Transcription
Transcription : Cassie Doyle
[00:00:00 La vidéo s'ouvre sur un montage de vues du bâtiment de l'EFPC, du bureau du sous-ministre et de l'équipe qui installe son matériel pour l'entrevue. Cassie Doyle prend place dans une salle historique. Une musique inspirante est diffusée pendant que les questions sont posées.]
[00:00:03 Bureau du sous-ministre – Président]
[00:00:11 Texte à l'écran : Série Réflexions sur le leadership des sous-ministres avec Cassie Doyle.]
[00:00:21 Texte à l'écran : Cassie Doyle a mené une brillante carrière au gouvernement canadien en tant que sous-ministre des Ressources naturelles et sous-ministre déléguée d'Environnement Canada. Elle a également occupé des postes importants au sein du gouvernement de la Colombie-Britannique.]
[00:00:31 Texte à l'écran : À l'heure actuelle, elle joue un rôle essentiel dans la gouvernance en tant que présidente de BC Housing et de la Régie de l'énergie du Canada. Elle est également directrice de l'Institut de recherche en politiques publiques et du Fraser Basin Council.
[00:00:45 Cassie Doyle apparaît en plein écran.]
[00:00:45 Texte à l'écran : Où; êtes-vous né?]
Cassie Doyle : Je suis née à Vancouver.
[00:00:52 Texte à l'écran : Que souhaitiez-vous faire lorsque vous seriez grand?]
Cassie Doyle : Non, à l'origine, je voulais être religieuse. J'ai été élevée dans une école catholique, alors je pense que c'est peut-être pour cela. Et puis, j'ai voulu être assistante sociale.
[00:01:09 Texte à l'écran : Quelle était votre perception du Canada pendant votre enfance?]
Cassie Doyle : Le Canada représentait quelque chose de monumental à mes yeux. Vous savez, j'étais à l'école primaire lorsque nous avons adopté le nouveau drapeau. Cela m'a semblé être une sorte d'image de marque. Et j'ai ressenti un grand attachement pour le Canada, en grandissant, même si j'étais une habitante de l'Ouest. Il y avait comme un fort sentiment d'attachement.
Je me souviens d'être venue à Ottawa lorsque j'étais à l'école secondaire, et tous les symboles étaient importants. Je me souviens avoir été très impressionnée, tout au long de ma carrière, par la Tour de la Paix. Je pense qu'il s'agissait du service qu'elle représentait et aussi du fait qu'elle représentait la paix. Et je pense que c'est toujours quelque chose que nous devrions valoriser en tant que Canadiens et Canadiennes. Il s'agissait donc d'un symbole important.
[00:02:03 Texte à l'écran : À quelle université avez-vous étudié?]
Cassie Doyle : Je suis allée à l'Université de Victoria.
[00:02:10 Image de l'extérieur de l'Université de Victoria; photo de la remise des diplômes de Cassie Doyle.]
Cassie Doyle : De plus, j'ai étudié la sociologie, avec une spécialisation en sciences politiques, donc j'ai en quelque expérimenté ce côté « sciences humaines ». C'était une période formidable pour être à l'université.
[00:02:21 Cassie Doyle apparaît en plein écran.]
Cassie Doyle : J'ai ensuite commencé à travailler au niveau international. J'ai participé à la Croix-Rouge canadienne. J'ai fait quelques tournées internationales. Et puis je suis revenue et je suis allée à l'Université Carleton.
[00:02:32 Image extérieure de l'Université Carleton.]
Cassie Doyle : Fait inhabituel, je pense, pour une sous-ministre – j'ai fait ma maîtrise en travail social en politique et administration.
[00:02:38 Cassie Doyle apparaît en plein écran.]
Cassie Doyle : Je me suis donc orientée vers un courant plus social. Mais beaucoup de membres du corps professoral de cette école d'études supérieures à l'époque – par exemple, mon travail principal et ma thèse portaient sur la Loi canadienne sur la santé. Et il y avait de ces membres qui étaient là, qui avaient été SMA et qui avaient une grande expérience dans le gouvernement, dans le gouvernement fédéral, et en particulier dans la politique sociale, alors j'ai semblé être très chanceuse à cet égard.
