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Série Réflexions sur le leadership des sous-ministres : Walter Natynczyk (LPL1-V33)

Description

Cette vidéo présente Walter Natynczyk, sous-ministre des Anciens combattants et ancien chef d'état-major de la Défense à la retraite, qui revient sur sa carrière dans les Forces armées canadiennes et parle de réussite, de risque et de l'importance de rendre à son pays ce que celui-ci lui a donné.

Durée : 00:31:08
Publié : 18 février 2025
Type : Vidéo


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Série Réflexions sur le leadership des sous-ministres : Walter Natynczyk

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Transcription

Transcription : Walter Natynczyk

[00:00:03 Le bureau du sous-ministre/président apparaît.]

[00:00:11 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Réflexions sur le leadership des sous-ministres avec Walter Natynczyk ».]

[00:00:14 Walter Natynczyk s'assoit sur une chaise.]

[00:00:21 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Walter Natynczyk s'est enrole dans les Forces armées canadiennes en 1975. De 2008 à 2012, il agit à titre de chef d'état-major de la Défense, période au cours de laquelle il dirige les troupes canadiennes lors d'importantes missions en Afghanistan, en Haïti et en Bosnie. En 2014, il est nommé sous-ministre d'Anciens Combattants Canada et, dans le cadre de ses fonctions, il est chargé de soutenir les vétéranes et vétérans et de superviser les programmes visant leur bien-être. Il a occupé ce poste jusqu'à sa retraite en 2021. »]

[00:00:44 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Où; êtes-vous né? »]

Walter Natynczyk : À Winnipeg, oui : je suis né et j'ai grandi à Winnipeg.

[00:00:52 Une photo d'un quartier de Winnipeg est présentée. "Crédit: Droit d'auteur Paul Clerkin, CC BY 2.0, via flickr"]

C'est là que j'ai fait mes études primaires et secondaires, c'est là que j'ai été joueur de football, travaillé dans une place à hamburgers, livré des journaux, toutes ces expériences, et à l'âge de 17 ans, j'ai rejoint les Forces armées canadiennes.

[00:01:06 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Parlez-nous de votre enfance? »]

En fait, on peut dire que j'ai eu de la chance, dans le sens où; j'avais une famille qui m'a vraiment soutenu.

[00:01:12 Une photo de la famille de Walter Natynczyk est affichée.]

Mon père est décédé quand j'avais neuf ans.

[00:01:17 Une photo du père de Walter Natynczyk est affichée.]

Mon oncle et ma tante adoraient le camping, la pêche, ce genre de choses. Alors, à partir de l'âge de huit ou neuf ans environ, je ne passais pas beaucoup de temps sur la prairie, mais plutôt, nous nous rendions en voiture vers l'est et jusqu'en Ontario pour pêcher et faire du camping dans la région de Kenora, au lac des Bois, pratiquement toutes les fins de semaine. Vraiment, nous avions tellement de liberté et de flexibilité pour faire plein de choses, et il y avait toutes sortes de possibilités. Comme je l'ai mentionné, je livrais des journaux dès l'âge de dix ans, je jouais au football à l'école secondaire, j'ai menti sur mon âge et j'ai commencé à travailler dans une place à hamburgers à 15 ans. À l'âge de 16 ans, je suis devenu assistant-gérant au restaurant, et j'étais aussi dans les Cadets de l'Air, ce qui a été ma véritable introduction aux Forces armées canadiennes, par l'entremise du programme des Cadets; j'ai fait plusieurs cours d'été avec eux. Mais dans toutes ces expériences passées à Winnipeg, j'ai eu tellement de possibilités, une excellente école secondaire. Daniel McIntyre High School, qui m'a vraiment préparé avant le collège militaire.

[00:02:26 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Au départ, qu'est-ce qui vous attirait dans l'armée? »]

