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Entre cadres : Conseils pratiques pour améliorer la santé mentale, celle de votre personnel, celle de vos clients et la vôtre (LPL1-V12)

Description

Cet enregistrement d'événement présente une discussion avec François Legault, professionnel en santé mentale, au sujet du renforcement des éléments essentiels du bien-être en milieu de travail, que l'on rend possible grâce à la productivité constante des employés, à la collaboration, à la résolution de problèmes, à l'innovation et au maintien en poste.

Durée : 00:31:59
Publié : 8 février 2022
Type : Vidéo

Événement : Entre cadres : Conseils pratiques pour améliorer la santé mentale, celle de votre personnel, celle de vos clients et la vôtre


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Entre cadres : Conseils pratiques pour améliorer la santé mentale, celle de votre personnel, celle de vos clients et la vôtre

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Transcription : Entre cadres : Conseils pratiques pour améliorer la santé mentale, celle de votre personnel, celle de vos clients et la vôtre

Danl Loewen : Bonjour, et bienvenue à Entre Cadres, grâce à l'École de la fonction publique. Je m'assoies avec François Legault un, cadre supérieur de la fonction publique pas mal chevronné qui est aussi expert dans le domaine de santé mentale.

Souvent, lorsque nous entendons parler de santé mentale, nous pensons en fait à la maladie mentale, alors que la santé mentale est l'état dans lequel nous sommes les plus productifs, les plus créatifs, lorsque nous sommes les plus aptes à atteindre notre but en tant qu'êtres humains.

Il y a la question qui se pose comme leader, comme quelqu'un responsable d'autres fonctionnaires qui fournissent des services aux clients et qui doit prendre soin de eux-mêmes. C'est une bonne question. Qu'est-ce que nous pouvons faire comme cadre supérieur, bien occupés pour encourager la santé mentale au travail?

Demandons-le à François Legault. Compte tenu de votre expertise, en clinique en tant que cadre, et comme conseiller auprès de la Commission de la santé mentale du Canada et vous avez joué un rôle au secrétariat du Conseil du Trésor dans l'élaboration de la politique, le mémoire au cabinet, l'analyse de rentabilité je devrais dire ainsi que votre propre travail dans les opérations de Santé Canada fournissant des services de PAE, programme d'aide aux employés, à la très grande majorité de la fonction publique fédérale. Quelle est la principale chose qu'un dirigeant peut faire pour promouvoir la santé mentale de son personnel, de ses clients et de lui-même?

François Legault : Bien je commencerais par fournir, faire ce qui est nécessaire pour votre propre santé mentale avant tout, parce que le rôle d'un leader est parfois Il exige que vous mettiez de côté vos propres réactions à ce qui se passe et vous devenez une sorte de grattoir pour beaucoup, pour le personnel qui dépend de vous. Et même vos collègues et, dans une certaine mesure, vos supérieurs. N'est-ce pas? Et donc votre tâche en tant que cadre est de faire en sorte que les choses se fassent et il y a beaucoup de pression.

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Donc même si nous ne ressentons pas cette pression, cela ne veut pas dire qu'elle est là. Je pense que —

Danl Loewen : Ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas là.

François Legault : Oui, ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas là. Et, nous pouvons nous sentir plus forts et, nous pouvons être surpris par moments de la façon dont nous réagissons à des situations que nous n'aurions jamais pensé qu'elles nous feraient réagir. Je parle de ma propre expérience, de mon expérience personnelle, mais aussi de la sagesse que j'ai entendue du général à la retraite, Roméo Dallaire qui a en tant que leader dans une situation de très grand stress, je suis sûr que vous comprenez, d'avoir pu, d'avoir vécu cette expérience où il n'a pas forcément pu se connecter à ses besoins. Ses besoins de base comme dormir par exemple.

Danl Loewen : Tout se concentrant sur le génocide et en Afrique.

François Legault : Eh bien c'est ça. Et, même en rapport avec ses émotions, il a dû mettre cela de côté pour être opérationnel. Et parfois, nous le faisons en tant que cadres. C'est correct parce que nous pouvons retarder, l'expression de nos émotions, nous pouvons retarder la connexion avec nos émotions et sentiments sous-jacents à propos des choses. Mais nous devons prévoir cela parce que nos vies chargées au travail ne nous permettent pas de le faire et peut-être que nous avons aussi des vies chargées à la maison. Certains des cadres font partie de la génération sandwich maintenant.

Danl Loewen : S'occuper des enfants et des parents en même temps.