Mais j'ai commencé après l'université parce que c'était un programme où; l'on faisait un stage professionnel. J'ai fait mon stage à la Ville d'Ottawa, où;, à l'époque, j'étais plutôt attirée par les enjeux locaux, et j'ai travaillé sur les questions liées au logement et à l'itinérance au sein du service de planification, puis à la Société de logement à but non lucratif de la Ville d'Ottawa. Je suis restée là-bas pour y travailler. J'ai fini par trouver un emploi là-bas et j'ai travaillé pour la Ville d'Ottawa.
[00:03:33 Texte à l'écran : Mme Doyle a commencé sa carrière en 1982 à la Ville d'Ottawa dans le domaine du logement et du développement urbain.]
Cassie Doyle : J'ai donc travaillé pour l'administration municipale. Ensuite, je suis partie de là pour aller dans la province de la Colombie-Britannique.
[00:03:40 Texte à l'écran : Elle a ensuite déménagé en Colombie-Britannique et est devenue sous-ministre déléguée des Affaires municipales en 1992.]
Cassie Doyle : J'ai passé environ une décennie en Colombie-Britannique, et j'y étais sous-ministre. Ensuite, je suis passée du gouvernement de la Colombie-Britannique au gouvernement fédéral, où; j'ai commencé comme SMA, puis je suis devenue, assez rapidement, déléguée.
[00:03:53 Texte à l'écran : Comment êtes-vous devenue sous-ministre adjointe?]
Cassie Doyle : Grâce aux tables fédérales-provinciales dont je faisais partie, j'ai pu faire la connaissance de certains sous-ministres.
[00:04:08 Texte à l'écran : Alan Nymark a consacré 34 ans à la fonction publique en tant que sous-ministre des Ressources humaines et Développement des compétences Canada, de l'Agence des douanes et du revenu du Canada et d'Environnement Canada, et sous-ministre délégué de la Santé.]
Cassie Doyle : Alan Nymark était l'un d'entre eux, le regretté et grand Alan Nymark. J'ai donc pu faire jouer mes relations. Wayne Wouters est une autre personne que j'ai rencontrée sur les questions relatives au MPO.
[00:04:20 Texte à l'écran : L'honorable Wayne G. Wouters, OC, PC, a mené une brillante carrière de 37 ans dans la fonction publique fédérale, au cours de laquelle il a été greffier du Conseil privé, secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique.]
Cassie Doyle : Il était, je crois, adjoint du MPO à l'époque, j'ai donc pu faire jouer certaines de ces relations.
À l'époque, le recrutement des SMA était assez ouvert sur l'extérieur. Je sais que beaucoup de gens ont dit : « Oh, tu ne devrais pas devenir SMA », mais je l'ai fait. Et fondamentalement, sur les conseils d'Alan, je suis devenue sa SMA à Environnement Canada. Et puis, comme je l'ai dit, c'était assez court. Et il m'a convaincue – et je pense que c'était en fait un très bon conseil – que [si] vous arrivez en tant que SMA, vous comprendrez vraiment mieux le genre de mécanismes, je suppose, et comment le gouvernement fonctionne ici : comment fonctionne le centre, comment fonctionne le Conseil du Trésor. Il est très difficile de se lancer. En fait, je ne peux pas m'imaginer devenir sous-ministre.
[00:05:06 Texte à l'écran : Quelle était votre expérience lorsque vous êtes entré dans la fonction publique?]
Cassie Doyle : Eh bien, lorsque je suis arrivée, j'étais quelque peu impressionnée par la complexité, en particulier par le rôle des agences centrales.
[00:05:22 Note au bas d'une photo : Cassie Doyle et l'ancien ministre de l'Environnement, Stéphane Dion.]
Cassie Doyle : J'étais à Environnement Canada. Comme toujours, l'ordre du jour était très chargé et je fournissais des services ministériels. Donc, la crème des personnes qui m'ont enseigné était mes directrices et directeurs généraux. Ces personnes étaient heureuses de m'apprendre tout ce qu'elles savaient sur le gouvernement fédéral, et j'étais heureuse de passer du temps avec elles et d'apprendre. Donc, c'était un très bon point d'entrée, et j'avais là-bas une équipe fantastique, une équipe très motivée, une équipe à rendement élevé. Donc c'était fantastique.