Avant le décès de mon père, j'avais été dans les Scouts Louveteaux, puis j'ai été dans les Boy Scouts et c'était intéressant, mais j'ai toujours voulu être pilote, et j'étais… surtout après le décès de mon père, et même avant cela, j'avais déjà entendu toutes les histoires de guerre. Mon père était un vrai de vrai combattant polonais. Il avait survécu aux goulags de la Sibérie et perdu bien des membres de sa famille dans cette situation, et il avait rejoint l'Armée polonaise libre. Et donc, dans notre foyer, alors qu'il était vivant, ses anciens compagnons de combat venaient à la maison pour se remémorer leurs aventures. Donc, tout ça a soutenu mon intérêt pour la Force aérienne et l'aviation. Alors, je me suis dit, je veux être pilote, et un de mes amis s'embarquait dans ce truc des Cadets de l'Air, alors j'ai pensé que j'allais essayer moi aussi. J'avais 13 ans, je venais juste d'avoir 13 ans. Et donc, je me suis inscrit et j'ai adoré ça, et encore une fois, en plus de livrer des journaux, de jouer au football, vraiment je savais comment me tenir occupé à cette époque, et j'ai réalisé que chacune de ces activités m'orientait vers quelque chose et m'aidait à créer ce personnage plutôt sauvage que je suis maintenant, mais j'aimais la structure, j'aimais la discipline, les normes élevées des Cadets de l'Air. J'ai découvert par la suite que je ne pouvais pas être pilote. J'avais un petit problème de vision des couleurs qui m'empêchait de faire carrière en tant que pilote, mais j'aimais bien l'exercice physique, le leadership, la possibilité de mener des gens tout en disant « Bon, allons-y », et j'aimais beaucoup enseigner. Et donc, j'ai pensé que je pourrais continuer sur cette voie.

[00:04:15 Le texte suivant apparaît à l'écran : « À quel moment avez-vous commencé à penser que vous pourriez faire carrière dans l'armée? »]

Vraiment, c'était une décision, décider d'aller à l'université dans le contexte d'un milieu familial où; nous n'avions pas beaucoup d'argent, et quand mon père est décédé, nous étions sur l'aide sociale et c'était des règles différentes à cette époque-là. Impossible d'avoir une voiture. Vous aviez une limite dans votre compte bancaire. Il y avait beaucoup de limites. Et donc, une de mes motivations pour faire tout ce travail, livrer des journaux et travailler dans un restaurant, c'était vraiment de ramener de l'argent à la maison, et la première voiture que nous avons eue, c'était celle que j'ai achetée quand j'avais 16 ans. Je l'avais payée 100 $ (rires). Donc, m'enrôler dans les Forces et m'inscrire au collège militaire, en fait, c'était un peu comme avoir une bourse, et ça m'a permis d'avoir une éducation. Et donc, c'est comme ça que ça a commencé.

[00:05:15 Le texte suivant apparaît à l'écran : « À quelle université avez-vous étudié? »]

J'ai donc fréquenté le Royal Roads Military College à Victoria, en Colombie-Britannique, pendant deux ans.

[00:05:20 Une photo du Collège militaire Royal Roads est affichée. "Crédit: Droit d'auteur Victoriaedwards, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons"]

Et aussi, en quittant le Manitoba où; il n'y a pas de 13e année comme ici en Ontario, j'étais mal outillé pour l'université en Colombie-Britannique. Je ne connaissais pas le calcul différentiel et d'autres sujets, par exemple en chimie et en physique. Alors, quand je suis arrivé en Colombie-Britannique, conscient que j'avais d'excellentes notes en quittant Winnipeg, j'ai immédiatement été repêché dans l'équipe universitaire de rugby, ce qui prenait tout mon temps. Donc, ma formation académique était insuffisante. Je faisais du sport essentiellement toute la journée, avec quelques activités sociales ici et là. Je m'étais inscrit à une classe de danse de salon, ce qui me semblait très important pour rencontrer des personnes du coin. Alors, rendu à Noël, ma carrière académique était dans la toilette. J'ai échoué tous ces sujets clés qui sont, comme, importants pour un ingénieur. Donc les Forces armées m'avaient mis en libération, et j'avais plusieurs personnes qui m'appuyaient, le directeur de Royal Roads, le Dr John Graham. Il pensait que je pouvais encore réussir; et mon officier supérieur, un commandant d'escadron nommé Dennis O'Brien, pensait aussi que je pouvais réussir, en partie parce que j'étais un bon joueur de rugby (rires). Donc, après quelques semaines en procédures vers ma libération, mais en continuant à jouer au rugby pendant tout ce temps, ils ont dit, « Bon et bien alors, pourquoi ne pas essayer les arts, et pourquoi ne pas rejoindre les Forces en tant qu'officier des blindés? Et j'ai dit, « OK je vais essayer », et ensuite tout est tombé plus ou moins en place. Mais vraiment, après les difficultés de la première année, j'ai vraiment commencé à m'épanouir dans l'environnement du collège militaire, et comment le système fonctionnait, ça c'était entre 1975 et 1979 alors que je fréquentais l'université, j'ai passé deux ans à Royal Roads à Victoria, en Colombie-Britannique.