François Legault : Exactement. C'est la définition. Pour eux, il s'agit donc de trouver un moment où ils peuvent être seuls avec eux-mêmes, éteindre leur cerveau pendant un certain temps et laisser le reste du corps réagir à ce qui se passe. Ainsi, dans l'histoire du général Dallaire, si vous avez lu certains de ses livres et même assisté à certaines de ses conférences, il a dit au moins deux fois dans les conférences auxquelles j'ai assisté, où il a été surpris par sa réaction lorsqu'il s'est mis à tirer sur des chiens sans discernement, parce qu'il voyait les chiens manger certains des défunts dans cette horrible, horrible situation de génocide. Et il a réalisé à ce moment-là, « Oh, j'ai perdu la tête, parce que je fais ça devant mes troupes. Ils ne pourront plus compter sur moi, car j'ai perdu le contrôle de mes émotions ». Il a donc dit : « Je savais à ce moment-là que je devais être remplacé ». Donc nous ne voulons pas que cela se produise pour les cadres. Nous ne voulons pas brûler la chandelle par les deux bouts. Et nous ne voulons pas être dans une situation où nous devons prendre notre retraite parce que nous sommes totalement épuisés et que les choses, vous savez, nous avons été surpris par notre propre émotion. Je dirais donc qu'il faut rester calme. C'est plutôt, vous savez, comment voulons-nous, projeter nous-mêmes une bonne santé mentale. Nous voulons être un modèle à cet égard, dans une certaine mesure. Peut-être pas toujours la partie émotionnelle, mais pour être, pour montrer la partie humaine de nous-mêmes aussi. Que nous avons besoin de temps libre.

Danl Loewen : Souvent c'est vu comme une force le fait que je montre pas mes émotions, que je me traite pas comme être humain.

Alors qu'en fait, je suis une ressource du gouvernement du Canada que je pourrais maltraiter. Est-ce qu'il y a des conseils que, parce que je note que vous avez mentionné que

François Legault : Comme protéger vos actifs. Parce que vous êtes un actif. C'est ce que vous dites.

Danl Loewen : Oui. Nous sommes une ressource de la fonction publique.

François Legault : Absolument, on est un investissement. Le gouvernement a investi de la formation. Souvent il y a des milliers de dollars de formation, que ça soit même formation linguistique —

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Pour certains d'entre nous, formation de leadership —

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Que l'École, bien à l'école ici vous en offrez beaucoup, mais ça coûte des sous. C'est un investissement, surtout ton salaire puis tout ça, c'est super cher ça là —

Danl Loewen : [ricane]

François Legault : Fait que ça coûte cher au gouvernement mais, après impôts, évidemment. Fait que donc tout ça pour dire que on est on a besoin de prendre. On est souvent poussé à penser à bien gérer les ressources puis on oublie qu'on en est une aussi pour le gouvernement fédéral et puis pour les gens autour de nous. Fait que donc revenir à ta question si je peux aussi, c'est d'entre sensible à, aux sentiments puis aux besoins de ses troupes, donc les gens qui travaillent pour nous, puis être un peu proactif aussi, aller explorer comment les gens sachant qui ont peut-être vécu quelque chose de difficile ou qui ont fait du surtemps récemment, c'est de, de faire une connexion puis d'aller dire « bien comment ça va »? Je réalise que t'as mis beaucoup de temps, beaucoup d'effort là-dedans. Je réalise que peut-être c'est, c'est difficile puis c'est pas évident qu'est-ce que vous avez fait. Comment vous vous sentez? Est-ce que t'as besoin d'un repos. Souvent les gens, sur lesquels on dépend le plus comme exécutif, c'est des, c'est des gens qui ont un niveau très élevé de rendement, de performance.

Des individus très performants et, qui ne voudraient pas avoir une équipe de personnes très performantes, n'est-ce pas? Je me souviens de vous avoir engagé parce que vous étiez très performant. Donc, le fait de recruter des personnes très performantes autour de soi est la situation idéale et vous pouvez déléguer et vous leur faites confiance pour faire les choses et cela vous libère de certains soucis et de certaines choses et c'est bon pour votre propre santé mentale. Mais, en même temps, vous ne voulez pas les épuiser. Et ils sont peut-être un peu comme l'insecte et la lumière. Plus vous leur donnez de tâches, plus ils sont enthousiastes et passionnés. Et cela pourrait être un signe de de danger, de danger pour eux-mêmes aussi. Alors parfois, nous devons être un peu plus comme une grande soeur, un grand frère et dire « holà, holà, holà. Je veux vous donner ce dossier ce défi. Mais j'aimerais l'essayer avec quelqu'un d'autre aussi. Donc, pour partager la richesse, partager l'excitation, et moi, je préfère vous laisser passer à la phase suivante de votre projet ou à celle qui sera peut-être moins excitante » Mais, parce qu'il y a tellement d'excitation —

Danl Loewen : Oui, c'est vrai.