Par ailleurs, j'ai reçu un excellent conseil quand je suis arrivée et c'était de ne pas attirer l'attention sur le fait que j'étais nouvelle. Vous avez peut-être travaillé dans une région, ne pensez pas que tout le monde se connaît, mais ne dites pas que vous avez travaillé pour la province de la Colombie-Britannique, ne le dites pas.
Et cela faisait également partie de cette culture qui veut que même si vous tirez des leçons – et je l'ai fait à plusieurs reprises en raison de mon expérience provinciale – ne faites jamais, jamais, de comparaison. Cela évoque également, je pense, le sentiment que vous ne voulez pas donner l'impression que vous êtes une étrangère ou un étranger, mais plutôt une personne initiée. Et c'était un excellent conseil. Je l'ai suivi à la lettre.
[00:06:36 Texte à l'écran : Comment êtes-vous devenue sous-ministre déléguée?]
Cassie Doyle : Dans mon cas, les sous-ministres ont changé. Alan est parti et nous avons eu une nouvelle sous-ministre, Suzanne Hurtubise, et je suis devenue sa conseillère clé parce qu'il y avait de nombreux problèmes sur lesquels j'avais une vue d'ensemble depuis mon poste du côté ministériel. Je pense donc que j'ai eu la chance d'être écoutée par la sous-ministre et de pouvoir représenter le ministère sur certains dossiers plus importants. Et c'est ainsi que j'ai connu le greffier de l'époque. Et puis j'ai été assez surprise, car assez rapidement j'ai été appelée à devenir déléguée.
[00:07:27 Texte à l'écran : Comment êtes-vous devenue sous-ministre?]
Cassie Doyle : Je suis allée à Ressources naturelles Canada.
[00:07:35 Image superposée du communiqué de presse annonçant des changements dans les rangs supérieurs de la fonction publique. Mme Doyle est désignée comme : actuellement sous-ministre déléguée de l'Environnement, devient sous-ministre des Ressources naturelles, à compter du 10 juillet 2006.]
[00:07:35 : Coupure de presse qui se lit comme suit :
Le Premier ministre annonce des changements au niveau des cadres supérieurs de la fonction publique
Communiqué de presse
16 juin 2006
Ottawa (Ontario)
Le Premier ministre Stephen Harper a annoncé aujourd'hui les changements suivants aux échelons supérieurs de la fonction publique.
Janice Charrette, actuellement sous-ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, devient sous-ministre des Ressources humaines et du Développement social, à compter du 1er juillet 2006.
Richard Fadden, actuellement sous-ministre des Ressources naturelles, devient sous-ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, à compter du 1er juillet 2006.
Catherine (Cassie) Doyle, actuellement sous-ministre déléguée de l'Environnement, devient sous-ministre des Ressources naturelles, à compter du 10 juillet 2006.
Carole Swan, actuellement sous-ministre déléguée de l'Industrie, devient sous-ministre déléguée principale de l'Industrie. Cette nomination entre en vigueur immédiatement.
Le Premier ministre a profité de l'occasion pour remercier Alan Nymark pour ses 34 années de service au sein de la fonction publique et lui souhaite une retraite gratifiante.
Les notices biographiques se trouvent ci-dessous.
[00:07:39 Note au bas de la coupure de journal : Cassie Doyle a été sous-ministre déléguée d'Environnement Canada de 2003 à 2006.]
Cassie Doyle : J'avais eu une bonne expérience à Environnement Canada, donc je connaissais bien une grande partie du travail politique qui était à l'ordre du jour dans ce domaine.
[00:07:46 Texte à l'écran : Elle est ensuite devenue sous-ministre de Ressources naturelles Canada en 2006 et a occupé ce poste jusqu'en 2010.]
Cassie Doyle : Mais prendre ces fonctions, c'était un grand saut. J'avais bien sûr une certaine expérience en tant que sous-ministre, donc je comprenais le rôle.
J'ai en quelque sorte hérité d'un ministère, je dirais, assez fracturé, pour être honnête. Je veux dire que l'équipe qui se trouvait autour de la table était très concurrentielle. Et, si je peux être aussi franche, tous les membres de l'équipe étaient des hommes. Et j'ai dû affirmer mon autorité assez tôt. Je pense que, peut-être dans les deux premières semaines, j'ai mis un SMA en congé avec salaire. Je l'ai renvoyé chez lui pour insubordination à la table de direction.