[00:07:26 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Il a étudié au collège militaire Royal Roads et au Collège militaire royal de Saint-Jean, où; il a obtenu un baccalauréat en administration des affaires en 1979 »]

[00:07:31 Une photo du Collège militaire royal de Saint-Jean est affichée. Crédit: Droit d'auteur Victoriaedwards, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons"]

Et après ça, j'ai fréquenté le Collège militaire royal de Saint-Jean parce qu'ils offraient un programme en administration des affaires.

[00:07:35 Une photo de Walter Natynczyk du collège est affichée.]

Et j'étais, encore une fois, intéressé par les ressources humaines, la gestion, le leadership. Mais aussi, ils avaient une très bonne équipe de football, et je voulais laisser le rugby derrière moi et jouer au football, ce que j'ai fait; et pendant les mois d'été, j'ai suivi la formation de base des officiers, puis j'ai fait la formation pour devenir officier des blindés, essentiellement un commandant de chars.

[00:08:06 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Compte tenu des enjeux actuels de recrutement, croyez-vous que les Canadiens et Canadiennes considèrent encore l'armée comme une voie vers l'éducation et l'avancement professionnel? »]

J'ai toujours été du genre à voir le verre à moitié plein. J'ai été inspiré par les générations de Canadiens et Canadiennes qui se sont enrôlés dans les Forces armées canadiennes lorsqu'il y avait un grand besoin de soldats, et cette attitude fait vraiment partie de notre histoire quand on pense à tous ces grands conflits, la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, la Guerre de Corée, les missions de maintien de la paix et ma propre expérience en Afghanistan. J'ai été réellement inspiré par les dizaines de milliers de Canadiens qui se sont enrôlés et qui voulaient se dépasser, faire quelque chose d'important. Et aussi, j'ai vu des Canadiens et Canadiennes s'enrôler parce que les Forces avaient reçu une nouvelle pièce d'équipement, un nouveau type d'aéronef, un nouveau navire, et ils voulaient servir sur cet aéronef, sur ce navire, et j'ai vu aussi, je vais utiliser l'exemple de l'Afghanistan, des gens s'enrôler dans les Forces armées dès l'âge de 17 ans, même des grands-parents qui s'enrôlaient alors qu'ils étaient dans la cinquantaine parce qu'ils voulaient faire partie de l'aventure, parce qu'ils voulaient prouver quelque chose à eux-mêmes et aux autres. Au plus fort de la campagne afghane, le recrutement avait augmenté de 10 % dans l'ensemble des Forces armées au pays, sauf dans deux provinces, le Québec et l'Alberta, où; le recrutement avait augmenté de 15 %. Alors, je suis vraiment optimiste et je crois que, dans les bonnes conditions, les Canadiens s'enrôleront si le besoin est là, et s'ils voient qu'ils peuvent faire partie de quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes.

[00:09:59 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Parlez-nous un peu plus de votre expérience de combat? »]

Donc, ma première exposition à, appelons ça le conflit, ça a été en tant que capitaine, au sommet de cette colline à Chypre, en février 1989, Stavros Hill.

[00:10:13 Le texte suivant apparaît à l'écran : « En 1986, il commence une affectation régimentaire de cinq ans à Petawawa, où; il occupe plusieurs postes d'état-major et commandement d'escadron; cette affectation comprend six mois de missions de maintien de la paix de l'ONU à Chypre » avec une photo des femmes rentrant chez elles.]

Et les femmes revenaient à la maison, et nous venions tout juste de quitter Petawawa en Ontario, en février aussi. Il faisait moins 25 à Petawawa. Après seulement sept jours, nous étions maintenant au sommet de cette colline, Stavros Hill sur l'île de Chypre. Là il faisait 88 Fahrenheit, et nous sommes ici, en rang serré, en tant que bérets bleus des Nations Unies, pour empêcher la police anti-émeute turque de matraquer les civils grecs derrière nous, et je ressens le choc de l'aiguillon à bovins électrique d'un policier turc, et je suis assommé, je m'écroule, puis je reprends mes esprits et je me relève, et je dis au gars, « Donne-moi l'heure juste, il faut que tu fasses mieux que ça mon pote, parce que nous, nous allons tenir la ligne ici. Et en même temps, il y a des armes partout, c'est le chaos total. C'était mon premier contact avec le conflit, et il y en a eu plein d'autres à Chypre. Plus tard, je me suis retrouvé en Bosnie.