François Legault : Que nous pouvons vivre —

Danl Loewen : Stimulation pour beaucoup d'entre nous —

François Legault : Eh bien, nous le découvrons avec nos adolescents.

Danl Loewen : Oh oui?

François Legault : Il se trouve que j'en ai, je sais, donc, avec les adolescents on sait que, tu sais, la stimulation constante jusqu'aux petites heures du matin nuit à leur sommeil, à leur repos, à leur santé physique et mentale. On a plus de troubles anxieux chez les jeunes qu'on n'a jamais vécus de façon statistique. Puis ce qui est vraiment différent c'est l'internet. C'est des téléphones, c'est le constant contact avec les autres puis les communications. Ils sont constamment en train de faire deux choses. Puis on dit souvent aux exécutifs vous avez toujours jonglé avec plusieurs projets en même temps, mais nos adolescents ont même pas maturé puis ils sont déjà en train de gérer avec plusieurs choses en même temps. Tu leur parles puis ils sont sur le 'attends une minute, attends une minute p'pa, puis clic, clic, clic.

Danl Loewen : Donne-moi un instant —

François Legault : Puis toi aussi, ça fait donc tout ça pour que finalement leur tête est jamais reposée. Moi puis mon épouse on avait dit à nos jeunes quand on allait faire du camping, notre but, notre objectif c'est que vous trouvez ça plate.

Nous voulons que vous vous ennuyiez parce que vous avez besoin de temps où vous êtes complètement déconnecté. C'est juste comme, donc ces téléphones, donnez-nous vos téléphones, nous partons. Alors bien sûr, ils ont dit « oh non », mais ils ont fini par entrer en contact avec d'autres jeunes, avec la nature. Nous pouvons faire des choses en famille. Je pense que nous avons contribué à éviter certains dommages à leur cerveau que cause cette stimulation constante. Il en va de même pour les plus performants. Ils sont comme des adolescents en quelque sorte. Ils ont beaucoup d'énergie et ils peuvent gérer beaucoup de choses, mais il faut aussi faire attention à eux.

Danl Loewen : Et cette force la capacité d'absorber beaucoup de stress en même temps ça peut être un de mes faiblesses.

François Legault : Oui, c'est une force et c'est une épée à double tranchant, n'est-ce pas? Chaque force dont nous disposons peut être une épée à double tranchant. Nous pouvons être très bons dans quelque chose, mais si nous en faisons trop, nous en payons le prix.

Danl Loewen : Exact.

François Legault : Donc, la même chose pour ça aussi. Je pense aussi à ce que nous pouvons faire si nous le faisons pour notre unité, notre unité de travail, je ne pense pas que nous ayons besoin d'explorer la façon dont un lieu de travail mentalement sain contribue à une plus grande productivité et à des liens plus solides et à une meilleure santé en général. Nous savons ça —

Danl Loewen : C'est tellement clair, cela stimule l'innovation, la créativité, la collaboration, la productivité, la fiabilité et la résilie

François Legault : Donc, tout cela, nous le savons. Mais la question est de savoir comment nous pouvons faire en sorte que cela se produise dans une unité, peut-être une nouvelle unité dont nous venons d'hériter, et nous travaillons avec ces personnes. Concentrez-vous sur leur force. Je dirais de se concentrer sur leur force. Qu'est-ce que ces gens font bien et font facilement? Et puis, ils ont suffisamment de défis à relever, équilibrez le défi avec leur capacité. Donnez-leur de nouveaux défis, soutenez-les dans ça. C'est simplement de la bonne gestion et une bonne gestion est aussi synonyme de bonne santé mentale. Donc, pour ce qui est de la santé mentale, je pense que nous revenons à l'essentiel, nous revenons à la psychologie 101. La pyramide de Maslow.

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Vous savez, par exemple, ont-ils un emploi sûr? Dans le secteur public, oui, dans de nombreux cas, il y a —

Danl Loewen : La plupart du temps.

François Legault : Oui. La plupart du temps, nous traversons des périodes de ralentissement. Et donc, c'est ce qui provoque l'anxiété des travailleurs fédéraux. Mais contrairement aux situations où l'on ferme, on fait faillite, on congédie tout le monde et on part avec leur régime de retraite, il y a des garanties. Donc, du point de vue de Maslow, le fait d'être fonctionnaire fédéral et même cadre est, est, est assez stable à cet égard. Mais peut-être qu'il faut travailler sur les autres niveaux. Par exemple, savoir que vous êtes important.