[00:08:32 Texte à l'écran : Quel est votre point de vue sur la relation entre Ressources naturelles Canada et Environnement Canada, compte tenu de leur manque de cohésion historique?]
Cassie Doyle : J'ai été affectée à RNCan avec la mission expresse de créer une plus grande coopération entre les deux ministères et, en même temps, j'étais probablement perçue comme venant du camp ennemi, d'Environnement Canada. Et cela a rendu plus difficile la prise de contrôle de la table de direction, tâche que vous devez vraiment accomplir en tant que sous-ministre.
Cela a donc entraîné un changement complet dans la façon dont nous fonctionnions à RNCan, car je pensais que certaines personnes occupant des postes de direction estimaient que notre travail consistait à défendre le secteur pétrolier et gazier. Vous savez, un peu d'emprise des parties prenantes, je dirais. Il y avait aussi beaucoup de gens brillants là-bas.
J'ai fait quelque chose à RNCan pour changer la conversation sur la création d'une table « Étoile du Nord » afin de repenser qui nous étions en tant que ministère. Il s'agissait d'un ministère fortement cloisonné, qui comptait également quelques grandes institutions anciennes, comme la Commission géologique du Canada et le Service des forêts. Ces institutions se considéraient presque comme des franchises du ministère.
Alors, j'ai beaucoup bouleversé les choses, je pense, à RNCan. Et c'était la seule façon pour moi de changer la conversation et la culture, et aussi de faire ressortir l'expertise du ministère et les penseurs vraiment novateurs du ministère. Et je pense que cela a réellement commencé – vous savez, je suis modeste en termes d'impact que cela a eu – mais cela a en fait créé une nouvelle façon de penser et de parler des ressources naturelles. Plutôt que voir une opposition avec Environnement Canada, nous avons vu que la seule façon d'avancer était de collaborer et d'apporter notre expertise à la table des discussions sur les changements climatiques.
[00:10:46 Texte à l'écran : Quels sont les facteurs clés à prendre en compte lorsqu'on assume un poste de direction au sein d'une organisation?]
Cassie Doyle : Je pense qu'il est important de veiller à ce que votre équipe sache qui vous êtes et comment vous dirigez. Et donc, je pense que même le tout premier jour, et c'est ce que je ferais, et la première fois que je réunirais une table, ce serait non seulement pour me présenter un peu, donner des renseignements biographiques, mais aussi pour dire, c'est ainsi que j'aime diriger les organisations.
J'ai appris en cours de route qu'il est préférable de se manifester tôt et de dire, par exemple, « je veux que vous collaboriez ». C'est une chose assez simple, mais je ne tolérerai pas que vous vous fassiez concurrence ou que vous dissimuliez des renseignements. J'avais donc une liste de choses auxquelles je croyais vraiment et qui leur offraient un environnement sans surprise, c'est ainsi que nous allions travailler ensemble. C'est ainsi que je veux diriger, et c'est ainsi que j'attends que vous dirigiez.
Et puis, j'ai mis un accent très fort sur les valeurs. Donc, d'une certaine manière, je pense que j'essaie de donner le ton, et en donnant le ton, de faire comprendre que j'assume un nouveau leadership de cette équipe, et c'est ainsi que je veux procéder.
[00:12:12 Texte à l'écran : Abordez-vous chaque poste de la même façon ou adaptez-vous votre approche en fonction des exigences du poste?]
Cassie Doyle : J'apporte probablement une approche fondamentale à chaque travail que j'ai en quelque sorte perfectionné ou développé. Je n'ai jamais rencontré une équipe qui ne pouvait pas être améliorée, ou qui ne pouvait pas s'améliorer, en ce qui concerne son fonctionnement. Et je crois qu'il existe des problèmes chroniques au sein de tous les services publics, et une partie de ces problèmes réside, par exemple, dans le cloisonnement. J'étais très attachée, et je le suis toujours, à la collaboration, et je pense qu'il s'agit d'un moyen essentiel d'aller de l'avant dans le cadre d'un service public moderne.
Alors oui, j'ai repris des équipes dont je pensais qu'elles avaient été autorisées à se développer d'une manière qui comportait certaines tendances malsaines, disons les choses comme ça.
[00:13:18 Texte à l'écran : Que pensez-vous du débat entre généraliste et spécialiste?]