[00:11:21 Le texte suivant apparaît à l'écran : « En mai 1994, M. Natynczyk entame une mission d'un an auprès des Nations unies en ex-Yougoslavie en tant que chef des opérations du secteur sud-ouest en Bosnie, puis en tant que chef des opérations terrestres au quartier général de la Force de protection des Nations Unies à Zagreb, en Croatie » avec une photo de militaires.]

Je suis en quelque part en Bosnie-Herzégovine, nous sommes en mai, juin 1994.

[00:11:37 Le texte suivant apparaît à l'écran : « En juin 1995, il est nommé vice-chef d'état-major de la Défense au quartier général de la Défense nationale à Ottawa, en Ontario. Par la suite, il commande son régiment pendant deux ans, dirigeant le Royal Canadian Dragoons lors d'opérations nationales dans la région d'Ottawa durant le tempête de verglas de 1998 » avec d'une photo de militaires se tenant à l'extérieur du quartier général du commandement de Bosnie-Herzégovine, secteur sud-ouest.]

Et j'ai été affecté à un quartier-général des Nations Unies, encore une fois en tant que béret bleu, et le quartier-général du secteur Sud-Ouest est en plein milieu de la zone de conflit. Alors, à moins d'un kilomètre du QG, il y a cette ligne de démarcation entre les Serbes de Bosnie et les Bosniaques, qui sont musulmans.

[00:11:54 Le texte suivant apparaît à l'écran : « En 1998, il retourne en Bosnie en tant que commandant du Contingent canadien. A son retour a Ottawa en mars 1999, il est nommé J3 Plans et opérations et supervise alors les déploiements au Kosovo, en Bosnie, au Timor oriental et en Érythrée. »]

Il y a des champs de mines partout autour, on est sous bombardement constant et il y a des échanges de tirs apparemment partout autour de nous, alors je communique avec mon QG supérieur et je dis, « Je veux juste mentionner qu'on est au milieu de cette fusillade et que nous recevons des tirs directs », et le QG supérieur me répond, « Hé Walt, tu vas juste devoir gérer ça toi-même, parce qu'ici à Sarajevo, en ce moment nous sommes cachés sous nos bureaux parce que nous sommes bombardés encore une fois. Quelques semaines plus tard, je dois aller à une réunion à Sarajevo et un pilote français se pose à mon QG dans un petit hélicoptère, un hélicoptère léger Gazelle; moi je pensais qu'on allait directement à Sarajevo, et là le pilote me dit, « Je veux juste m'assurer que vous devez vraiment aller à Sarajevo, parce que l'aéroport est fermé, notre aéroport de remplacement est le stade olympique, mais il est constamment sous le feu de tireurs embusqués, alors le seul endroit où; nous pouvons atterrir, c'est le terrain de tennis à l'arrière du bâtiment de la compagnie de téléphone, et ensuite vous allez devoir sauter dans un véhicule blindé et suivre l'allée des francs-tireurs (Sniper Alley) jusqu'au quartier général; alors je veux juste m'assurer que ce n'est pas simplement du tourisme militaire » (rires), et j'ai dit, « Hé, écoute, là, si je veux y aller c'est vraiment parce c'est nécessaire. Et effectivement, nous sommes arrivés à destination sans histoire, le pilote était extrêmement compétent. Il a posé son hélicoptère au centre d'un terrain de tennis. J'ai sauté dans un véhicule de reconnaissance blindé de l'Armée française et nous avons pris la route en direction de Sarajevo, et en effet il y avait des tirs partout autour. Quelques années plus tard, j'étais en Irak.

[00:13:30 Le texte suivant apparaît à l'écran : « En janvier 2004, il est déployé avec le 3e Corps à Bagdad, en Irak, d'abord en tant que directeur adjoint de la stratégie, de la politique et des plans, puis comme général commandant adjoint du Multi-National Corps – Iraq pendant l'opération Iraqi Freedom » avec une photo de Walter Natynczyk vêtu d'un équipement militaire.]

C'était en 2004. J'ai passé une année entière en Irak, de janvier à décembre, et je me souviens encore de ma rencontre avec le général Petraeus, Dave Petraeus.