Je pense que nous devons parfois nous rappeler à quel point nous sommes importants parce que nous ne l'entendons pas de la bouche du grand public.

Danl Loewen : Exact.

François Legault : Nous pouvons l'entendre dans la fonction publique fédérale dans une certaine mesure, mais la reconnaissance et les récompenses sont vraiment importantes et je sais que nous avons —

Danl Loewen : Ça ne doit pas nécessairement être un certificat. Il peut simplement s'agir d'une reconnaissance devant mes pairs.

François Legault : Oui, et récompenser pour de vraies exploits, récompenser pour une contribution réelle au lieu de récompenser l'ensemble de l'unité. Cependant, il n'y a que quelques personnes qui ont réellement fait le travail – afin d'éviter les conflits. Parfois, nous sommes un peu trop prudents face à cet élément humain de jalousie et de compétition. C'est là, ça va être là de toute façon. Il faut donc s'assurer que les récompenses et la reconnaissance sont accordées aux personnes qui ont réellement fait quelque chose d'extraordinaire, au lieu d'essayer de donner des récompenses et des médailles à tout le monde comme nous le faisons avec les enfants de nos jours.

Danl Loewen : Certainement.

François Legault : Parce que nous avons peur que les gens soient contrariés, insultés ou jaloux.

Danl Loewen : Donc, ça dit beaucoup ici, c'est-à-dire que ça ne me permet pas, en tant que cadre, de penser que j'obtiens ce dont j'ai besoin et que j'obtiens les résultats escomptés, quelqu'un me donne ce que j'ai demandé. Ça n'indique pas que ça vaut pas la peine de m'assurer que leur santé mentale est bien traitée en même temps.

François Legault : Si vous regardez le processus, est-ce que les gens ont eu du fun à le faire?

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Est-ce que les gens souriaient?

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Est-ce que les gens s'amusaient? Quand un des collègues vivaient un moment difficile, est-ce qu'il y avait du soutien des pairs? Est-ce qu'il y avait une collégialité de soutien? Alors si c'était pas là, on peut nous le commencer. On peut démontrer l'importance en agissant, en arrêtant OK?

Arrêtez les presses. Nous devons parler à cette personne. Nous devons nous concentrer sur l'aide à apporter à cette personne pour qu'elle traverse cette période difficile.

Danl Loewen : Exact.

François Legault : Cela vient du leader. Ensuite, vous créez une culture organisationnelle au sein de cette unité dont les membres s'entraident. Ce soutien est si important. J'ai encadré des dirigeants, j'ai eu des cadres relevaient de moi et des postes de haut niveau et parfois ils ont peur de cette collégialité, la peur de s'associer tous contre un patron dur par exemple.

Allons, soyons honnêtes. Parfois, nous disons: « Peut-être qu'il vaut mieux créer des divisions que d'encourager les gens à parler et à travailler ensemble ». J'ai donc vu cela se produire, malheureusement, et notre rôle est parfois d'intervenir et d'apprendre à ce gestionnaire à dire « non, non, vous devez faire confiance à vos employés ». Ce n'est pas la bonne voie à suivre ici.

Danl Loewen : Exact.

François Legault : Peut-être ont-ils appris cela dans des contextes de travail antérieurs où les gens étaient à, en français on dit à couteaux tirés.

Les gens étaient constamment préoccupés par les autres et se surpassaient de manière compétitive. Ce n'est pas sain et cela va détruire l'actif, la ressource que le gouvernement a développée. Donc, gérer cela, et demeurer très prudent. Je pense que l'ennemi numéro un dans un contexte où les gens ont, où il est difficile de licencier un employé, soyons honnêtes, dans la fonction publique fédérale; c'est de voir un employé qui se comporte d'une manière qui nuit à tous les autres. Et nous essayons de contenir le comportement et il faut deux ans, trois ans, quatre ans avant de finalement licencier cet employé. J'ai accompagné des gens tout au long du processus, et nous soupçonnons qu'il s'agit d'un problème de santé mentale, donc nous n'agissons pas sur le plan administratif pour traiter le comportement. Si nous revenons à la norme nationale sur la santé et la sécurité psychologiques, la sécurité psychologique est un élément clé.

Donc, la sécurité psychologique de vos employés devient aussi importante que les troubles de santé mentale puis l'aide à un individu qui agit de façon à blesser des autres. Donc des lésions psychologiques qui viennent d'un individu qui est hors contrôle au niveau de son comportement faut que ça soit contenu, faut que ça soit discipliné, adressé immédiatement. Puis se faisant comme chef, vous allez avoir le respect de vos troupes. Ces gens-là vont avoir confiance en vous comme leader. Mais si vous laissez ça aller puis vous espérer que, que les pairs interviennent, OK, à ce moment-là, vous cultivez de l'harcèlement. Vous cultivez de la colère. Vous cultivez des conflits dans le milieu du travail. Vaut mieux adresser les choses de façon responsable le plus tôt possible, ne pas attendre que ça devienne lourd et difficile d'intervenir.

