on doit avoir un sentiment d'ouverture en ce qui concerne notre travail parce que, évidemment, il y a un niveau d'expertise qui est profond au sein du gouvernement. Mais ce n'est pas la seule source de sagesse dans notre pays, dans notre communauté. Il y a une gamme d'autres acteurs qui sont experts dans une gamme d'autres domaines. Et pour cette raison, l'échange entre les membres du gouvernement, l'échange pratique dans le sens de << executive exchange >> ça c'est une occasion pour partager les niveaux d'expertises entre les différents secteurs et c'est quelque chose d'absolument essentiel à mon avis. Et prenons l'exemple de l'intelligence artificielle parce qu'évidemment il y a un niveau d'expertise au sein de la fonction publique en ce qui concerne ce domaine. Mais en même temps il y a une communauté profonde ici au Canada qui est disponible pour nous, pour les échanges d'idées et les échanges pratiques entre nos organisations. Et pour moi ça c'est une occasion.
Serge Bijimine :Et d'habitude il y a quelqu'un...
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation sur scène; le public apparaît également.]
Serge Bijimine : Une de plus? D'accord. Parfait. Vous devriez demander à cette personne qui lève la main. <Inaudible> Pouvez-vous nous raconter un moment fort de votre carrière ou un moment de fierté en tant que fonctionnaire?
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford :Mmh. Vous allez trouver cela assez banal, mais quand j'accomplis mon travail actuel, je suis formidablement fier d'être fonctionnaire.
[John Hannaford apparaît en plein écran. Texte à l'écran : John Hannaford, Clerk of the Privy Council; Greffier du Bureau du Conseil privé.]
John Hannaford :Donc, cela fait six mois que je suis arrivé et, honnêtement, je suis extrêmement fier du travail que nous faisons ensemble. Oui, c'est difficile. Et oui, des événements vont se produire qui vont nous faire perdre nos repères. Mais je trouve que la qualité du travail effectué dans ce gouvernement est extraordinaire. Et nous devrions en ressentir une immense fierté. C'est l'une des caractéristiques de notre pays que j'entends souvent – je profite en effet assez souvent des occasions qui se présentent pour discuter avec des personnes extérieures au gouvernement. Il n'est pas si courant d'entendre beaucoup d'éloges à l'égard <rires> de la fonction publique.
Mais je dirais que lorsque l'on cherche à repérer les atouts que nous possédons en tant que pays, la fonction publique est en réalité l'un des atouts majeurs de notre société. Il n'y a pas besoin d'aller chercher très loin pour trouver des situations difficiles, dans lesquelles il n'y a pas nécessairement le même type de structure institutionnelle que la nôtre. Par exemple, nous sommes capables d'avoir des transitions de pouvoir pacifiques entre les gouvernements, ce qui n'est pas quelque chose que nous devrions tenir pour acquis. C'est une chose incroyablement puissante.
[Serge Bijimine et John Hannaford sont assis ensemble en conversation.]
John Hannaford : Nous sommes capables de fournir des conseils d'experts, quelle que soit la couleur du gouvernement. Cela fait partie de notre structure constitutionnelle. Le bon gouvernement qui garantit la paix, et l'ordre. Et nous sommes cela. Et nous devrions en tirer de la fierté. Une fois encore, la conversation que nous avons lancée concernant le Code de valeurs et d'éthique vise en grande partie à nous rappeler à nous-mêmes l'importance du travail que nous accomplissons. Et, honnêtement, je ressens une immense fierté à l'égard de cette institution, depuis que j'ai l'occasion de la diriger.
Serge Bijimine : Parfait. Et nous espérons continuer à vous soutenir dans votre parcours, Monsieur le Greffier. Ou devrais-je dire John?
John Hannaford :John, John.
Serge Bijimine : <Rires>. C'est dit. Je veux juste prendre un moment pour vous remercier, au nom de toutes les personnes présentes, d'avoir pris le temps d'être ici avec nous. Vous êtes un homme très, très occupé, mais vous avez pris une heure de votre temps ici pour diffuser un peu de sagesse, c'est vraiment apprécié. Vous m'avez donné beaucoup de grains à moudre, et j'espère que c'est aussi le cas pour les gens du public.
[Texte superposé à l'écran : Browse the Learning Catalogue!; It includes courses, events and other learning tools; Visit Canada.ca/School. Consultez le catalogue d'apprentissage!; Il vous propose des cours, des évènements et des outils d'apprentissage; Visitez Canada.ca/Ecole.]
Serge Bijimine : Je souhaiterais vraiment vous laisser le dernier mot.
John Hannaford :Oh, merci beaucoup, et merci à toutes les personnes qui sont venues ou qui nous ont suivis en ligne. Ce genre de forum est tellement important. Et c'est intéressant, d'une certaine manière : nous pensons à l'innovation, eh bien, un forum comme celui-ci est en fait remarquablement innovant. Même la façon d'organiser ces réunions est innovante; c'est agréable d'avoir ce genre de conversations hybrides. Je trouve ça génial. C'est exactement le genre d'échanges que nous devrions encourager. Alors, merci à vous Serge et merci aux personnes qui ont organisé cette séance. Je trouve que c'est fantastique.
[Le logo de l'EFPC s'affiche à l'écran.]
[La vidéo se termine par la marque numérique du Canada.]