[00:13:43 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Il a ensuite été décoré de la Meritorious Service Cross (Croix du service méritoire) pour ses efforts au combat dans le cadre de l'opération Iraqi Freedom, de janvier 2004 à janvier 2005. »]

Sa division était dans le nord du pays et nous sommes en visite, et un dimanche matin, un beau dimanche matin, agréable et tranquille, nous montons à bord d'un hélicoptère. Et puis nous décollons. Et juste avant le décollage, j'avais discuté avec un groupe d'aumôniers qui étaient là pour le service du dimanche, et nous avions visité toutes les unités aux alentours, parce que j'étais responsable de l'ensemble des unités d'appui tactique. J'avais environ 35 000 soldats américains sous ma responsabilité à ce moment. Donc, j'étais responsable d'une grande partie de la logistique, de l'ingénierie, des hôpitaux, des relations entre militaires et civils, etc. Alors nous avons visité comme ça chacune de ces unités dont j'étais responsable. Une fois arrivés à l'hôpital, nous entrons et nous constatons qu'ils sont en train de gérer l'arrivée de pertes massives. Ce qui était arrivé, c'est qu'au moment où; nous décollions, la base a reçu des tirs ennemis et le groupe d'aumôniers et leurs assistants a été touché, et à notre arrivée c'est eux qui étaient sur les tables d'opération. Donc, mon opinion sur le combat, c'est que c'est vraiment comme une loterie. Vous êtes là et vous espérez simplement que tout va bien se passer. Vous faites de votre mieux et vous vous concentrez sur la mission.

[00:14:50 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Qu'est-ce qui motive une personne comme vous à consacrer ainsi sa vie au service de l'autre, surtout quand on connait les risques que comporte la vie de militaire? »]

Encore ici, je veux relier ma motivation, mon inspiration, à mon père et à ma mère et leur amour pour le Canada, parce que le Canada leur a donné un foyer après des circonstances extraordinaires, la privation, les difficultés qu'ils avaient vécues en Europe pendant la guerre. Mon père a combattu pour l'Armée polonaise libre, et ma mère a servi dans l'Armée de l'air allemande. Alors, pendant la Seconde Guerre mondiale, ils étaient combattants ennemis, pour ainsi dire; mais le fait est que le Canada a accueilli mes parents et leur a offert un nouveau foyer. Alors donc, j'ai ce sens du service. C'est mon but personnel. Et donc, alors que j'avançais dans ma carrière… et vraiment, je n'avais jamais pensé que je deviendrais général, je pensais que mon potentiel était au grade de capitaine et que c'était plus ou moins mon objectif, être capitaine (rires), mais pleins de choses sont juste survenues, mais il est resté cette notion de redonner au pays. Comme je l'ai mentionné plus tôt, parce que j'ai vécu ces expériences au cours de différentes opérations, je crois qu'une fois que vous comprenez ce que la personne la plus junior de votre organisation fait, un peu comme mon père qui avait été un simple soldat, si vous comprenez son contexte, vous pouvez l'aider à réussir. Dans cette situation vous êtes en mesure de lui donner les outils, lui donner les ressources, lui donner l'orientation nécessaire, lui donner la souplesse nécessaire pour accomplir sa mission avec succès, et c'est ce que j'ai essayé de faire à tous les grades que j'ai occupés, tout particulièrement à cause de ces expériences de combat. Et après avoir déclaré le succès à un rang junior, j'ai réalisé que le succès, ce n'était pas du tout à propos de moi. Le succès, c'était en fait de pouvoir assurer le succès de la mission même avec les personnes les plus juniors de l'organisation.

[00:16:57 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Est-il vrai qu'il devient difficile de travailler avec les personnes de rang supérieur à compter d'un certain niveau? »]

Donc, comme je l'ai déjà mentionné, ayant été membre des Cadets de l'Air, j'avais toujours mis la notion d'atteindre le grade de capitaine sur un piédestal. Dans les Cadets de l'Air, les Cadets de l'Armée, les Cadets de la Marine, en règle générale le poste de commandant est assumé par un capitaine, donc pour nous c'était le grade le plus important. Des années plus tard, je suis maintenant capitaine, j'ai atteint le succès. Mais pourtant, j'avais vu certains de mes pairs être promus plus rapidement, pour ainsi dire, au grade de major, et certains parmi eux donnaient l'impression d'être arrogants, qu'ils avaient ce privilège, et je me rappelle encore maintenant comment un en particulier exigeait une voiture d'état-major parce qu'il avait maintenant le grade de major; mais alors qu'ils étaient officiers subalternes comme moi, élèves-officiers, sous-lieutenants, lieutenants, capitaines, vous pouviez partager vos opinions les plus intimes avec eux, vous pouviez leur faire confiance, vous pouviez compter les uns sur les autres, et c'était formidable. Lorsqu'ils ont atteint ce grade de major, et des grades supérieurs, à mon avis c'est devenu vraiment difficile de travailler avec eux. Alors, en février 1987, je participais à un exercice dans l'Arctique, à Iqaluit, le froid était vraiment intense.