Mais moi je dirais c'est un des conseils que dans mon expérience puis dans mon coaching que je fais avec les exécutifs là, c'est de dire il faut aller chercher ce courage-là puis les ressources nécessaires pour nous aider à bien adresser la situation, même si on veut des fois aider la personne, il y a des comportements qui sont juste inacceptables.

Danl Loewen : Et il y a des moments où nous savons qu'il y a beaucoup de travail à faire pour gérer des situations particulières où des individus qui traversent des périodes difficiles au travail. Tout en gérant le lieu de travail d'une manière qui renforce la santé mentale de tous ceux qui s'y trouvent. Parce que comme vous l'avez indiqué, certaines personnes sont confrontées à des problèmes de santé mentale, mais tout le monde a son état de santé mentale. Je pourrais avoir l'équivalent en santé mentale d'une coupure de papier qui m'irrite vraiment ou d'un rhume ou, d'une jambe cassée ou d'une grossesse ou d'un diabète bien avant qu'on en arrive à discuter de quoi que ce soit.

François Legault : Certainement.

Danl Loewen : Et comment, je contribue à ma santé mentale, c'est aussi important que la façon dont je contribue à ma santé physique.

François Legault : C'est là qu'on parle de résilience, c'est qu'il y a tout un ensemble de recherches et, et de choses que j'enseigne souvent dans les cours que je donne. « Premiers soins en santé mentale », « L'esprit au travail ». Et ce sont là certains des produits que j'ai enseigné, beaucoup, en fait. Je crois que j'ai dépassé les 100 cours que j'ai donnés jusqu'à présent dans mon mode de semi-retraite en tant que consultant. Et ce que je découvre, c'est exactement ça. C'est toute la question de s'assurer que les gens se concentrent sur les forces, pas seulement sur les faiblesses. En disant cela, nous revenons au travail, au lieu de travail, à l'unité de travail comme vous, je pense, vous vous informiez à ce sujet. Donc sur le lieu de travail, si vous utilisez juste les 13 facteurs de risque psychosociaux qui ont été élaborés dans la norme nationale. Dont je suis auteur, n'est-ce pas?

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Voilà pourquoi je ne cesse de le mentionner —

Danl Loewen : Oui, c'est néanmoins la norme nationale.

François Legault : Donc, ces 13 facteurs proviennent de la recherche sur la santé au travail et la santé mentale au travail. Ainsi, si vous les examinez, il se peut que certains d'entre eux soient très présents sur votre lieu de travail et que vous ayez utilisé un sondage auprès des fonctionnaires pour les déceler. Vous pouvez utiliser les « Protégeons la santé mentale » et d'autres gratuités que vous pouvez utiliser pour faire cela. Je sais que j'ai travaillé en fait comme consultant avec l'École pour aider à faire ça avec une unité ici. Et ils ont découvert, si je peux revenir à, à ce sujet, que pour votre école, il y avait une réelle force d'engagement, une force très forte sur le lieu de travail et le risque, c'est que nous négligerons ces éléments et nous nous concentrerons uniquement sur ceux qui sont problématiques ici.

Danl Loewen : Je comprends, je comprends!

François Legault : Nous devons travailler sur les deux, car en vous concentrant sur la force de votre organisation, vous augmentez la résilience de tout votre personnel. Et c'est quelque chose que nous avons dit et nous savons pertinemment que les gens oublient tout simplement.

Danl Loewen : Donc lorsque vous —

François Legault : Ne négligez pas les points forts.

Danl Loewen :  Ainsi, lorsque vous prendrez les mesures qui renforceront la santé mentale pour le bien-être, pour les opérations dans leur ensemble –

François Legault : Vous devez maintenir et ne pas négliger ce qui fonctionne déjà bien.

Danl Loewen : Exact.

François Legault : Donc, vous vous souvenez probablement de mon style de coaching en tant que patron ou je dirais alors parlez-moi de ce que cela –

Danl Loewen : J'ai eu 15 ans pour guérir, mais oui.

François Legault : Oui. Eh bien, la thérapie fonctionne manifestement. C'est à dire, qu'est-ce qui fonctionne bien pour vous cette semaine? Comment avez-vous vendu cela au client? Comment avez-vous fait pour qu'ils acceptent et signent ce protocole d'accord? Et puis, parfois, cela prenait mon personnel et peut-être vous aussi au dépourvu parce que vous vous attendiez à parler de problèmes.