Cassie Doyle : En fait, je crois que c'est un peu des deux. Il faut vraiment apprendre où; l'on travaille.
C'est drôle, j'ai commencé à travailler dans le domaine du logement bien avant que cela ne devienne un problème national de grande ampleur, mais j'ai commencé à travailler dans le domaine du logement avec la Ville d'Ottawa. Je suis allée en Colombie-Britannique et j'étais la SMA des affaires municipales responsable du logement.
[00:13:48 Texte à l'écran : En 1993 Mme Doyle a été nommée sous-ministre du Logement de la Colombie-Britannique.]
Cassie Doyle : Je suis ensuite devenue sous-ministre du Logement, entre autres responsabilités. Par la suite, j'ai été mutée pour la première fois dans un rôle généraliste, au sein d'Environnement Canada.
[00:13:55 Texte à l'écran : Mme Doyle a été nommée sous-ministre de l'Environnement de la Colombie-Britannique en 1996.]
Cassie Doyle : J'ai alors été stupéfaite de constater que je ne travaillais pas du côté « sale » du gouvernement. Je n'avais aucune expérience dans ce domaine. C'était intéressant parce qu'à l'époque, les enjeux étaient vraiment tendus du point de vue des parties prenantes. Donc, l'une des raisons pour lesquelles j'ai été mutée, c'est parce que j'étais perçue comme une personne capable de travailler avec les parties prenantes et de m'asseoir autour d'une table et de travailler particulièrement avec les Premières Nations à l'époque. J'ai donc pu constater que cela m'a permis de constater que j'avais des compétences hautement transférables.
Et puis, pendant le reste de ma carrière, j'ai vraiment travaillé davantage sur l'environnement, les ressources naturelles, cet aspect du gouvernement. Et c'est pour ça que je parle de combinaison. J'ai vu des gens brillants, des leaders qui étaient des spécialistes, et ces gens étaient brillants s'ils étaient capables d'élever leur réflexion au-delà de cette expertise en la matière, pour voir le côté stratégique. Entrevoir cet aspect, avoir une vision.
Donc je pense que c'est une sorte de combinaison. Je dirais simplement que lorsque j'étais au gouvernement, j'essayais toujours de promouvoir des personnes ayant une formation scientifique, car elles étaient très peu nombreuses aux échelons supérieurs de la fonction publique, et je pensais que nous avions besoin de cela autour de la table.
[00:15:14 Texte à l'écran : Comment gérez-vous efficacement les interactions avec un ministre?]
Cassie Doyle : C'est là que ma formation en sciences politiques m'a vraiment été utile : comprendre le rôle des ministres et la responsabilité ministérielle dans le cadre du système démocratique, ce qui est souvent oublié.
J'ai beaucoup appris sur le travail avec les ministres au sein du gouvernement provincial, et c'était un peu plus désordonné à l'époque; on entourait moins les ministres et nous y avions beaucoup plus accès. Et l'une des choses qui me semblent vraiment importantes est d'établir la relation. Il ne s'agit pas de les gérer, mais de les connaître, et surtout de savoir ce qu'ils ou elles cherchent à accomplir.
Je donnais justement des conseils à un nouveau ministre du gouvernement provincial, et je lui disais qu'en étant plus clair sur ce qui était vraiment important pour lui, son ministère serait clair, et plus il obtiendrait de résultats. J'ai donc toujours essayé d'obtenir cela de la part des ministres de mon entourage.
J'ai adoré travailler avec les ministres. Je les respecte énormément. Je respecte les figures politiques et je me souviens d'un ministre qui m'avait dit, lors d'une réunion d'information avec un SMA, qu'il était peut-être trop loin dans ses conseils au SMA. Il s'est arrêté et a dit : « Hé, as-tu déjà présenté une candidature? » Et c'était une question intéressante, parce que vous réalisez à quel point on protège les fonctionnaires, du moins jusqu'à récemment. À quel point on les protège contre le feu des projecteurs.
Lorsque je travaillais pour le gouvernement provincial, nous terminions souvent nos séances d'information juste avant la période des questions, c'est donc ce que je veux dire par « un peu plus désordonné ». Le ministre sortait simplement et une mêlée se produisait. J'étais sous-ministre de l'Environnement en Colombie-Britannique à une époque où; il y avait une énorme bataille au sujet de la foresterie. On pouvait donc s'en rendre compte.