[00:18:15 Une photo de Walter Natynczyk en exercice à Iqaluit est affichée.]

À un moment donné, il faisait moins 104, tellement froid que l'avion sur lequel prenaient place notre commandant – un brigadier-général – et la brigade de la base de Petawawa, et aussi ce général, le général Kent Foster, qui, en passant, allait être plus tard promu au grade de « trois étoiles » et par la suite deviendrait sous-ministre de la Santé, et j'ai raconté cette histoire devant lui et il a confirmé que c'était exactement ce qui s'était passé, mais il est resté coincé avec nous à Iqaluit après que l'avion soit tombé en panne. Le froid était si intense que le pare-brise s'était fissuré. Alors nous nous sommes rendus à ce qui était, je suppose, le seul établissement social d'Iqaluit à l'époque. Ça s'appelait la Légion. Et après quelques verres, nous avons eu une discussion très ouverte et j'ai eu le courage de dire, « Général, à quel grade un officier devient-il un con ?» Et il dit, « Que voulez-vous dire? » Et là j'ai en quelque sorte exposé ce que j'expliquais tantôt, qu'alors qu'ils étaient officiers subalternes ils étaient de bons collègues, et soudainement ça devient vraiment difficile de travailler avec eux, ils deviennent des crétins; alors à quel grade?

Et après juste une nanoseconde, en un clin d'œil, il répond, « Lieutenant-colonel ». Je me suis dit, « Mais pourquoi? » Il a expliqué que, jusqu'à ce point, le grade juste précédent, c'est l'équipe qui est importante, mais lorsqu'on atteint le grade de lieutenant-colonel, ce n'est plus l'équipe qui est importante, c'est l'officier lui-même – et vraiment, j'ai raconté cette histoire devant de nombreux membres de la fonction publique et pour moi ça équivaut à un poste de directeur. Et le général continue en expliquant que ces officiers deviennent ambitieux et que tout devient alors centré sur eux et sur leur ascension jusqu'au sommet. Et ensuite il a ajouté quelque chose qui m'a semblé vraiment important. Je le rappelle, tout ça c'est dans le contexte de 1987. Il a dit, « En fait il y a des généraux trois étoiles qui n'obtiendront jamais leur quatrième étoile et qui considèrent leur carrière un échec », et j'ai beaucoup réfléchi à ce commentaire, et c'est pourquoi j'ai décidé à ce moment-là que j'avais atteint le succès. Et en y repensant, je sais de qui il parlait, dans ce contexte de 1987. Et en tant que chef de la Défense, j'ai vécu exactement ce problème, où; des officiers mettaient leur propre ambition, leur propre ego, avant l'équipe, et parfois avant les valeurs.

[00:20:58 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Que signifie le leadership pour vous? »]

Pour moi, le leadership signifie être le meilleur exemple possible pour permettre aux autres de réussir à atteindre un objectif plus large.

[00:21:14 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Quel est le rôle du chef d'état-major de la Défense dans les Forces armées canadiennes? »]

[00:21:27 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Le 6 juin 2008, le premier ministre Stephen Harper a nommé Walter Natynczyk chef d'état-major de la Défense » accompagné d'une photo de Stephen Harper, Walter Natynczyk, Peter MacKay et un homme non identifié.]

L'état-major de la Défense est une organisation en perpétuel mouvement qui reçoit des directives, des orientations stratégiques et des orientations nationales du premier ministre à l'appui du ministre qui est responsable des opérations quotidiennes des Forces armées canadiennes.

[00:21:36 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Le 16 février 2012, à Washington, le général Martin Dempsey, président des chefs d'état-major des États-Unis, lui a présenté la Legion of Merit (Légion du mérité). » Crédit: Droit d'auteur US Mission Canada, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons]

En étroite collaboration avec le sous-ministre, qui est l'administrateur des comptes, et donc responsable non seulement des finances, mais aussi des politiques et de toutes les autres activités de soutien aux opérations des Forces armées canadiennes.