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Avec ton patron, et au lieu de cela, c'était comme, concentrons-nous sur ce que vous avez bien fait et comment, analysons cela. Prenons vraiment le temps de comprendre, comment vous avez fait cela? Parce que cette compétence peut vous servir à résoudre votre problème.

N'est-ce pas? Vous pouvez aussi donner confiance aux gens pour qu'ils puissent réellement régler le conflit sur le lieu de travail. Ils peuvent réagir à quelque chose qu'ils ont trouvé blessant.

Danl Loewen : Il s'agit plutôt d'une approche d'enquête appréciative. Qu'est-ce qui fonctionne? Que veux-je de plus? Ce qui fonctionne bien –

François Legault : Par opposition à ce qui ne fonctionne pas bien.

Danl Loewen : Oui. En tant que cadre dans la fonction publique, si je devais choisir une chose que je pourrais faire et qui aurait le plus d'impact dans mon milieu, quelle serait-elle?

François Legault : Souriez. Soyez calme. Amusez-vous dans votre travail et ne négligez pas l'importance du travail que vous et votre personnel accomplissez. Concentrez-vous sur ce point et dites que nous sommes importants pour les Canadiens. Nous sommes importants pour la fonction publique fédérale. Nous méritons la sécurité et le salaire que nous recevons.

Danl Loewen : C'est pertinent! Dans les 10 minutes qui nous restent, les participants sont invités à cliquer sur le bouton de participation. S'ils ont une question à poser à François Legault, un cadre expérimenté, un leader respecté dans le milieu de l'aide aux employés et un auteur, redonnez-nous le nom, l'un des auteurs de la norme nationale –

François Legault : Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail.

Danl Loewen : Super. L'idée de la sécurité au travail est –

François Legault : Z 1003 tiret 13 du groupe CSA.

Danl Loewen : Exact. Merci.

François Legault : Ou BNQ 93 00.  

Danl Loewen : Je suis sûr qu'il y a quelqu'un dans les communications qui est très content que cette information ait été fournie.

François Legault : Je dis cela pour les comptables et les amateurs de chiffres.

Danl Loewen : Quelles sont donc les ressources disponibles? Si, en tant que cadre, je veux profiter de certaines aides ou si je veux encourager mon personnel à utiliser des aides, non pas parce que vous avez un problème, vous devriez le faire, mais parce que, hé, nous pouvons tous être plus forts.

François Legault : Eh bien, les services d'aide aux employés fournissent à la plupart des ministères et d'ailleurs aux agences et même à certaines sociétés d'État un programme d'aide aux employés. Ils ont des services organisationnels spécialisés comme vous le savez, n'est-ce pas? Qui sont spécialisés pour aider la personne à identifier ce qui ne va pas et qu'ils voudraient régler sur le lieu de travail.

Ils ont tout un menu de différents consultants et des intervenants psychosociaux que je pourrais, je peux effectivement –

Danl Loewen : Maîtrise en travail social, psychologue.

François Legault : Exact. Et, certains médiateurs expérimentés. Les petites organisations n'ont pas comment dirais-je un solide système alternatif de résolution des conflits ou –

Danl Loewen : Services de gestion informelle des conflits – 

François Legault : Oui. Services de gestion informelle des conflits. Ils peuvent donc exploiter ce que SOS fournit. Et bien sûr, si nous soupçonnons qu'il y a un problème de santé mentale parfois, l'obtention d'un peu d'encadrement sur la façon d'approcher cet employé. –

Danl Loewen : Encadrement pour moi et comment faire face à –

François Legault : Comment s'y prendre et avoir cette conversation difficile. Nous avons souvent peur d'ouvrir la boîte de Pandore en ce qui concerne une maladie mentale. Alors qu'en fait, les gens souffrent de maladie mentale à un rythme, en ce moment, où il y a suffisamment de gens qui souffrent au quotidien pour qu'ils puissent probablement élire un gouvernement minoritaire. Je veux dire que 25 % de la population aura un nouveau problème de santé mentale dans l'année, dans une période de 12 mois –

Danl Loewen : Dans une année donnée –

François Legault : Dans une année donnée. C'est sans compter ceux qui souffrent déjà, si vous les ajoutez, ce sont 44, 45 % de votre main-d'œuvre qui, au moins une fois dans leur carrière, seront confrontées à une maladie mentale, et on ne parle pas d'un problème de santé mentale. Elle est donc devenue la première cause de handicap dans le monde pour les domaines qui documentent réellement et classent ensuite les maladies mentales comme un handicap. Elle se manifeste sous tellement de facettes que parfois nous le considérons comme un conflit ou nous pensons que cette personne est juste un casse-pied de première classe, vous savez, mais il peut y avoir parfois quelque chose de sous-jacent. Je dirais que le comportement représente le sommet de la pyramide.