Donc, je respectais les ministres. Je pense que c'est une relation clé. Quand ça marche bien, on peut tout faire. Quand ça ne fonctionne pas bien, c'est vraiment difficile de surmonter ça, je dirais.
[00:17:35 Texte à l'écran : Que signifie le leadership pour vous?]
Cassie Doyle : Je me suis toujours considérée comme une dirigeante dans un contexte. J'ai donc l'impression de croire en moi, en tant que dirigeante, que le fait d'être en contact avec les autres est un élément important du leadership.
J'ai peut-être grandi à une époque où; l'on rejetait le modèle de « grand homme », vous savez, une sorte de modèle de leadership, plus participatif. Donc, pour moi, le leadership signifie être capable de posséder l'art de faire avancer les choses grâce à d'autres personnes. Et c'est pourquoi vous avez besoin d'établir des contacts. C'est pourquoi j'ai mis l'accent sur la façon dont je me connecte en tant que dirigeante.
[00:18:29 Texte à l'écran : Votre perception du métier de fonctionnaire a-t-elle changé du début à la fin de votre carrière?]
Cassie Doyle : Ayant commencé comme fonctionnaire dans une administration locale, il y avait une immédiateté dans cela, qui était vraiment différente. Lorsque je travaillais pour la Ville d'Ottawa, je ressentais :
[00:18:29 Image aérienne superposée du centre-ville d'Ottawa.]
Cassie Doyle : Cela vous amuserait, car vous vivez à Ottawa. Je connaissais toutes les intersections. J'ai appris à connaître la ville de manière très complète, car j'étais souvent sur la ligne de tir. Quand vous êtes la dirigeante d'une ville, vous devez réagir, et souvent avec la caméra en marche. Et donc, cette immédiateté était vraiment différente. Et le sentiment de prendre des décisions qui ont une incidence sur les gens au niveau de la communauté.
Et puis, au fur et à mesure que j'avançais – je vais juste vous raconter quelque chose d'amusant – quand je suis allé pour la première fois au gouvernement provincial et la première fois que j'ai attendu à l'extérieur d'un cabinet, j'ai soudainement constaté à quel point c'était facile. Il n'y a pas de médias. Personne ne sait même ce que nous apportons. Comme le mémoire, le secret, le secret ministériel. Tout d'un coup, comme si une lumière s'était allumée, je me suis dit « c'est du gâteau ». C'était un jeu d'enfant de ne pas avoir à gérer toute la dynamique parce qu'il y avait beaucoup plus de transparence à l'époque, car tout ce qui était à l'ordre du jour du conseil avait été distribué quelques jours à l'avance, donc tout le monde savait ce qui se passait. Et votre travail était tellement plus transparent.
Ainsi, au cours de ma carrière dans la fonction publique, j'ai eu l'occasion unique de passer du niveau le plus immédiat au gouvernement fédéral, où; nous avons accompli une grande partie du travail au sein des comités du Cabinet qui n'a jamais vu le jour.
[00:20:19 Texte à l'écran : Pourriez-vous nous faire part des principales leçons que vous avez tirées du moment le plus difficile de votre carrière dans la fonction publique?]
Cassie Doyle : Je me souviens avoir dû gérer une crise énorme. C'est à ce moment-là que le réacteur nucléaire de Chalk River a été fermé par la Commission canadienne de sûreté nucléaire. C'était donc la crise la plus grave que j'ai jamais gérée, où; nous travaillions presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et c'est la première fois que j'ai été exposée [à ça] – dans les 24 heures environ, une commission de l'ensemble du Parlement a été convoquée, et c'est la seule fois où; j'ai siégé au parlement avec Morris Rosenberg. Il était sous-ministre de la Santé et j'étais sous-ministre à RNCan. Nous étions assis par terre, et c'était, wow, le plus grand numéro de funambule auquel je n'ai jamais participé.
[00:21:12 Texte à l'écran : Qu'avez-vous appris de cette crise?]
Cassie Doyle : Notre groupe était trop petit pour gérer l'ampleur du problème, et j'aurais dû recruter et faire participer davantage de personnes. L'un de mes principaux sous-ministres adjoints responsables du sujet, à l'époque, avait donné une réponse terrible à ce problème de santé. Il n'y avait donc pas d'autre solution.