[00:21:48 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Walter Natynczyk a pris sa retraite des Forces armées canadiennes en décembre 2012 pour faire carrière dans la fonction publique. »]

En collaboration également avec les autres sous-ministres de la communauté, en particulier ceux qui ont un intérêt ou un mandat en matière de défense, de sécurité, de renseignement et d'affaires étrangères, et en faisant le lien entre tout cela et les personnes les plus subalternes de l'organisation. J'ai passé beaucoup de temps hors du pays. Je me suis rendu en Afghanistan à une vingtaine d'occasions parce que la situation changeait tellement rapidement et parce que c'était notre opération majeure, mais j'ai aussi passé du temps sur nos navires, avec nos équipages. J'ai visité nos escadrons de la Force aérienne à la fois sur leurs bases et dans le cadre de déploiements au pays, que ce soit de déployer des sacs de sable dans une zone inondée par exemple, mais il fallait que je sois en mesure d'évaluer et de comprendre les besoins des personnes les plus juniors, et de leur donner l'occasion de discuter avec moi, et puis ensuite de pouvoir condenser tout ça pour aller rencontrer le premier ministre, et pendant cette période, oui j'avais accès au premier ministre, un accès direct, et pour l'informer des activités des Forces armées canadiennes et expliquer ce que nous faisions en dehors de nos opérations, qu'il s'agisse de l'acquisition d'équipement, de la gestion du personnel, de la transformation de la force, avec le soutien de mon ministre, encore une fois avec un sous-ministre bien informé. La surprise est un grand principe des opérations militaires.

Ce n'est vraiment pas une bonne idée que d'utiliser la surprise avec vos amis, avec votre patron, avec un subalterne; donc encore une fois, la communication étant importante, mais j'essayais de faire le pont entre le premier ministre et l'officier le plus junior, et de même mais à l'inverse pour informer le premier ministre, et ce cycle de communication et d'information se déroulait en continu parce que je ne pouvais jamais prédire ce qui se passerait ensuite. À cette époque, non seulement l'Afghanistan était une énorme opération pour nous, mais nous avions également eu les Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, où; nous avions soutenu la province de la Colombie-Britannique et les forces de police avec 5 500 autres hommes et femmes des Forces armées. Nous avons eu l'opération en Libye, l'opération de l'OTAN en Libye, et tout un tas d'autres, le tremblement de terre en Haïti, nous avons eu plus de 2 000 hommes et femmes soutenant l'opération en Haïti, rassemblant beaucoup d'information en prévision de ce qui pourrait se produire à l'avenir. En tant que chef, j'étais perpétuellement en déplacement et j'informais toujours les gens.

[00:24:41 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Pouvez-vous comparer l'environnement dans lequel évoluaient les Forces armées canadiennes à l'époque et les enjeux auxquels elles sont confrontées aujourd'hui? »]

En 1979, j'ai obtenu ma qualification de chef de troupe de chars.

[00:24:58 Une photo de Walter Natynczyk en tant que chef de troupe de chars est affichée.]

Donc, quatre chars, avec moi, 16 soldats en service pour l'OTAN. À l'époque, on l'appelait encore l'Allemagne de l'Ouest, et je me souviens quand, à la même époque, les Soviétiques sont entrés en Afghanistan et nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite. Alors, en réaction, nous avions tous été déployés dans nos zones de combat. Et aussi chaotique qu'elle pouvait être, quand j'y repense maintenant, c'était une période de tension, mais une tension prévisible entre le Pacte de Varsovie et l'Occident. Et maintenant, dans le présent, le monde est très instable. Je dirais qu'avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, les tensions en Asie du Sud-Est, le monde est beaucoup plus volatil. Et avec la prolifération des armes nucléaires, des armes chimiques, je dirais que l'incertitude a augmenté et donc que les risques ont augmenté. Je pense que la situation est aussi très ambiguë, plus qu'à mon arrivée. Alors je pense que la situation mondiale est très dangereuse. Je pense que les Forces armées canadiennes auront l'équipement que le gouvernement du Canada va lui donner avec l'appui de la société civile. Alors c'est quelque chose que le gouvernement du Canada doit solutionner. Je dirais simplement que le besoin est immense et que notre capacité de prédire ce qui va se passer dans le futur n'existe plus. Alors c'est une période extrêmement troublante.