Danl Loewen : Exact. 

François Legault : Ou la pointe de l'iceberg et on ne voit pas ce qu'il y a en dessous à moins d'explorer. Il est donc parfois très utile d'aider cette personne à explorer.

Danl Loewen : Ça m'est arrivé. J'ai quelqu'un qui me semble être un employé difficile alors qu'en fait il vit une mauvaise période. Ce n'est pas tant l'employé qui est difficile comme la supervision qui est difficile pour moi jusqu'à ce que j'obtienne des informations sur la façon de gérer une telle situation.

François Legault : Les gens sont surchargés. On est surtaxé par des problèmes personnels, des problèmes au travail, des problèmes de santé physique aussi.

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Et puis on peut perdre notre patience. On peut perdre la façon qu'on fonctionne. J'aime ce que les partenaires, anciennement les partenaires pour la santé mentale avaient comme campagne qui était, « Not myself today » —

Danl Loewen : « Not myself today », oui —

François Legault : Qui était une campagne de sensibilisation que, comme tu disais tantôt, à n'importe quel moment on n'est pas à 100 pour cent, on n'est pas dans notre assiette comme on dit.

Donc, des fois il faut aller chercher des ressources pour se remettre là-dedans. Malheureusement on est souvent les derniers à savoir qu'on n'est pas dans notre assiette, donc qu'est-ce qu'un superviseur peut faire des fois c'est de juste... pointer du doigt au comportement qui peut-être un indice à la personne que c'est le temps d'aller chercher de l'aide.

François Legault : Le fait d'obtenir de l'aide le plus tôt possible augmente le risque que cette aide soit couronnée de succès.

Danl Loewen : Augmente la probabilité.

François Legault : La probabilité, pas un risque. Oui. La probabilité que ça réussisse. Et en même temps, cela facilite les choses et empêche d'autres dysfonctionnements –

Danl Loewen : Certainement.

François Legault : De prendre le dessus sur le comportement de la personne et sa façon de voir le monde. Vous pouvez ainsi éviter très tôt que survienne une dépression. Quand quelqu'un traverse une période de deuil. Vous pouvez intervenir sur un trouble anxieux en encourageant simplement une personne à ne pas éviter certaines situations, mais à apprendre à faire face à cette anxiété.

Danl Loewen : Ça ressemble un peu à la notion d'immunité. L'idée que je pourrais avoir un système immunitaire déprimé, donc je suis plus susceptible de, en prenant trop de travail et toutes sortes de choses, maintenant, ce qui conduit à une plus grande vulnérabilité à attraper autre chose. Et cela ressemble un peu à un parallèle en l'absence de résilience, en l'absence d'investissement conscient dans les choses qui me renforcent et renforcent la santé mentale et l'équipe que je pourrais en fait faire subir aux gens un problème secondaire qui présente –

François Legault : Absolument, un effet d'entraînement. Nous le constatons, je suis sûr que nous l'avons tous vu, sur le lieu de travail, de sorte qu'il y a un effet d'entraînement qui part d'une personne qui ne va pas bien. Et, ou même ce peut être nous-mêmes et comment nous, nous sommes parfois surpris par la sensibilité des gens. Après avoir fait quelques virages à 360 degrés, j'ai été vraiment surpris que vous vous inquiétiez de ma santé mentale. Mais parce que vous pensiez que j'étais, comme, que je travaillais tout le temps et que j'étais trop passionné, vous savez, tout ça. Ce que vous ne saviez pas, c'est que je serais capable de me déconnecter complètement et de rentrer à la maison et simplement être un bûcheron, aller dans la forêt et couper des arbres, vous savez.

Danl Loewen : C'est quand on parle de plus en plus de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et l'idée d'intégrer travail et vie personnelle se concrétise de plus en plus. Il existe un concept intéressant; il ne s'agit pas tant de travailler. Il s'agit de ne pas obtenir ce qui, pour vous, constitue une pause. Je pourrais travailler 37 heures et demie par semaine, mais si mon cerveau ne peut pas en décrocher, je suis dans le pétrin.

François Legault : Exactement.

Danl Loewen : Quelqu'un d'autre peut travailler 45 heures par semaine, mais est capable de décrocher et de faire d'autres choses, ça peut aller.

François Legault : Oui. Cela revient à un vieil épisode de Seinfeld où l'on dit « la sérénité maintenant ». Je veux cette pause et je la veux maintenant. Vous savez?