Donc, à l'époque, nous aurions dû avoir un moyen – et je pense que c'est très pertinent, compte tenu du type d'urgences auxquelles nous sommes confrontés – d'apporter davantage de ressources. Nous avions tout ce ministère, et je pense que nous fonctionnions avec une équipe trop petite, simplement compte tenu des exigences.
[00:22:02 Texte à l'écran : Quels conseils donneriez-vous à un ou une fonctionnaire qui amorce tout juste sa carrière?]
Cassie Doyle : Une chose que je leur dirais, c'est qu'il n'y a pas de travail plus important que vous puissiez faire et aucun travail plus épanouissant que vous pourriez faire. Et la chose vraiment importante à cultiver est votre propre curiosité. Il y a tellement de choses à apprendre, horizontalement et aussi simplement d'un point de vue approfondi, que je les encouragerais à apprendre autant qu'ils le peuvent. Et le fait de valoriser leur contribution.
Cela peut paraître parfois assez faible, je dirais, mais je me souviens d'avoir parlé à de jeunes fonctionnaires qui m'ont dit qu'ils passaient toutes leurs journées à rédiger des notes d'information. Alors, j'ai dit, d'accord, vous pensez que c'est comme si vous écriviez des notes d'information, mais vous devriez réfléchir comme si vous fournissiez des conseils au ministre. Que vous faites partie du processus démocratique. Et je ne crois pas non plus que nous devrions laisser les gens écrire des notes d'information trop longtemps. Ils devraient être reconnus.
En outre, vous devez suivre votre travail, voir où; il vous mène et essayer de cultiver votre propre sens des possibilités offertes par les politiques publiques. Je recommande donc à tous les jeunes de travailler dans la fonction publique. J'ai eu une carrière extrêmement enrichissante, mais je pense que cela est dû en grande partie au fait que j'ai toujours été curieuse. Et donc, je suppose que la curiosité et ensuite le respect de l'institution ont également joué un rôle, et cela n'a jamais été aussi important qu'en ce moment.
[00:23:47 Texte à l'écran : Y a-t-il autre chose dont vous aimeriez nous faire part?]
Cassie Doyle : Je tiens vraiment à parler de leadership collectif. C'est un point qui me semble très important : en tant que sous-ministre, ce qui compte, ce n'est pas qui vous êtes en tant que leader, c'est la façon dont les membres de votre équipe dirigent ensemble. Et j'ai découvert que l'un des meilleurs investissements que j'ai faits en tant que sous-ministre a été de réunir mon équipe de direction. Et parfois avec l'aide d'une équipe-conseil extérieure pour essayer de comprendre comment nous travaillons ensemble et pour vraiment viser à faire preuve d'exemplarité ensemble, parce que je pense que tout le monde observe l'équipe, donc si deux sous-ministres ne se parlent pas, leur personnel ne travaillera jamais ensemble. Et les problèmes auxquels nous sommes confrontés actuellement sont si complexes qu'ils nécessitent réellement une approche collaborative.
Je pense donc que l'un de mes plus importants apprentissages est qu'il importe peu d'être une bonne ou un bon leader si les personnes qui font partie de votre équipe ne sont pas cohérentes dans la façon dont elles font preuve de leadership – et cela a commencé à Environnement Canada, où; nous avons créé une charte pour l'équipe de direction. Mais c'est une sorte d'apprentissage que j'ai poursuivi et que j'ai utilisé à plusieurs reprises depuis lors, à savoir que la façon dont nous dirigeons est vraiment collective. Nous sommes un organisme, si l'on peut dire, et ce que font les individus n'a pas d'importance. Je suppose que je recommanderais aux sous-ministres d'investir leur temps dans cette réflexion.
[00:25:27 La vidéo se termine avec l'équipe qui range son équipement après l'entrevue.]
[00:25:34 Le logo animé de l'EFPC s'affiche à l'écran. Texte à l'écran : Canada.ca/Ecole.]
[00:25:41 Le mot-symbole du gouvernement du Canada s'affiche, puis l'écran devient noir.]
[25:39 À l'écran : canada.ca/ecole]
25:44 : À l'écran avec le drapeau du Canada : Canada]