[00:27:00 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Qu'avez-vous fait après avoir servi dans les Forces armées canadiennes? »]

Donc, en tant que chef de la Défense, encore une fois, j'ai eu accès au premier ministre et il m'a demandé ce que j'aimerais faire après mon service, ce que j'ai trouvé formidable, je veux dire, très gentil pour lui de demander, et j'ai dit que j'aimerais vraiment être sous-ministre des Anciens Combattants, et il m'a demandé pourquoi. J'ai répondu, « En servant, j'essaie de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre la réussite de ces hommes et ces femmes qui mettent leurs vies en danger pour le pays, et les ramener à la maison et à leur famille. Ce qui m'inquiète vraiment, c'est qu'une fois qu'ils sont rentrés à la maison après leur service et qu'ils ont retiré l'uniforme, avons-nous fait tout ce qui était possible pour leur permettre de réussir leur transition vers la société civile et de continuer à contribuer au Canada? Je m'inquiétais toujours du nombre de gens que nous soutenions en Afghanistan, en Libye ou en Haïti, et j'en ai perdu tellement en raison de la santé mentale et du suicide ici au Canada. Et donc, je voulais… je voulais avoir l'occasion de soutenir ces hommes et ces femmes et leur transition. » J'ai été surpris lorsque j'ai reçu l'appel, et c'était en fait le greffier, pour m'annoncer qu'ils voulaient que j'assume la fonction de président de l'Agence spatiale canadienne.

[00:28:38 Un Communiqué de presse du 14 juin 2013 intitulé « Le PM annonce des changements aux échelons supérieurs de la fonction publique » est diffusé. Le texte suivant apparaît à l'écran : « Le 6 août 2013, il est nommé président de l'Agence spatiale canadienne. »]

Et il me semble que j'ai répondu, « Spatiale? Vous êtes sûr? Vous parlez à Walt Natynczyk, qui a un diplôme en administration des affaires mais qui en réalité, comme mes professeurs le savent très bien, est diplômé en rugby et en football. »

[00:28:51 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Il devient le neuvième sous-ministre d'Anciens combattants Canada le 3 novembre 2014. Il a pris sa retraite de la fonction publique en 2021. »]

Et il a répondu, « Et bien, oui ». Et en fait, vraiment c'a été très bien pour moi. J'ai aimé l'Agence spatiale canadienne, où; j'évoluais dans un environnement saturé par des manifestations extraordinaires d'innovation, d'intelligence, de capacité et d'imagination, et où; j'ai pu prendre la mesure de l'importance pour le Canada de l'espace et de son utilisation.

[00:29:18 Le texte suivant apparaît à l'écran : « Quels conseils donneriez-vous à un ou une fonctionnaire qui amorce tout juste sa carrière? »]

Je tiens à les remercier pour leur service. Il existe de nombreuses façons de servir le Canada. Certaines personnes portent l'uniforme des Forces armées. Certaines personnes deviennent policier, pompier, premier répondant. Certaines personnes choisissent une profession dans le domaine médical, d'autres choisissent le secteur privé où; ils contribuent à la vigueur économique du pays, et d'autres encore offrent leur leadership et un soutien essentiel à la population canadienne d'un océan à l'autre. Nous servons tous, chacun à notre façon. Et je dois vous dire que j'ai respecté les valeurs de la fonction publique alors que j'étais sous-ministre, et j'aimerais évoquer ces valeurs parce que peu importe votre position dans la structure, si vous respectez ces valeurs de la fonction publique, vous ferez des contributions extraordinaires à la population canadienne. La notion de respect pour les démocraties, pour les personnes, pour l'intégrité, pour l'excellence et pour l'intendance. Bon, j'ai pris ma retraite il y a trois ans et alors il est toujours possible que quelqu'un ait modifié ces valeurs depuis, mais la réalité est que je les ai toujours respectées. Et certainement, à l'Agence spatiale et aux Anciens Combattants, j'ai discuté de ces valeurs avec les employés les plus subalternes, avec qui, d'ailleurs, je marchais dans leurs espaces de bureaux, m'asseyais dans leurs cubicules et les remerciais de leur service, et c'est ce que j'aimerais faire aujourd'hui. Bon travail.

[00:30:57 Le logo de l'EFPC apparaît à l'écran.]

[00:31:04 Le logo du gouvernement du Canada apparaît à l'écran.]

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