Danl Loewen : Donc, si je veux renforcer ma propre santé mentale la promouvoir auprès de mon personnel pour créer des conditions dans lesquelles nous traitons tous nos clients et tout ça. Vous avez mentionné quelques services, programmes d'aide directe aux employés.

François Legault : Oui.

Danl Loewen : Des conseils à court terme et des recommandations pour vous orienter vers d'autres ressources. Vous avez mentionné un service organisationnel spécialisé, qui est plus proactif. Vous pourriez faire venir quelqu'un pour vous guider, servir de médiateur et renforcer l'esprit d'équipe –

François Legault : Et les dirigeants font appel à ce service plus que, la personne de première ligne.

Danl Loewen : Exact. Donc la personne, je pourrais appeler le PAE mais je peux aussi appeler en tant que gestionnaire, en tant que leader. Je peux appeler et faire venir quelqu'un maintenant, n'est-ce pas?

François Legault : Absolument. Oui. L'autre chose est que les employés peuvent faire appel à au PAE pour savoir comment ils peuvent soutenir un collègue qui traverse une période difficile. Ils peuvent discuter de la façon dont ceci, le comportement de cet employé, l'impact qu'il a sur leur propre santé mentale et comment obtenir un peu de soutien dans la façon de planifier, d'aller en parler au patron. Donc le PAE, en première ligne, peut aider à résoudre ces problèmes également.

Danl Loewen : Oui.

François Legault : Mais revenons à la santé mentale de toute l'équipe. Je sais que le fédéral, le gouvernement fédéral et de nombreuses sociétés d'État et même maintenant j'ai des clients du secteur privé qui mettent en œuvre la norme ou qui développent une stratégie de santé mentale pour leur unité. Nous savons donc que c'est quelque chose d'important. Et, tous les SM y travaillent depuis quelques années maintenant. Donc, nous savons qu'il y a eu ces évaluations des facteurs sur le lieu de travail qui peuvent en fait avoir un impact sur la santé des employés et sur la façon d'améliorer cela. Et parfois, il faut plusieurs années avant de voir un changement majeur.

Danl Loewen : Oui, oui.

François Legault : Donc, je dirais aux gens, soyez patients, le processus fonctionne. Nous avons réalisé une étude de cas sur trois ans avec 20 organisations de différents milieux qui ont mis en œuvre la norme. Et nous avons pu les suivre pendant trois ans. Et nous avons constaté, une fois de plus, que les résultats étaient positifs. Mais que c'est long et sinueux.

Danl Loewen : Un long–

François Legault : Initiative, oui. Et ce n'est pas une affaire ponctuelle. Ce n'est pas un programme. C'est, vous mettez en place un système similaire au système de santé et sécurité –

Danl Loewen : Presque une culture —

François Legault : Oui. Et cela demande l'apport de tous. Vous devez donc avoir une représentation. Ainsi, en disant que les employés peuvent aider la culture organisationnelle, le climat organisationnel eux-mêmes. N'attendez pas que votre superviseur le fasse, que votre patron le fasse.

Danl Loewen : N'importe qui peut faire tout de suite, ça veut dire que —

François Legault : Tout de suite —

Danl Loewen : De rester, calme, sourire —

François Legault : Sourire —

Danl Loewen : Être conscient de mon impact sur d'autre monde —

François Legault : Oui.

Danl Loewen : Conscient aussi ce que je peux faire pour aider d'autre monde —

François Legault : Oui, reconnaître la contribution de votre collègue au projet.

Danl Loewen : Oui —

François Legault : Souligner des choses positives, partager une pensée plus positive et équilibrée —

Danl Loewen : Oui —

François Legault : Même quand on vit des moments difficiles...

Danl Loewen : Et que je me rappelle en même temps que je suis pas tout seul. Il y a d'autre monde qui vivent la même expérience et qu'il y a des ressources que vous avez nommées.

François Legault : Comme dirait Red Green, nous sommes tous dans le même bateau. Alors, travaillons ensemble pour en faire un meilleur lieu de travail. Nous passons beaucoup trop de temps au travail, alors faisons en sorte que ce soit un endroit agréable et confortable où les gens peuvent être authentiques et honnêtes et autant que possible et fonctionner et faire les choses comme nous sommes censés le faire.

Danl Loewen : François Legault, merci beaucoup d'avoir partagé tes conseils, vos pensées —

François Legault : Merci Danl —

Danl Loewen : Avec Entre Cadres exécuteur grâce à l'École de la fonction publique, merci beaucoup.

François Legault : Ça me fait plaisir.

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